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Énergie : L’Algérie consolide sa position sur le marché européen

L’Algérie consolide sa position de partenaire énergétique privilégié de l’Union européenne.

Le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, Mohamed Arkab, a reçu mardi l’ambassadeur de l’UE en Algérie, Diego Mellado, pour des entretiens portant sur le renforcement de la coopération bilatérale dans les secteurs des hydrocarbures et des mines, confirmant ainsi la volonté d’Alger d’intensifier ses liens stratégiques avec Bruxelles dans un contexte géopolitique et énergétique mondial en pleine recomposition. La rencontre, qui s’est tenue au siège du ministère en présence de la secrétaire d’État chargée des Mines, Karima Bakir Tafer, et de cadres du secteur, a permis selon le communiqué officiel d’examiner « l’état et les perspectives de la coopération entre l’Algérie et l’UE, ainsi que les moyens de la renforcer dans le cadre du dialogue stratégique dans le domaine de l’énergie, notamment dans ceux des hydrocarbures et des mines ». Les deux parties ont passé en revue « les progrès réalisés dans la coopération énergétique, particulièrement en ce qui concerne l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel, le développement des gisements pour accroître les capacités de production, ainsi que la coopération dans les technologies modernes visant la réduction des émissions, la diminution de l’empreinte carbone et le développement de projets de captage du carbone et de protection de l’environnement », précise la même source. Un axe majeur des discussions a concerné le développement de l’hydrogène dans le cadre du projet SoutH2 Corridor reliant l’Algérie à l’Europe via l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche. Le communiqué indique que les échanges ont également porté sur « les opportunités d’investissement dans le secteur minier en Algérie et sur l’établissement de partenariats mutuellement bénéfiques avec les entreprises européennes, en insistant sur le transfert de connaissances, la formation et l’utilisation des techniques modernes, notamment dans les domaines de la recherche, de l’exploration, de la transformation et de la valorisation des ressources minières, outre les éléments de terres rares et les minéraux stratégiques ».

Attirer les investisseurs européens

À cette occasion, Mohamed Arkab a affirmé que « l’Algérie appelle les entreprises européennes à renforcer leur présence sur le marché national, à travers l’investissement dans les secteurs des hydrocarbures et des mines », soulignant selon le communiqué que « les récentes réformes juridiques et réglementaires engagées dans ces deux secteurs ont permis d’instaurer un climat d’investissement favorable et transparent, propice au développement de partenariats et attractif pour les investisseurs étrangers ». De son côté, l’ambassadeur Diego Mellado a exprimé « sa satisfaction du niveau du dialogue stratégique entre l’Algérie et l’UE dans le domaine énergétique, et l’intérêt croissant des entreprises européennes pour le marché algérien, saluant le rôle de l’Algérie en tant que partenaire fiable dans la garantie de la sécurité énergétique européenne », indique le communiqué. Le diplomate européen a également manifesté « la volonté de l’UE de renforcer la coopération dans les domaines de la production d’hydrogène vert et bleu, ainsi que l’exploitation des minéraux stratégiques et leur transformation au service des industries, notamment celles liées aux énergies renouvelables ».

Le poids stratégique de l’Algérie

Ces entretiens bilatéraux interviennent dans un contexte où les données du marché énergétique confirment l’importance croissante de l’Algérie pour l’approvisionnement européen. Selon le rapport mensuel du Forum des pays exportateurs de gaz publié lundi, l’Algérie représente 21% des importations européennes de gaz par gazoducs durant les 9 premiers mois de 2025, se positionnant comme le deuxième fournisseur de l’Union européenne après la Norvège qui détient 60% des parts. Le même rapport indique que les exportations algériennes vers l’Espagne et l’Italie ont enregistré une hausse respective de 3% et 0,3% sur cette période. Au-delà du gaz, l’Algérie entend s’imposer comme un acteur majeur dans le marché européen naissant de la transition énergétique en diversifiant ses exportations vers l’UE pour s’élargir à l’électricité grâce au projet Medlink et l’Hydrogène via le SoutH2 Corridor.

Concernant le projet SoutH2 Corridor évoqué lors de la rencontre, rappelons qu’une déclaration d’intention commune a été signée en janvier 2025 à Rome par les ministres de l’Énergie de l’Algérie, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Tunisie. Ce projet d’hydrogénoduc de 3.300 kilomètres vise à transporter 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an depuis l’Algérie vers l’Europe centrale. Parallèlement, l’Union européenne a validé en juillet 2025 le projet Medlink, une interconnexion électrique sous-marine de 2.000 mégawatts entre l’Algérie et l’Italie via la Tunisie, inscrit sur la liste des 13 projets transfrontaliers prioritaires de l’UE dans le domaine des énergies renouvelables. Selon la présentation publiée par la Commission européenne sur la plateforme Global Gateway, cette infrastructure dont le coût est estimé par le média spécialisé HVDC World à 5 milliards d’euros, permettra d’exporter 28 térawattheures d’électricité verte par an vers l’Italie et pourrait réduire de 8 millions de tonnes les émissions annuelles de CO2 en Europe. Le ministre Mohamed Arkab avait déclaré que cette capacité d’exportation équivaut à environ 8% de la consommation annuelle d’électricité de l’Italie, générant des revenus bruts potentiels compris entre 1,5 et 2 milliards d’euros annuels pour l’Algérie, selon les estimations basées sur les prix récents du marché européen. Pour soutenir ces projets d’exportation, le programme national  de développement des énergies renouvelables prévoit l’installation de 15.000 mégawatts de solaire photovoltaïque d’ici 2035, dont 3.200 mégawatts sont déjà en cours de développement par Sonelgaz et la société mixte SHAEMS.

Samira Ghrib

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