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Zohran Mamdani premier maire musulman de New York

Le candidat démocrate Zohran Mamdani, qui se définit comme socialiste, a été élu mardi 4 novembre maire de New York, devançant largement l’ancien gouverneur de l’État Andrew Cuomo et le républicain Curtis Sliwa. L’élu local de 34 ans deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des États-Unis, au terme d’une soirée d’élections locales marquée par plusieurs revers pour le président Donald Trump.

Dans son discours de victoire prononcé devant ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn, Zohran Mamdani a estimé que son élection marquait la victoire de l’espoir sur la tyrannie et montrait à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre. En cette période d’obscurité politique, New York sera la lumière, a lancé le jeune élu. Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans.  Le président américain, qui a fait de Zohran Mamdani l’une de ses nouvelles bêtes noires et a enregistré deux autres revers électoraux mardi soir, a rapidement réagi. Trump n’était pas sur les bulletins de vote et la paralysie budgétaire sont les deux raisons pour lesquelles les républicains ont perdu les élections ce soir, selon les sondeurs, a-t-il tenté de justifier sur son réseau Truth Social, citant des sondeurs anonymes.

Donald Trump avait tenté de s’immiscer dans la course en prenant parti, la veille du scrutin, pour le principal rival de Mamdani, l’ancien démocrate Andrew Cuomo, qui concourait comme indépendant. « Que vous aimiez personnellement Andrew Cuomo ou non, vous n’avez vraiment pas le choix. Vous devez voter pour lui et espérer qu’il fasse un travail fantastique. Il en est capable, Mamdani ne l’est pas », avait-il écrit lundi soir sur Truth Social.

Tout au long de la campagne, l’élu du Queens à l’Assemblée de l’État de New York a été attaqué pour son opposition très vive à la politique israélienne. Il est toutefois resté ferme sur ses positions, multipliant dans le même temps les manifestations de soutien à la communauté juive. En réponse aux attaques du président, Zohran Mamdani s’est de nouveau engagé dans son discours de victoire à bâtir une mairie qui ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l’antisémitisme. Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, Zohran Mamdani n’a jamais depuis quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui avait également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo. Signe de l’engouement pour le scrutin dans ce bastion démocrate qu’est New York, avant la fermeture des bureaux de vote, plus de deux millions d’électeurs s’étaient rendus aux urnes, soit la plus importante participation depuis près de soixante ans. Avant même l’ouverture des bureaux de vote mardi, quelque 735.300 électeurs avaient déjà voté par anticipation, soit quatre fois plus que lors de la dernière élection.

Né en Ouganda dans une famille d’intellectuels d’origine indienne, arrivé aux États-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani, membre du mouvement des Socialistes démocrates d’Amérique, a fait de la lutte contre la vie chère le cœur de sa campagne sous le credo de rendre New York abordable pour tous ceux qui ne sont pas riches, c’est-à-dire la majorité de ses 8,5 millions d’habitants. Si Donald Trump l’a qualifié de communiste, ses propositions, encadrement des loyers, bus et crèches gratuits, relèvent plutôt de la social-démocratie. Il a également fait campagne pour la mise en place d’épiceries gérées par la ville pour permettre d’abaisser les prix et une garde d’enfants universelle.

Son projet pour la ville aurait néanmoins un coût élevé. Selon le New York Times, la mesure sur la garde d’enfants coûterait six milliards de dollars, la gratuité des bus 800 millions de dollars et les épiceries municipales 60 millions de dollars, soit sept milliards de dollars de dépenses supplémentaires, plus que le budget de la police. Zohran Mamdani souhaite financer ces mesures en augmentant de 11,5 % les impôts sur les sociétés pour cinq milliards et de deux% l’impôt sur le revenu des habitants de la ville gagnant plus d’un million de dollars par an pour quatre milliards. Son équipe de campagne suggérait dans un tract controversé de transférer la charge fiscale vers les quartiers plus riches et plus blancs. Plusieurs de ces mesures devront avoir l’aval du gouverneur, ce qui rend leur application très incertaine. Accompagné de son épouse, l’illustratrice Rama Duwaji, le candidat démocrate a voté dans le Queens mardi. « Nous sommes sur le point d’écrire l’histoire, de dire adieu à la politique du passé », avait lancé le candidat aux journalistes présents. « Très populaire auprès des jeunes, Zohran Mamdani a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s’étaient éloignées de la politique, des électeurs frustrés par le statu quo, en quête de nouvelles personnalités », selon le politologue Costas Panagopoulos. « C’est une victoire locale qui offre un moyen de résister et repousser l’élite politique de Washington », a commenté un électeur de 40 ans, Ben Parisi.

« S’il y a bien quelqu’un capable de protéger New York face au président Trump, c’est moi », avait estimé Andrew Cuomo juste après avoir voté à Manhattan. « Si Zohran Mamdani devient maire, Donald Trump n’en fera qu’une bouchée », avait-il encore tenté, insistant comme il l’a fait durant toute la campagne sur l’inexpérience de son adversaire. Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s’il était élu, en s’opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville. Tandis que le président républicain a déployé l’armée dans plusieurs bastions démocrates comme Portland, Chicago et Washington, Zohran Mamdani a promis de s’opposer farouchement à sa politique anti-immigration et à sa guerre judiciaire contre ses ennemis politiques.

Après l’annonce des résultats, l’ancien président Barack Obama a commenté que l’avenir s’annonce un peu meilleur, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Les démocrates ont en effet remporté plusieurs autres victoires mardi, décrochant notamment les sièges de gouverneur en Virginie et dans le New Jersey, lors de scrutins qui faisaient figure de test après neuf mois de présidence Trump. Les Californiens ont également approuvé un redécoupage de la carte électorale qui sera favorable aux démocrates pour les élections de mi-mandat en 2026. La démocrate Abigail Spanberger, ancienne agente de la CIA de 46 ans, a été élue gouverneure de Virginie, devenant la première femme à sa tête. Cet État dirigé par le républicain Glenn Youngkin, qui ne pouvait pas se représenter, n’avait jamais voté pour Donald Trump à la présidentielle. Le limogeage de centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux décidé par Donald Trump et son ex-allié Elon Musk a particulièrement touché la Virginie, qui jouxte Washington et ses ministères. Dans le New Jersey, la démocrate Mikie Sherrill, ancienne pilote d’hélicoptère dans la marine américaine âgée de 53 ans, a également largement remporté son élection et deviendra la prochaine gouverneure de cet État de plus de neuf millions d’habitants. Les démocrates fument Donald Trump et les républicains extrémistes à travers le pays. Lyes Saïdi

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