Rebondissement dans le scandale entachant les sénatoriales à Skikda : Des élus et des dizaines de personnes convoqués par la police
Plusieurs élus d’Assemblées communales populaires (APC) et de l’APW de Skikda ainsi que des dizaines d’autres personnes ont été convoqués par les services de sécurité afin d’être auditionnées, apprend-on de source sécuritaire. La convocation de ce panel de personnes est survenue suite à l’authentification des enregistrements qui ont, a précisé la même source, confirmé le caractère de corruption de l’affaire. Des dizaines de personnes et d’élus, dont les noms sont cités dans les enquêtes préliminaires sont concernés, ont souligné les mêmes sources. Les investigations ont révélé que certaines personnes ont un lien direct avec l’affaire, alors que d’autres sont supposées avoir perçu de l’argent contre la vente de leur voix au profit de la candidate au sénat, nous dit-on. Jusqu’à la mise sous presse, plusieurs personnes ont été entendues, alors que d’autres suivront, avant leur audition par le magistrat instructeur près le tribunal d’El Harouche, a-t-on remarqué sur place. Selon nos sources, les personnes convoquées devront apporter des éclaircissements sur leurs liens dans cette affaire d’achat et de vente des voix ayant propulsé la candidate élue sénatrice pour la wilaya de Skikda. Pour rappel, 130 élus issus de plusieurs Assemblées Populaires Communales (APC) ont été déjà auditionnés dans le cadre de cette affaire par les services de sécurité relevant de la sûreté de wilaya de Skikda. Des élus de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) ont également été entendus par les mêmes services, rappelle-t-on encore. Soulignons que, depuis plusieurs jours, bon nombre de personnes ont été auditionnées par le juge d’instruction chargé du dossier. Il convient de rappeler que le scandale a éclaté après la fuite d’enregistrements audio sur les réseaux sociaux mettant à nu des agissements à caractère corruptible ayant trait à des négociations attribuées à une personne habitant à El-Harrouch et une candidate du parti « Sawet Echaab » qui a remporté un siège au Sénat. Aussitôt les instances juridiques de compétence ont ordonné l’ouverture d’une enquête sur cette affaire d’enregistrement audio qui a entraîné le principal mis en cause dans cette affaire devant le parquet général près le tribunal d’El Harrouch. Il s’agit de l’intermédiaire « R. B » qui a effectué la communication téléphonique avec la candidate qui a remporté l’élection sénatoriale du 5 février dernier. Notons aussi que ces procédures judiciaires font suite à une décision du parquet de la Cour de Justice de Skikda à l’issue de l’ouverture d’une enquête et l’examen d’authenticité de l’enregistrement en question. L’intermédiaire est suspecté de fraude électorale et d’utilisation d’argent sale, des charges qu’il a complètement niées et réfuté lors de son audition. S’agissant du contenu des conversations filtrées dans ledit enregistrement, il s’agit de négociations et de discussions sur l’achat de voix pour remporter ledit siège par la candidate au Conseil de la Nation. Cette dernière s’est défendue en prétendant que l’enregistrement était falsifié. Il a été indiqué que les services sécuritaires enquêtent sur le fait que l’intermédiaire originaire de la commune d’El Harrouch lui a proposé l’achat de voix d’un nombre d’élus locaux des communes de l’Ouest de la wilaya de Skikda. Une transaction dont il aurait négocié le prix avec la candidate pour s’assurer les voix des élus des APC de Khenak Mayoune, Oued Zhour et El-Harrouch. Selon l’enregistrement, la candidate au siège de sénatrice a interrogé le « courtier » sur l’appartenance partisane de ceux qui voulaient bien lui consentir leur voix, et à son interlocuteur de lui assurer que « parmi ces derniers figureraient des élus du FLN et du RND et qu’ils lui garantit 12 voix que les élus étaient prêts à négocier avec elle », nous dit-on. L’intermédiaire l’a informée, toujours selon le même enregistrement, que « chaque voix se ferait en échange d’une somme d’argent allant entre 5 et 6 millions de centimes ». L’accusée a ensuite indiqué, selon le même enregistrement audio, qu’elle « se déplacerait de commune en commune pour négocier avec certains élus, mais séparément, et que sa prochaine destination serait la commune d’Ouled Attia », dans la commune de Collo. L’intermédiaire lui a suggéré de « donner une somme entre 5 et 6 millions de centimes à chaque équipe qui permettrait de voter pour elle ». La plus importante révélation rapportée dans l’enregistrement est l’assurance donnée à la candidate sur les bulletins de vote des autres candidats qui « lui seraient remis », pendant que ceux de sa candidature seraient déjà mis dans l’urne. La candidate a alors décidé d’arrêter de converser sur le sujet et a demandé au « courtier » de « le rencontrer face à face car le téléphone était sous surveillance ». Il est à noter également que la mise à nu de ce scandale a ébranlé la scène politique locale de la wilaya de Skikda où plusieurs formations politiques attendent avec impatience l’aboutissement de ce dossier. À suivre
Sofia Chahine