Récupération des avoirs détournés : L’Algérie mobilise sa diplomatie
Les pouvoirs publics sont bien décidés à récupérer les avoirs volés et détournés vers l’étranger par la Issaba. Ils mobilisent en ce sens, l’appareil diplomatique chargé de contribuer aux opérations de localisation et d’identification de ces avoirs.
C’est dans ce contexte que le Premier ministre et ministre des Finances, AïmeneBenabderrahmane a rappelé hier lors de la deuxième journée de la Conférence des chefs des missions diplomatiques algériennes, les engagements du président de la République pour ce qui est de la lutte contre la corruption et la récupération des avoirs détournés. Il a ainsi annoncé que les pouvoirs publics multiplient et intensifient les contacts avec les autorités de plusieurs pays, pour le suivi des commissions rogatoires émises par la Justice algériennes et veiller à leur application, ainsi que pour la localisation et l’identification des avoirs volés. Il a dans ce sens exhorté les chefs des missions diplomatiques et consulaires à contribuer de manière effective au processus.
Le Premier ministre a, faut-il le noter, abordéun large éventail de questions lors de son intervention à cette conférence ouverte lundi au Palais des Nations à Alger. De la prise en charge des préoccupations de la communauté nationale à l’étranger à la contribution à l’accompagnement de l’économie nationale, le Premier ministre a donné des instructions fermes au pool d’ambassadeurs et de consuls conviés à la réunion.
Une enquête sur les prix des billets d’avion
Et la première préoccupation soulevée par les membres de notre diaspora reste celle de la cherté des billets d’avion. Aïmene Benabderrahmane a ainsi annoncé l’ouverture d’une enquête sur la cherté des prix des billets de voyage, notamment sur la destination Paris-Alger, faisant état d’une commission mise sur pied pour examiner la structure des prix. Le Premier ministre a reconnu que les prix des billets étaient « excessivement chers » et inaccessibles aux membres de la communauté algérienne à l’étranger.Il s’est engagé, à cet effet, à « prendre les mesures nécessaires concernant les prix de billets, notamment ceux de la destination Alger-Paris ». »Il a été constaté des pratiques qui dissuaderaient la communauté algérienne à l’étranger de se rendre dans leur pays, et en fonction des résultats de l’enquête, les mesures nécessaires seront prises pour permettre à la diaspora de rester en contact permanent avec leur patrie », a-t-il expliqué.Le Premier ministre a également exhorté les missions diplomatiques à prendre en charge les préoccupations de cette catégorie qui regroupe un grand nombre de compétences, de chercheurs et d’enseignants. Il a ce titre ouligné « l’impératif d’oeuvrer au parachèvement du projet du portail électronique dédié aux compétences nationales établies à l’étranger, pour une meilleure contribution au développement des domaines scientifiques et techniques, des nouvelles technologies de l’information et de la communication et de l’intelligence artificielle, ainsi que d’autres domaines de l’économie de la connaissance.
Du nouveau pour les visas
Le Premier ministre a également évoqué le rôle des missions diplomatiques dans l’accompagnement de l’économie nationale. Il les a appelées à mener une action pour promouvoir la destination Algérie et de contribuer à l’amélioration de l’image de l’Algérie à l’international ainsi que de corriger les perceptions stéréotypées de notre pays, d’autant que plusieurs mesures sont prises pour améliorer l’attractivité de l’Algérie pour les investisseurs et les touristes. Benabderrahmane a ainsi plaidé en faveur d’un nouveau stade décisionnel à même de permettre aux investisseurs étrangers et touristes d’obtenir plus facilement un visa pour l’Algérie. »Il faut qu’on passe à un autre stade décisionnel qui permettra aux investisseurs étrangers et aux touristes d’accéder aux visas algériens en toute facilité en prenant en compte les préoccupations et les implications », a déclaré le Premier ministre. »Nous avons constaté des lourdeurs dans l’octroi des visas pour les investisseurs étrangers et les contingents de touristes qui veulent venir en Algérie », a-t-il déploré.A cet égard, le chef de l’exécutif a insisté sur la nécessité de délivrer les visas d’une façon « instantanée ».
Sur le plan économique,Aïmene Benabderrahmane a indiquéqu’un travail avait été engagé pour remédier aux lacunes relevées dans la réglementation de change.Concernant l’approche relative aux investissements en Algérie, le Premier ministre a souligné qu’elle reposait sur le principe « gagnant-gagnant », rappelant que la loi sur l’investissement sera prochainement présentée au Parlement pour adoption. »Désormais, l’Algérie ne supportera plus les grands transferts de bénéfices de certaines sociétés installées en Algérie, qui ont investi entre 50 et 60 millions de dollars, alors qu’elles effectuent des transferts de plus de 200, voire 250 millions de dollars par an », a indiqué M. Benabderrahmane.Dans ce contexte, le Premier ministre a souligné « la nécessité de définir une approche qui fera de l’Algérie un marché qui puisse permettre aux grandes sociétés d’accéder à de nouveaux marchés, notamment dans le cadre des accords de partenariat signés avec des pays européens, africains et arabes ».
Samira Ghrib