Conflit en Ukraine : Poutine avertit l’Otan contre toute intervention directe
Le risque de l’enlisement n’est pas écarté malgré la petite brèche ouverte à l’issue du second round des pourparlers ayant réuni, à deux reprises, les représentants russes et ukrainiens. Ces derniers ont convenu sur l’évacuation des civils.
Le Kremlin a annoncé un cessez-le-feu, afin de permettre l’évacuation des civils de deux villes de l’est de l’Ukraine, Volnovakha et le port de Marioupol. Moscou s’est engagé à l’ouverture de couloirs humanitaires pour l’évacuation des civils de Marioupol et Volnovakha», a affirmé le ministre de la défense russe, Sergei Choïgou. Néanmoins la ville de Marioupol a annoncé que l’évacuation de civils prévue hier était reportée pour raison de sécurité. A l’initiative d’un cessez-le-feu le jour même, l’armée russe reproche aux «nationalistes ukrainiens» d’empêcher les civils de partir.
Les tensions persistent. L’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky à l’Otan d’imposer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine a alimenté une nouvelle fois la tension. Bien que cette proposition ait été refusée par l’Otan, le soutien de l’alliance à l’Ukraine est vivement critiquée par Moscou qui avertit que toute nouvelle implication dans le conflit en Ukraine sera considérée comme une cobelligérance. Lors de sa sortie médiatique d’hier, Vladimir Poutine a souligné que «la Russie considérait comme cobelligérant tout pays tentant d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine». «Nous allons considérer toute évolution en ce sens comme une participation au conflit armé de tout pays du territoire duquel une menace serait créée envers nos militaires», a-t-il déclaré. Cette revendication, revendiquée par Kiev, est rejetée par l’Otan. Le secrétaire de l’Alliance du Nord Atlantique, Jens Stoltenberg, avait rappelé que «les pays membres ne comptaient pas mettre en place d’exclusion aérienne n’interviendrait pas militairement pour ne pas provoquer une guerre totale en Europe». «La question a été évoquée et les Alliés sont convenus que nous ne devrions pas avoir d’avions de l’Otan opérant dans l’espace aérien ukrainien ou des troupes de l’Otan au sol, car nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe», a expliqué Jens Stoltenberg au terme d’une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance à Bruxelles. «L’Otan est une alliance défensive. Nous ne voulons pas être partie prenante au conflit en Ukraine», a-t-il insisté. Pourtant, l’Otan a renforcé sa présence à l’Est avec le déploiement de sa force de réaction rapide, l’envoi de milliers de soldats de l’Alliance dans les pays du flanc oriental, la mise en alerte de plus 130 avions de combat et plus de 200 navires en mer, a-t-il précisé. «Il s’agit de la réponse immédiate de l’Otan et elle sera renforcée si nécessaire», a-t-il assuré. Une réunion des ministres de la Défense de l’Otan a été convoquée le 16 mars pour « prendre les décisions qui s’imposeront», a-t-il précisé. Une discussion va également s’engager sur la posture de dissuasion et de Défense sur le plus long terme, a-t-il ajouté. Le président russe Vladimir Poutine a également affirmé qu’il ne prévoyait pas d’introduire la loi martiale dans son pays, expliquant que «la loi martiale est mise en œuvre en cas d’agression notamment dans les régions où des combats ont lieu. Nous n’avons pas une telle situation, et j’espère qu’elle n’interviendra pas», a-t-il dit, interrogé par des employées de la compagnie aérienne russe Aeroflot. La Russie a réclamé à Washington la garantie que les sanctions la visant à cause de l’Ukraine ne concerneront pas sa coopération avec l’Iran, avant de relancer l’accord sur le nucléaire iranien, indique ce samedi le chef de la diplomatie russe, Lavrov. «Il y a des problèmes du côté russe», a-t-il déclaré, ajoutant que «nous avons demandé à nos collègues américains des garanties écrites que les sanctions ne toucheront pas à notre droit à une libre et entière coopération commerciale, économique, d’investissement et technico-militaire avec l’Iran». Le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken est arrivé en Pologne, à la frontière avec l’Ukraine. Le secrétaire d’état américain doit notamment s’entretenir avec le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères polonais, lors de sa tournée des alliés clés en Europe qui subissent la pression de la guerre russo-ukrainienne. Il se rendra ensuite en Moldavie.
Salim Abdenour