Ghaza, Sahara occidental et Mali : Des positions diplomatiques immuables
L’Algérie, membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, a réussi à imposer sa vision sur plusieurs questions sensibles, notamment la Palestine, le Sahara occidental et la crise malienne, démontrant son poids diplomatique et sa cohérence dans la défense des principes du droit international.
Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a tenu mardi une conférence de presse au siège de son ministère pour détailler les positions algériennes sur trois dossiers majeurs de la scène internationale et régionale. L’Algérie, membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, a réussi à imposer sa vision sur plusieurs questions sensibles, notamment la Palestine, le Sahara occidental et la crise malienne, démontrant son poids diplomatique et sa cohérence dans la défense des principes du droit international.
Ghaza : un amendement crucial pour la solution à deux États
S’agissant de la résolution américaine sur Ghaza, Ahmed Attaf a révélé que l’Algérie « est parvenue durant les négociations à introduire un amendement d’une extrême importance à cette résolution, un amendement qui stipule que l’objectif final de cette résolution est de réunir les conditions favorables pour ouvrir la perspective d’une solution politique au conflit israélo-palestinien et permettre au peuple palestinien d’établir son Etat indépendant et souverain ». Le ministre a insisté sur le fait que « la résolution adoptée ne porte absolument pas atteinte aux fondements d’une solution juste, durable et définitive au conflit israélo-palestinien, telle qu’approuvée par la communauté internationale et conformément aux résolutions pertinentes de la légalité internationale ». La résolution rappelle également toutes les résolutions antérieures du Conseil de sécurité relatives à la question palestinienne, lesquelles constituent la doctrine onusienne pour permettre au peuple palestinien d’accéder à ses droits légitimes et légaux, à travers la fin de l’occupation de ses territoires, la concrétisation de son projet national et l’établissement de son État indépendant et souverain. Selon Attaf, les objectifs fondamentaux de cette résolution s’inscrivent essentiellement dans le cadre des priorités urgentes de la phase actuelle, ou priorités de l’après-agression contre Ghaza, des priorités que l’Algérie n’a eu de cesse de défendre depuis le début de son mandat au Conseil de sécurité, trois mois après le déclenchement de l’agression sioniste contre Ghaza. Ces priorités portent notamment sur la consolidation de l’accord de cessez-le-feu, la garantie d’une protection internationale au peuple palestinien, la facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire à Ghaza sans restrictions ni conditions, et la préparation du terrain pour le lancement du processus de reconstruction. La résolution adoptée constitue une base contraignante permettant d’avancer vers la prise en charge de ces priorités urgentes, sans porter atteinte aux constantes du règlement de la cause palestinienne. Elle met l’accent sur la nécessité de respecter le cessez-le-feu et rejette toute justification ou prétexte à la reprise de l’agression israélienne contre Ghaza.
De manière inédite, la résolution établit une force internationale pour le maintien de la sécurité et de la stabilité dans la bande de Ghaza, ce qui constitue en soi une avancée notable dans l’histoire de la cause palestinienne en matière de protection internationale du peuple palestinien. La résolution réaffirme également le rejet du déplacement forcé, ainsi que le refus des plans israéliens visant à occuper Ghaza par la force militaire. Elle prévoit en outre la levée de toutes les restrictions entravant les efforts d’aide humanitaire destinés au peuple palestinien à Ghaza et ouvre la voie au lancement du processus de reconstruction.
Le ministre a souligné que depuis le début de son mandat au Conseil de sécurité, l’Algérie s’est engagée à coordonner toutes ses démarches, actions et initiatives avec ses frères palestiniens en particulier et avec ses frères arabes en général, adoptant la même approche durant les négociations autour du projet de résolution, en œuvrant en coordination totale avec l’ensemble des missions concernées à New York. L’Algérie ne saurait s’écarter de la position de ses frères palestiniens ni sortir du cadre du consensus arabe et islamique favorable au projet de résolution et appelant à son adoption par le Conseil de sécurité, et elle ne peut adopter une position contraire à celle qu’elle défend depuis le début, à savoir la nécessité d’adopter une résolution urgente et contraignante visant à mettre fin à toutes les formes de souffrance imposées au peuple palestinien à Ghaza.
Sahara occidental : le dossier reste ouvert
Concernant la question du Sahara occidental, Ahmed Attaf a affirmé avec force que le Conseil de sécurité n’a pas adopté les thèses marocaines et que le dossier n’est pas clos, restant soumis aux Nations Unies au niveau de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Comité spécial de la décolonisation. La résolution adoptée par le Conseil de sécurité a préservé, dans sa teneur, tous les fondamentaux de la solution à la question du Sahara occidental, sans toucher à aucun de ses éléments interdépendants et complémentaires. Outre la préservation des fondamentaux d’une solution juste, durable et définitive à la question du Sahara occidental, la résolution 2797 du Conseil de sécurité a réalisé des acquis majeurs permettant au Front Polisario de défendre sa position sur une base solide, pleinement ancrée dans la légalité internationale. Le premier acquis réside dans le renouvellement pour une année du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, cette mission étant chargée d’organiser le référendum d’autodétermination au Sahara occidental, comme sa dénomination l’indique expressément. Le deuxième acquis majeur concerne la levée du caractère exclusif de la proposition marocaine d’autonomie, qu’on a voulu consacrer comme unique base de négociations. Le troisième paragraphe opératoire de la résolution a grandement ouvert la voie au Front Polisario pour présenter ses visions et propositions dans le cadre du processus de négociations. Quant au troisième acquis, il réside dans le fait que la résolution ne se prononce pas d’avance sur la nature ou les résultats auxquels devraient aboutir les négociations, en laissant cela à un accord entre les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario.
Le ministre d’État a également évoqué le maintien par la résolution de la nécessité de tenir des négociations directes entre les deux parties au conflit, ainsi que la nécessité pour les deux parties de s’accorder sur la formule finale de la solution. La résolution a également maintenu l’impératif que la solution finale permette au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination, comme le mentionnent expressément deux paragraphes de la résolution. Attaf a fait remarquer que cette échéance avait fait l’objet d’une campagne de propagande qui n’est absolument pas étrangère au dossier du Sahara occidental, notant que les observateurs qui suivent ce dossier depuis le début savent pertinemment que le discours du dossier clos n’a rien de nouveau ou de récent, et que c’est une vieille rengaine ressassée à chaque fois que cette question est à nouveau soulevée devant différentes tribunes onusiennes, notamment le Conseil de sécurité.
Le ministre a par ailleurs affirmé que l’Algérie ne ménagera aucun effort pour soutenir toute initiative de médiation entre les deux parties au conflit, si elle s’inscrit dans le cadre onusien et repose, dans sa forme et sa teneur, sur les fondamentaux d’une solution juste, durable et définitive à la question du Sahara occidental, conformément à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La volonté de l’Algérie de contribuer au règlement du conflit au Sahara occidental est liée à son souci permanent de préserver la sécurité et la stabilité dans son voisinage, cette volonté reposant sur la conviction profonde du pays que sa sécurité et sa stabilité font partie intégrante de la sécurité et de la stabilité de son voisinage, de son environnement et de tous les espaces auxquels il appartient.
La situation au Mali inquiète
Sur la crise malienne, Ahmed Attaf a indiqué que le règlement passe par les voies pacifiques et politiques inclusives, soulignant que l’Algérie a toujours été l’un des plus fervents défenseurs de l’unité de l’État du Mali. Le ministre a précisé que ce que traverse aujourd’hui l’État du Mali, avec l’accroissement des menaces terroristes qui ont atteint des niveaux et une ampleur sans précédent, préoccupe, inquiète et attriste l’Algérie plus que quiconque. Il a souhaité que les responsables de ce pays prennent conscience que le règlement de la crise passe par les voies pacifiques et politiques inclusives, à travers un dialogue responsable et une réconciliation globale entre tous les enfants de ce pays, sans aucune distinction et loin de toute ingérence étrangère, qu’elle soit politique ou militaire.
Cette inquiétude n’est pas seulement due au fait que l’État du Mali se trouve dans le voisinage immédiat de l’Algérie, mais elle découle aussi de l’engagement historique de l’Algérie à se tenir aux côtés de ce pays dans toutes les épreuves et crises qu’il a traversées depuis son indépendance. L’Algérie a toujours été et demeure encore aujourd’hui l’un des plus fervents défenseurs et promoteurs de l’unité de l’État du Mali, avec son territoire, son peuple et ses institutions.
Salim Amokrane

