Culture

Musée Ahmed-Zabana d’Oran : La calligraphie arabe à l’honneur 

C’est dans une atmosphère empreinte de spiritualité et de créativité que s’est ouverte samedi soir l’exposition dédiée à la calligraphie arabe au Musée Ahmed-Zabana d’Oran. Cet événement culturel, fruit d’un partenariat entre l’institution muséale et la galerie Kour spécialisée dans la calligraphie arabe, rassemble les productions de 19 calligraphes de renom qui ont contribué au rayonnement de cet art millénaire en Algérie et au-delà. Le choix des dates n’est pas anodin. L’exposition coïncide avec deux événements majeurs du calendrier culturel international : la Journée mondiale de l’art islamique et la Journée mondiale de la langue arabe. Cette programmation permet de mettre en lumière le patrimoine artistique et linguistique arabo-musulman dans toute sa richesse et sa diversité. Pour Hicham Sekkal, directeur du Musée Ahmed-Zabana, cette manifestation répond à un double objectif. D’une part, elle constitue « une opportunité pour réunir des figures majeures de la calligraphie arabe et exposer leurs expériences créatives ayant contribué à l’essor de l’école de l’art des lettres en Algérie ». D’autre part, elle permet de faire découvrir au grand public la vitalité d’une tradition artistique qui n’a cessé de se renouveler au fil des siècles.

Les cinquante œuvres exposées témoignent de la diversité des approches esthétiques et des influences qui traversent la calligraphie contemporaine. Noureddine Kour, directeur de la galerie éponyme, souligne que les créations présentées « révèlent un talent exceptionnel dans la composition du caractère et une maîtrise dans la fusion entre les écoles artistiques abstraite, réaliste, classique et de l’art des lettres, le tout dans un style attrayant conférant aux œuvres une dimension philosophique, spirituelle et artistique ». Cette capacité à conjuguer tradition et modernité, à faire dialoguer différents courants esthétiques, constitue l’une des caractéristiques majeures de l’école algérienne de calligraphie. Les artistes exposés ne se contentent pas de reproduire les canons classiques de l’art du lettrage, ils les réinterprètent, les enrichissent, y insufflent une sensibilité contemporaine tout en respectant les fondamentaux de cette discipline exigeante. Sur le plan formel, les œuvres déclinent des versets coraniques et des poèmes soufis, mêlant les règles traditionnelles de la calligraphie à des ornements raffinés. Les visiteurs peuvent apprécier des gradations subtiles de couleurs terreuses qui confèrent aux compositions une harmonie visuelle témoignant de la grande maîtrise technique des calligraphes algériens. Ces choix chromatiques, loin d’être gratuits, s’inscrivent dans une réflexion sur la matérialité de l’écriture et son rapport à la spiritualité.

L’ouverture de l’exposition a attiré un large public d’amateurs et de connaisseurs, venus découvrir ou redécouvrir la beauté de cet art ancestral. Pour accompagner la visite, une conférence a été donnée par Zahia Benabdallah, chercheuse au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques. Son intervention a porté sur l’esthétique de la calligraphie arabe et l’école houroufie, ce courant artistique qui fait de la lettre arabe un élément plastique à part entière, explorant ses potentialités graphiques et symboliques. Au-delà de l’exposition elle-même, la manifestation s’accompagne d’un programme d’activités culturelles et artistiques qui se déploiera jusqu’au 18 décembre. Le point d’orgue de cette programmation sera un atelier de calligraphie animé par Noureddine Kour lui-même, destiné aux étudiants du département des arts de l’Université d’Oran. Cette dimension pédagogique illustre la volonté des organisateurs de ne pas se limiter à une simple présentation d’œuvres, mais de favoriser la transmission des savoir-faire et des techniques à la jeune génération d’artistes.

Mohand S. 

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *