Culture

Trois canons ottomans restaurés à El Kala : Préserver la mémoire maritime de l’Algérie

Trois canons datant de l’époque ottomane, témoins de la puissance maritime algérienne en Méditerranée, ont été récupérés et restaurés dans la commune d’El Kala. Ces pièces historiques, qui se trouvaient dans un état de quasi-abandon, seront réinstallées près du Fort du Moulin dans le cadre d’un projet de valorisation du patrimoine culturel et historique de cette ville côtière de la wilaya d’El Tarf. L’initiative de récupération et de restauration de ces canons a été lancée en 2024 par la direction de la culture et des arts de la wilaya d’El Tarf, en coordination avec les autorités locales. Azzedine Abdelkader, directeur de la culture et des arts, a expliqué que cette démarche s’inscrit dans une volonté de revaloriser le patrimoine matériel d’El Kala, une ville au caractère à la fois historique et touristique. Selon lui, ces canons constituent un élément essentiel de la mémoire collective locale et méritent d’être préservés et mis en valeur pour les générations futures. El Kala, ancienne place forte côtière, a joué un rôle stratégique important à travers les âges. Les trois canons récupérés illustrent cette dimension militaire et maritime qui a caractérisé la ville durant la période ottomane. Azzedine Abdelkader a souligné que « ces canons témoignent de l’importance stratégique d’El Kala en tant que site côtier fortifié, à travers les âges ». Leur réinstallation à proximité du Fort du Moulin, édifice jadis destiné à l’exploitation et à l’exportation du corail, n’est pas anodine. Ce choix répond à une logique de cohérence historique et symbolique, permettant de reconstituer un ensemble patrimonial cohérent qui raconte l’histoire de cette cité maritime. Ahmed Hamouda, conservateur du patrimoine culturel à la direction de la culture, a apporté des précisions techniques sur ces pièces d’artillerie. Il a indiqué que ces canons « se déclinent en trois types : deux canons de forteresse et un canon de navire, dotés d’une grande puissance de feu ».  Ces canons s’inscrivent dans un contexte historique particulièrement riche. Ahmed Hamouda a rappelé qu’en 1600, l’Algérie contrôlait le bassin méditerranéen grâce à sa flotte maritime ainsi qu’aux canons installés dans les forteresses côtières de la Méditerranée ou sur les navires. Cette domination algérienne sur la mer Méditerranée était telle qu’elle obligeait de nombreux pays européens à payer une taxe pour obtenir un droit de passage. La puissance de la marine algérienne de l’époque, souvent méconnue du grand public, a longtemps fait trembler les côtes méditerranéennes et imposé le respect aux grandes puissances maritimes de l’époque.

Le projet de mise en valeur de ces canons ne se limite pas à leur simple restauration physique. Des plateformes sont actuellement en cours de réalisation pour servir de socle à ces pièces historiques. Ces installations seront ultérieurement équipées de panneaux informatifs destinés à permettre aux visiteurs de découvrir l’histoire de ces canons et leur valeur culturelle. Cette dimension pédagogique est essentielle pour transmettre aux nouvelles générations la connaissance de ce patrimoine et l’importance qu’il revêt dans l’histoire nationale. Azzedine Abdelkader a par ailleurs révélé que la Direction de la culture et des arts de la wilaya d’El Tarf a recensé jusqu’à présent plus de 400 sites archéologiques à travers la wilaya. Le directeur a également souligné que les deux dernières années ont vu la classification de nouveaux sites pour la première fois depuis l’époque coloniale, reflétant ainsi l’intérêt croissant pour le patrimoine local et une prise de conscience collective de la nécessité de protéger ces vestiges. Pour Ahmed Hamouda, la réhabilitation de ces canons représente bien plus qu’une simple opération de restauration. Il s’agit d' »une valorisation d’une période historique de l’histoire de l’Algérie, d’autant qu’il s’agit de pièces racontant une période de puissance et de domination de l’Algérie sur la mer Méditerranée ». 

Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de préservation et de valorisation du patrimoine culturel algérien. Elle montre également que les autorités locales prennent conscience de l’importance de ces vestiges comme vecteurs d’identité culturelle et d’attractivité touristique. El Kala, déjà réputée pour son parc national et ses richesses naturelles, peut désormais compter sur un patrimoine historique restauré et mis en valeur pour renforcer son attractivité et son rayonnement culturel.

M.S.

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