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Libye : L’Algérie et les A3+ somment les forces étrangères de se retirer

Au Conseil de sécurité, Amar Bendjama a dénoncé les ingérences qui déstabilisent la région.

Le groupe des A3+ a haussé le ton vendredi à New York lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la Libye, exigeant le départ immédiat de toutes les forces étrangères présentes sur le territoire libyen. S’exprimant au nom du groupe A3+ qui réunit l’Algérie, la Somalie, la Sierra Leone et le Guyana, le le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU, l’ambassadeur Amar Bendjama, a dressé le tableau d’une situation en Libye marqué par l’instabilité, miné par les ingérences extérieures et transformé en plateforme de trafics qui alimentent d’autres conflits régionaux. « La stabilité en Libye demeure précaire en raison des ingérences étrangères. Cette situation est encore aggravée par le flux continu d’armes et par la contrebande de carburant », a déclaré Amar Bendjama devant les membres du Conseil de sécurité. Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies a précisé que « ce commerce illicite inclut non seulement des activités des groupes armés locaux mais alimente encore la machine de guerre au Soudan et dans le Sahel, avec souvent l’appui actif des mêmes acteurs extérieurs ».  Face à cette situation, le groupe A3+ n’a pas mâché ses mots. « Nous exigeons donc le retrait immédiat de toutes les forces étrangères, de tous les combattants étrangers et mercenaires du pays », a martelé Bendjama, avant de rappeler un principe cardinal de la politique algérienne en la matière : « La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Libye doivent être pleinement respectées ». Cette déclaration vise directement les puissances régionales et internationales qui maintiennent des forces militaires, des mercenaires ou des conseillers en Libye.

Sur le plan politique intérieur, les A3+ ont toutefois salué des signes encourageants. Le groupe s’est « félicité » de la tenue d’élections dans neuf municipalités de l’est de la Libye, y voyant la preuve de « l’engagement du peuple libyen en faveur des principes de démocratie ». Pour Bendjama, « c’est une étape importante qui nous rapproche d’un consensus national et qui ouvre la voie à des élections générales libres et transparentes ainsi qu’à l’unification de toutes les institutions d’État ». 

Les A3+ ont également accueilli favorablement le lancement cette semaine du dialogue structuré dans le cadre de la feuille de route politique de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), appelant « à une participation effective et inclusive de tous les acteurs pertinents ». Le groupe a exprimé le souhait que ce processus ne soit pas « perturbé » ou « sapé », tout en soulignant la nécessité de placer au cœur de toute démarche crédible « l’appropriation par les Libyens dans l’objectif de mettre fin à la période de transition ».

Sur le plan économique, les A3+ ont salué « la signature par la Chambre des députés et le Haut Conseil d’État libyens d’un programme unifié de développement pour 2026 », y voyant un pas vers la réconciliation institutionnelle. Le groupe a exhorté les deux chambres « à poursuivre le dialogue en adoptant un budget national unifié et à améliorer la surveillance des dépenses publiques », condition indispensable pour restaurer la confiance entre les institutions rivales de l’est et de l’ouest du pays.

La question des avoirs libyens gelés à l’étranger a également occupé une place centrale dans l’intervention des A3+ qui ont exprimé leur « préoccupation » quant à l’érosion en cours de ces avoirs en raison de « la mauvaise gestion de certaines institutions financières ». Le groupe a exigé « l’application entière du principe de responsabilité et des réparations », appelant notamment « à la publication sans délai d’une notice d’aide à l’application du paragraphe 14 de la résolution 2769 permettant enfin aux autorités d’investissement libyennes de réinvestir les réserves de liquidités gelées ». Ces dizaines de milliards de dollars immobilisés depuis 2011 représentent un enjeu crucial pour la reconstruction d’un pays dont les infrastructures ont été dévastées par plus d’une décennie de guerre civile.

Les A3+ ont par ailleurs réitéré leur appel à la MANUL pour qu’elle « renforce sa coopération avec l’Union africaine et les pays voisins de la Libye ». Amar Bendjama a salué à cet égard la tenue à Alger, le 6 novembre dernier, « d’une réunion des ministres des Affaires étrangères dans le cadre du mécanisme des pays voisins de la Libye avec la participation de l’Égypte, de la Tunisie et de l’Algérie ».  En conclusion, les A3+ ont lancé un appel solennel au Conseil de sécurité pour qu’il « assume ses responsabilités historiques en s’opposant à ceux qui entravent la paix et la stabilité en Libye ». Bendjama a prévenu que « la tâche qui nous incombe est lourde. Toutefois le coût de l’inaction sera bien plus élevé pour le peuple libyen ».

Lyes Saïdi

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