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Hamas affiche sa détermination à respecter l’accord sur le cessez-le-feu

Deux semaines après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Ghaza, le chef du bureau politique du Hamas, Khalil Al-Hayya, a affirmé dimanche que le mouvement de résistance ne donnerait aucun prétexte à l’occupation pour reprendre la guerre, tout en dénonçant les violations continues de l’accord par l’entité sioniste qui a tué 45 Palestiniens depuis le 10 octobre et continue d’entraver l’acheminement de l’aide humanitaire. Dans un entretien accordé à la chaîne Al-Jazeera dimanche, Khalil Al-Hayya a dressé un bilan sans concession de deux années de guerre génocidaire contre la bande de Ghaza. « L’occupation a échoué à atteindre ses objectifs après deux ans de guerre », a-t-il affirmé. Le dirigeant du Hamas a également relevé les déclarations répétées de l’administration américaine confirmant la fin de la guerre, citant notamment le président Trump qui a proclamé que « la guerre était terminée ». Al-Hayya a insisté sur la détermination du Hamas à honorer ses engagements dans le cadre de l’accord de paix signé à Charm Al-Cheikh. « Nous ne donnerons pas à l’occupation de prétexte pour reprendre la guerre. Nous avons livré vingt otages de l’occupation vivants soixante-douze heures après le cessez-le-feu », a-t-il déclaré, démontrant la bonne foi du mouvement de résistance. Il a précisé que de nouvelles zones seraient explorées dimanche pour rechercher certaines dépouilles appartenant à des prisonniers de l’occupation, réaffirmant que le mouvement ne lésine pas sur les efforts pour respecter l’accord et exprime son engagement total quant à sa mise en vigueur. Cette position marque une évolution significative du Hamas sur la question sensible de l’armement de la résistance, longtemps considérée comme une ligne rouge non négociable. « Le maintien de nos armes est lié à l’existence de l’occupation sur le territoire et la continuation de l’agression. Si l’occupation prend fin, ces armes reviendront à l’État », a expliqué Al-Hayya, adoptant une posture plus flexible tout en conditionnant tout désarmement au retrait total des forces d’occupation de la bande de Ghaza. « La question des armes est toujours en discussion avec les factions et les médiateurs, et l’accord n’en est qu’à ses débuts », a-t-il ajouté, soulignant la complexité des négociations en cours.

Une administration palestinienne unifiée

Concernant l’administration future de la bande de Ghaza, le dirigeant du Hamas a fait preuve d’une ouverture remarquable. « Nous n’avons aucune réserve concernant la nomination d’une personnalité patriotique résidant à Ghaza pour gérer le territoire », a-t-il déclaré, ajoutant que le mouvement s’est mis d’accord avec les autres factions palestiniennes sur le fait que la mission de reconstruction de Ghaza revient à une entité onusienne. Al-Hayya a exprimé le souhait du Hamas d’organiser des élections comme prélude à l’unification des rangs nationaux palestiniens. Le chef du bureau politique a également révélé avoir eu des rencontres directes avec des membres de l’administration américaine. « J’ai dit à Witkoff et Kushner que nous étions des promoteurs de stabilité, et que le président Trump était capable de mettre fin à l’occupation israélienne », a-t-il confié.

Malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, la situation humanitaire à Ghaza demeure catastrophique. « Ghaza a besoin de 6.000 camions d’aide par jour, et non de seulement six cents », a martelé Al-Hayya, dénonçant les entraves continues imposées par l’occupation. « L’occupation retarde l’entrée de certains matériaux à Ghaza, comme si nous étions encore au milieu de la guerre. La question humanitaire nous inquiète et l’occupation continue d’entraver l’entrée de l’aide à Ghaza », a-t-il poursuivi, avertissant que ces violations inquiètent les gens et exposent l’accord à des défaillances. Le dirigeant du Hamas a lancé un appel pressant aux médiateurs pour qu’ils interviennent face à l’insuffisance criante de l’aide acheminée. Ces accusations trouvent écho dans les déclarations des organisations internationales présentes sur le terrain. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance a qualifié dimanche la situation humanitaire dans la bande de Ghaza de « choquante », révélant qu’« un million d’enfants ont subi des horreurs quotidiennes dans l’endroit le plus dangereux du monde ». L’UNICEF précise que plus de 64.000 enfants sont tombés en martyrs ou ont été blessés, plus de 58.000 autres ont perdu un parent depuis le déclenchement de l’agression le 7 octobre 2023. L’organisation a appelé l’entité sioniste à ouvrir immédiatement tous les points de passage menant à la bande de Ghaza pour assurer la libre circulation de l’aide vitale. L’ONG Médecins sans frontières a dénoncé avec force la continuation de l’utilisation de l’aide humanitaire comme moyen de pression par l’entité sioniste, en violation flagrante des termes de l’accord de cessez-le-feu. « L’aide humanitaire envoyée à la bande de Ghaza ne devrait en aucun cas être utilisée comme moyen de pression », a déclaré la coordinatrice du projet MSF à Ghaza, Caroline Willemen. Elle a noté que malgré une certaine diminution des agressions depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, « la situation humanitaire à Ghaza ne s’est pas améliorée de manière significative, car les pénuries d’eau et d’abris persistent et des centaines de milliers de personnes continuent de vivre sous des tentes à l’approche de l’hiver ».

L’occupation poursuit ses crimes en Cisjordanie

Pendant que l’attention internationale se concentre sur Ghaza, l’occupation poursuit sa politique de terreur en Cisjordanie. Al-Hayya a alerté sur la situation explosive dans les territoires occupés : « La Cisjordanie est sous l’emprise de la colonisation et nous avons un besoin urgent de réorganiser nos cartes ». Les statistiques sont accablantes : plus de 1507 Palestiniens ont été tués, 10.300 blessés et plus de 20.000 arrêtés, dont mille six cents enfants en Cisjordanie depuis le début de l’agression sur Ghaza. Les colons illégaux ont mené plus de 7.000 agressions contre des Palestiniens et leurs biens au cours des deux dernières années, entraînant la mort de 33 Palestiniens et le déplacement forcé de 33 communautés bédouines. Les attaques se poursuivent quotidiennement sous la protection de l’armée d’occupation. Vendredi soir, environ cinquante colons ont pris d’assaut le village d’al-Mughayir à l’est de Ramallah, incendiant quatre véhicules après avoir brisé les portes et portails des propriétés palestiniennes. Les forces d’occupation sont ensuite entrées dans le village, tirant des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes. Un habitant a mis en garde contre des agressions désormais « quasi quotidiennes, systématiques et coordonnées entre l’armée et les colons ». Face à cette réalité, Al-Hayya a réaffirmé que « la question des prisonniers est nationale et nous cherchons à mettre fin à la souffrance de tous », déplorant l’intransigeance de l’occupation concernant de nombreux noms de prisonniers. Le Hamas a également accepté la présence des Nations Unies comme force de séparation, de surveillance des frontières et de suivi du cessez-le-feu à Ghaza, démontrant une fois de plus sa volonté de créer les conditions d’une paix durable.

L.S.

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