Quand « X » met à nu les armées numériques qui ciblent l’Algérie
La nouvelle fonctionnalité déployée par la plateforme X a agi comme un projecteur soudain braqué sur les coulisses troubles de la bataille informationnelle. En rendant visibles des données longtemps dissimulées – date de création des comptes, zone géographique du premier accès, historique des pseudonymes, et indice d’activité automatisée ou authentique –, le réseau d’Elon Musk a révélé l’existence d’une machinerie numérique coordonnée visant l’Algérie depuis des années.
Dès son activation, l’outil « À propos de ce compte » a bouleversé l’écosystème du débat en ligne. Il a mis au jour des modèles de publication répétitifs, des synchronisations suspectes et des discours uniformisés, caractéristiques de réseaux organisés opérant depuis l’étranger. Les premières analyses ont montré que le flux hostile le plus dense provenait de pays engagés dans des tensions politiques ou médiatiques avec l’Algérie : principalement le Maroc, mais aussi la France, les Émirats arabes unis et le régime sioniste. Plus surprenant, de multiples comptes affichant des localisations en Turquie ou au Qatar ont, eux aussi, été démasqués sans qu’un contexte politique direct n’explique leur présence dans ces campagnes. Pour contourner la transparence nouvelle de X, plusieurs profils ont tenté de masquer leur localisation à l’aide de VPN, apparaissant sous des indications vagues comme « West Asia ». Mais la manœuvre n’a pas suffi : certains comptes très actifs dans les attaques contre l’Algérie, jusque-là drapés dans de fausses identités, ont vu leurs origines réelles révélées en quelques secondes. L’exemple le plus commenté fut celui du pseudo « Bandar al-Tamimi », longtemps présenté comme un utilisateur saoudien multipliant insultes et provocations, et dont la localisation s’est finalement avérée… marocaine.
Les spécialistes du numérique rappellent que la plupart de ces comptes ne relèvent pas d’initiatives individuelles, mais de dispositifs structurés animés par des groupes organisés, parfois liés à des services de renseignement. Leur objectif : semer la discorde, amplifier les rumeurs, exploiter les zones grises et détourner l’attention publique. Plusieurs observateurs ont d’ailleurs constaté, après le déploiement de la fonctionnalité, la disparition soudaine de comptes suspects, dont les administrateurs semblaient prendre peur à l’idée d’être exposés.
Cet épisode a également mis en lumière un phénomène plus large : des comptes liés à des réseaux promouvant le projet sioniste, engagés dans la diffusion de narrations clivantes au sein du monde arabe. Les mots, les images et les micro-messages sont devenus des armes à part entière dans un champ de bataille numérique où les frontières géographiques n’existent plus.
La décision de X s’inscrit dans une série de mesures visant à limiter l’influence des faux comptes : extension du système de vérification, restriction de l’automatisation, et traçabilité accrue des activités suspectes. Plusieurs experts estiment que d’autres plateformes seront bientôt contraintes d’adopter des outils similaires pour freiner les opérations de désinformation. En Algérie, cette transparence inédite a permis de dévoiler l’ampleur des campagnes hostiles et de mieux cartographier les réseaux qui tentent d’influencer l’opinion publique. Elle ouvre aussi la voie à une prise de conscience collective sur les risques de manipulation en ligne, dans un contexte international où la protection de l’espace informationnel fait désormais partie intégrante de la sécurité nationale.
Hocine Fadheli

