CAN-2026 féminine : La CAF repêche quatre équipes éliminées
La Confédération africaine de football a décidé d’élargir la Coupe d’Afrique des nations féminine 2026 de douze à seize équipes, repêchant quatre sélections pourtant éliminées lors des qualifications : le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Mali et l’Égypte. Une décision qui fait jaser.
La nouvelle est tombée mardi comme un coup de tonnerre dans le monde du football africain. Alors que les éliminatoires de la CAN-2026 féminine venaient de se conclure en octobre dernier avec leurs lots de victoires arrachées et de rêves brisés, la CAF a choisi de réécrire le scénario. Dans un communiqué relayé par la Fédération ivoirienne de football, l’instance continentale a annoncé que « outre les douze pays qualifiés, au terme des deux manches du deuxième et dernier tour qualificatif, l’instance continentale a repêché quatre pays pour prendre part au prochain tournoi, sur la base du dernier classement mondial de la Fédération internationale ». Les quatre fédérations concernées ont été notifiées ce même mardi, pour la compétition prévue du 17 mars au 3 avril.
Cette décision administrative, présentée comme un élargissement naturel de la compétition, masque mal une réalité qui dérange : la CAF vient de bafouer le principe même de la compétition sportive. Parmi les repêchés figure le Cameroun, battu de manière indiscutable par l’Algérie lors des qualifications. Les Vertes algériennes s’étaient imposées au match aller au stade Miloud-Hadefi d’Oran sur le score de deux buts à un, avant de confirmer leur supériorité au retour en s’imposant un but à zéro au stade de la Réunification à Douala, soit un score cumulé sans appel de trois buts à un. Un double affrontement qui ne laissait aucune place au doute sur la hiérarchie entre les deux équipes.
Pourtant, les Lionnes indomptables se retrouvent miraculeusement qualifiées, non pas grâce à leurs performances sur le terrain, mais en vertu de leur position au classement FIFA. Le message envoyé est limpide et glaçant : dans le football africain version CAF, les résultats sportifs ne constituent plus le seul critère de sélection. La notoriété, le poids politique et économique d’une fédération pèsent désormais aussi lourd, sinon plus, que les victoires arrachées dans la sueur et l’effort.
L’affaire est d’autant plus problématique qu’elle intervient après la clôture des éliminatoires. Si la CAF souhaitait réellement élargir la compétition à seize équipes, pourquoi ne pas l’avoir annoncé avant le début des qualifications ? Pourquoi ne pas avoir organisé un tour supplémentaire ou un mini-tournoi de repêchage pour désigner sportivement les quatre équipes additionnelles ? En procédant ainsi, l’instance continentale donne l’impression d’un bricolage administratif de dernière minute, destiné à sauver quelques grandes nations du football féminin africain dont l’absence aurait terni l’affiche de la compétition.
Car il faut bien appeler les choses par leur nom : le Cameroun, la Côte d’Ivoire pays hôte, le Mali et l’Égypte ne sont pas n’importe quelles sélections. Ce sont des nations reconnues du football africain, dotées de fédérations influentes et de joueuses évoluant parfois dans les championnats européens. Leur présence garantit une meilleure visibilité médiatique, davantage de sponsors potentiels et un lustre supplémentaire à la compétition. Mais à quel prix pour la crédibilité du football féminin africain ?
Officiellement, la CAF justifie son choix par la volonté d’accroître la visibilité du football féminin africain. Un argument qui sonne creux quand on sait que cette visibilité se construit d’abord sur la crédibilité des compétitions et le respect de l’équité sportive.
Le football féminin africain connaît pourtant une ascension remarquable ces dernières années. Les performances des équipes africaines lors des Coupes du monde, l’émergence de joueuses de talent dans les championnats européens et l’intérêt croissant du public témoignent d’une dynamique positive. Cette évolution méritait mieux qu’une pirouette réglementaire qui brouille la frontière entre sport et politique sportive. La décision de la CAF pose une question fondamentale sur l’avenir des compétitions africaines : veut-on un football régi par des règles claires et équitables, ou un système où les arrangements de dernière minute deviennent la norme ?
Moncef Dahleb

