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Ciments, mines, hydrocarbures et raffinage : L’Algérie étend son déploiement en Afrique 

L’Algérie consolide sa position de partenaire stratégique en Afrique subsaharienne et notamment au Tchad. Jeudi à Alger, les ministère des hydrocarbures et du pétrole des deux pays ont signé un procès-verbal de discussions ouvrant la voie à une coopération étendue dans les secteurs des hydrocarbures, des mines et de l’industrie cimentière. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie du président de la République Abdelmadjid Tebboune visant à renforcer l’ancrage régional de l’Algérie et à valoriser son expertise industrielle et énergétique sur le continent africain.

La visite de travail de Ndolenodji Alixe Naïmbaye, ministre tchadienne du Pétrole, des Mines et de la Géologie, a donné lieu à deux rencontres de haut niveau organisées au siège du ministère des Hydrocarbures et des Mines. Mohamed Arkab, ministre d’État chargé des Hydrocarbures et des Mines, a coprésidé ces discussions aux côtés de Yahia Bachir, ministre de l’Industrie, et de Karima Bakir Tafer, secrétaire d’État chargée des Mines. Les dirigeants des fleurons industriels algériens, notamment Nourredine Daoudi de Sonatrach, Rabah Guessoum du Groupe industriel des ciments d’Algérie et Reda Belhadj de Sonarem, ont également pris part aux échanges. Au cœur des discussions figure le transfert d’expertise algérienne dans l’industrie du ciment, devenue un modèle de réussite nationale ayant permis d’atteindre l’autosuffisance et de développer d’importantes capacités d’exportation. Le Tchad, confronté à une demande croissante en matériaux de construction, ne dispose actuellement que de deux cimenteries insuffisantes pour couvrir ses besoins. Yahia Bachir a affirmé que l’Algérie était « pleinement disposée à partager son expertise avec la partie tchadienne dans les domaines de l’industrie du ciment et des matériaux de construction, à travers l’accompagnement technique et la formation des compétences ». Une solution transitoire innovante a été proposée, permettant au Tchad de transformer localement le clinker algérien en ciment dans des unités de broyage, en attendant la mise en service d’usines de production intégrées. La ministre tchadienne a souligné que son pays « connaît une dynamique de développement accélérée » et que « le ciment constitue un matériau essentiel et central pour la réalisation des projets d’infrastructures et le développement du secteur de l’habitat ». Elle a précisé que le Tchad dispose d’importantes ressources minières exploitables, mais manque de capacités industrielles pour les valoriser. Les deux parties sont convenues d’envoyer une équipe de spécialistes du GICA afin d’évaluer les potentialités techniques, industrielles et minières pour le développement du secteur cimentier tchadien.

Gaz, raffinage et pétrochimie

Dans le domaine des hydrocarbures, le procès-verbal signé établit un cadre ambitieux de coopération couvrant l’exploration, la production, le raffinage et la pétrochimie. L’Algérie s’engage à accompagner le Tchad dans l’augmentation de sa production pétrolière, la valorisation du gaz et la réduction du torchage. Mohamed Arkab a réaffirmé que l’Algérie était « pleinement disposé à accompagner la République du Tchad, notamment dans les domaines de l’industrie du ciment, de l’exploitation des ressources minérales, des mines et des hydrocarbures, conformément aux orientations du président de la République visant à renforcer la coopération régionale ». Le document prévoit également l’examen de la participation de Sonatrach à des projets prioritaires d’hydrocarbures en République du Tchad, ainsi que le développement de la chaîne complète du gaz de pétrole liquéfié, de la production à la distribution. La coopération s’étendra au renforcement du cadre réglementaire, avec des échanges prévus entre l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures et l’Autorité de régulation des hydrocarbures algériennes et l’Agence ARSAT tchadienne. Le volet minier occupe une place centrale dans cet accord, les deux pays souhaitant valoriser leur potentiel géologique à travers l’échange d’expertises dans l’exploration et l’exploitation durable des ressources, notamment les métaux rares, les minéraux industriels et les pierres précieuses. La promotion du contenu local constitue un axe prioritaire, l’Algérie partageant son expérience en matière de transformation locale et de formation de la main-d’œuvre nationale. Pour opérationnaliser cette coopération, deux groupes de travail conjoints seront créés, l’un dédié aux hydrocarbures et l’autre aux mines. Plusieurs accords devront être finalisés, dont un mémorandum d’entente dans le domaine des mines et de la géologie, un accord de coopération dans les hydrocarbures, un accord de partenariat entre Sonatrach et la Société des Hydrocarbures du Tchad, ainsi qu’un accord de formation visant à renforcer les capacités des cadres tchadiens à travers des programmes spécialisés dispensés par les instituts algériens. Cette initiative traduit la volonté d’Alger de s’imposer comme un acteur incontournable du développement industriel et énergétique en Afrique, en capitalisant sur son savoir-faire et ses capacités de production pour construire des partenariats durables et mutuellement bénéfiques avec les pays du Sahel.

Sabrina Aziouez

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