Sonatrach : L’Algérie a des réserves d’hydrocarbures pour encore 150 ans
Dans une interview accordée lundi soir à la Télévision nationale, le Directeur général du Groupe Sonatrach, Toufik Hakkar a estimé que l’équilibre des prix du brut représentant un niveau acceptable pour les fournisseurs tout comme pour les pays consommateurs se situe dans une fourchette comprise entre 70 et 80 dollars. « Si les prix vont au-delà de ce niveau, il y aura des décisions pour le rééquilibrage entre l’offre et la demande sur le marché, pour revenir à un niveau acceptable de prix », a-t-il fait savoir tout en rappelant que « les pays de l’Opep sont conscients de cette situation et travaillent dans le sens de l’équilibre ». M. Hakkar a, en effet, affirmé que l’Algérie, en tant que membre de cette organisation, travaille avec ses alliés à l’équilibre du marché afin que les prix du pétrole brut ne s’élèvent pas à des niveaux pouvant « encourager la production le pétrole de schiste notamment aux Etats-Unis, ce qui cause un déséquilibre entre l’offre et la demande ».
En ce qui concerne le niveau des réserves en hydrocarbures dont dispose notre pays, le P-DG du groupe pétrolier national rassure et assure que les réserves de l’Algérie en matière d’hydrocarbures non conventionnels sont en mesure de couvrir la consommation nationale et les besoins à l’exportation durant encore 150 années. « Actuellement, l’Algérie qui est plus intéressée par les prix que par la production, possède des capacités de production de 1,10 million de mètres cubes par jour » indique le premier responsable de la Sonatrach. Mais il n’omet de noter que les réserves non-conventionnelles nécessitent aujourd’hui de nouvelles technologies et de nouveaux moyens.
S’agissant de la valeur des hydrocarbures exportés par Sonatrach durant l’année 2021, elle s’élève à 25 milliards de dollars au 9 septembre dernier, selon le PDG qui prévoit la hausse des revenus d’exportation à 33 milliards de dollars à la fin de l’année en cours.
Interrogé sur des sources ayant plaidé pour le retrait de l’Algérie de l’Opep, le PDG a souligné l’importance du rôle algérien au sein de cette organisation qui contribue à la stabilité du marché international. « Celui qui a présenté cette demande n’est pas conscient des conséquences dangereuses de cette sortie », a-t-il tranché. Dans ce sens, il a mis en exergue les efforts de l’Algérie avec d’autres pays de l’alliance Opep+ ayant permis de relever les prix passant de 17 dollars/baril en 2020 à plus de 80 dollars/baril actuellement. « Si l’Algérie sort de l’Opep, qui prendra en charge ce rôle ? Notre présence au sein de l’Opep a une grande importance dans l’équilibre du marché en général ainsi que pour l’Algérie en terme de préservation de ses revenus d’hydrocarbures », a-t-il estimé.
Invité à s’exprimer sur la hausse des prix du gaz sur le marché européen et les profits que la Sonatrach pourrait en tirer, M. Hakkar a indiqué que de faibles volumes de gaz naturel sont commercialisés sur les marchés spot par Sonatrach qui donne la priorité à la préservation de la relation commerciale à long terme avec ses partenaires historiques.Cependant, « nos contrats à long et à moyen terme contiennent des clauses qui nous donnent l’opportunité de réviser les prix tous les trois ou quatre ans, selon la nature du client et du contrat », a-t-il expliqué, ajoutant que les prix peuvent être révisés dans l’intérêt de l’Algérie et de Sonatrach dans des contextes exceptionnels du marché, comme c’est le cas actuellement. « Nous ne pouvons pas nous orienter vers des prix à court terme alors qu’en contrepartie nous perdons un client historique de l’Algérie, qui acquiert des volumes importants allant de 8 à 10 milliards m3/an et qui pourra se diriger par la suite vers d’autres fournisseurs », a-t-il argumenté.
Il a fait savoir que les volumes de gaz naturel commercialisés par l’Algérie hors contrats à long terme, sont « peu importants ». Ils ont été commercialisés aux prix actuels du marché entre 28 et 29 dollars/btu. Outre le GNL, Sonatrach a récemment commercialisé du gaz naturel à travers les gazoducs sur les marchés spot, et ce, pour la première fois en Algérie, a fait savoir le PDG. Par ailleurs, M. Hakkar a affirmé que l’Algérie assure un approvisionnement régulier du gaz naturel vers l’Espagne selon les contrats liant les deux partenaires, via le gazoduc Med-Gaz dont le volume est de 10,5 milliards m3/an. « En cas de demande supplémentaire de l’Espagne, il sera procédé à la liquéfaction du gaz au niveau des complexes nationaux puis livrés dans un délai d’un jour », a-t-il dit.
Kamel Nait Ameur