Théâtre à l’Université : Vers un partenariat stratégique
La troisième saison du programme « Théâtre à l’Université » a été inaugurée lundi soir au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi d’Alger, en présence de la ministre de la Culture et des Arts, Mme Malika Bendouda, et du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Kamel Beddari. Les deux responsables ont plaidé pour un partenariat renforcé entre leurs secteurs afin de promouvoir l’activité théâtrale au sein des universités algériennes. Devant un parterre de personnalités artistiques et académiques, de responsables des secteurs culturel et universitaire, et des étudiants venus nombreux de différentes régions d’Algérie, cette soirée inaugurale a mis en valeur les clubs de théâtre créés au sein des universités sur l’ensemble du territoire national. L’événement témoigne de la volonté des pouvoirs publics d’insuffler une nouvelle dynamique à la création théâtrale universitaire et de faire de l’université un espace de rayonnement culturel. Dans son allocution, le ministre de l’Enseignement supérieur a salué l’expérience de ce programme, soulignant qu’il offrait « un espace dynamique pour la découverte de jeunes talents ». M. Beddari a rappelé que la jeunesse constituait « la pierre angulaire de la nouvelle Algérie et un moteur essentiel à la construction d’une société créative, fondée sur le Savoir ». Insistant sur la dimension culturelle de la mission universitaire, le ministre a expliqué que l’université n’était pas seulement « un lieu de production de connaissances académiques », mais aussi « un incubateur d’expression artistique et créative ». Il a ajouté que la promotion des activités culturelles était « conforme à la vision de son département », marquant ainsi l’engagement de l’Enseignement supérieur dans le développement des pratiques artistiques estudiantines. De son côté, la ministre de la Culture et des Arts a mis en exergue les vertus éducatives du théâtre universitaire. Mme Bendouda a affirmé que le programme « Théâtre à l’université » constituait « un levier intellectuel et éducatif qui contribue au développement de la personnalité de l’étudiant, à la consolidation de ses compétences en communication et son esprit critique, ainsi que son esprit d’initiative et son aptitude au travail d’équipe ». Elle a souligné l’importance de renforcer le partenariat entre les secteurs de la Culture et de l’Enseignement supérieur, considérant cette coopération comme « une nécessité stratégique » pour développer l’activité théâtrale au sein de l’université. La ministre a annoncé que cette troisième saison verra « l’expansion des représentations dans les universités et les centres culturels, ainsi que le renforcement des partenariats avec les associations et coopératives théâtrales ». Ce partenariat, a-t-elle précisé, vise à impliquer les étudiants dans des « projets artistiques qui combinent l’aspect théorique et la pratique réelle de la scène », tout en développant chez eux « une culture théâtrale universitaire qui suive le rythme des transformations culturelles et sociales actuelles ». Mme Bendouda a fait remarquer que le soutien apporté à ce programme représentait « un investissement dans la jeunesse, qu’elle considère comme l’avenir et la source de la créativité nationale ». Elle a invité les étudiants à s’impliquer activement et à mettre en lumière « la conscience, le sens des responsabilités et la créativité qui caractérisent l’université algérienne ».
Avant la cérémonie d’ouverture, les deux ministres ont visité une exposition dédiée au théâtre universitaire, animée par les clubs de théâtre d’Alger, Bouira, Batna et Constantine. Ils ont également découvert un espace d’informations du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi présentant les archives numériques et la préservation de l’histoire de cette institution emblématique. La soirée s’est clôturée par la représentation d’une pièce intitulée « Le dernier dîner », produite par l’université Djilali-Liabes de Sidi Bel Abbès. Cette création originale, fruit d’ateliers de formation dirigés par des professionnels du quatrième art, est l’œuvre du jeune étudiant Mohamed El Amine Chennah, qui en a signé le texte, la mise en scène et la scénographie. La bande-son, composée « en huit dimensions » par Abdeldjallil Selahdja, et la chorégraphie expressive d’Oussama Chahrour, ont contribué à créer une atmosphère envoûtante. Dans une trame hautement symbolique qui met en garde contre l’oisiveté et incite à avancer dans la vie, un groupe de jeunes se réveille hors du temps, dans un espace ténébreux à plusieurs entrées dont l’unique sortie est soumise au préalable de trouver les raisons d’un égarement profond qui les éloigne de tout repère spatio-temporel. Aya Meddad, Yousra Bendhina, Abderrahmane Belaïd, Said Messaif, Hichem Adda Barbar, Mohamed Fouad Rezgane, Fatima Saadi, Radia Abdelmalek et Faïza Khelloufi ont réussi à porter la densité du message, donnant brillamment vie à des personnages sans noms. Cette dramaturgie de 45 minutes, inscrite dans le registre du théâtre expérimental aux traits surréalistes et absurdes, illustre parfaitement les ambitions du programme « Théâtre à l’Université » : offrir aux jeunes talents un espace d’expression et de création qui conjugue exigence artistique et engagement intellectuel. Le succès de cette soirée inaugurale augure d’une saison riche en découvertes et en promesses pour le théâtre universitaire algérien.
Mohand S.

