Avec un potentiel solaire exceptionnel : L’Algérie se place sur le marché de l’hydrogène vert
Compte tenu de son potentiel solaire inégalé, l’Algérie compte sur le développement de l’hydrogène vert pour s’imposer en tant qu’acteur majeur et incontournable du marché des énergies renouvelable sur le plan régional, voire international.
Le Commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, Noureddine Yassaa, a affirmé hier que «l’Algérie, dotée d’un important potentiel solaire, est bien placée pour produire l’hydrogène vert à des coûts très compétitifs ».
Dans un entretien qu’il a accordé à l’APS, M. Yassaa a expliqué que « grâce à son potentiel considérable en énergie solaire, ses importantes ressources en gaz naturel et les infrastructures de distribution associées, l’Algérie est bien placée pour produire l’hydrogène vert et éventuellement bleu (à partir du gaz naturel avec capture et stockage de carbone) à des coûts très compétitifs ». Le même responsable a rappelé que «plusieurs études réalisées par le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) et par d’autres organismes nationaux et internationaux montrent clairement les atouts très intéressants sur lesquels l’Algérie peut s’appuyer sur la transition vers l’hydrogène, notamment vert, comme vecteur d’énergie propre». Selon lui, il «s’agit de son énorme potentiel en énergie solaire, associé à une étendue territoriale qui rendent l’exploitation de l’hydrogène à grande échelle profitable à plus d’un titre». Et d’ajouter que l’Algérie dispose d’un réseau d’universités et de centres de recherche étendu, d’un large réseau électrique, des infrastructures de stockage, distribution et de transport, des infrastructures nationales et internationales pour le transport du gaz naturel, en plus d’une situation géographique favorable bénéficiant à sa proximité des marchés potentiels. A cela s’ajoute le tissu industriel pour la production de l’hydrogène et de l’ammoniac. Le Commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique a indiqué que «ces facteurs encouragent la position algérienne dans la perspective d’un marché florissant d’hydrogène vert, autour duquel vont s’articuler beaucoup d’activités industrielles de nombreux pays à économies fortes», estimant que «l’Algérie peut devenir un exportateur important d’hydrogène vers l’Europe». Il a expliqué que «la politique énergétique européenne, basée sur la neutralité carbone visant la substitution de l’énergie fossile par un développement massif des énergies renouvelables et de l’hydrogène, notamment vert, a créé une forte dynamique régionale». Et d’ajouter que «l’hydrogène vert étant exclusivement généré à base d’énergies renouvelables, dont les pays de la rive Sud de la Méditerranée détiennent en abondance une composante essentielle qu’est le solaire». «Il est question d’accorder une grande part à l’approvisionnement futur de l’Europe en cette énergie, auprès des pays de l’Afrique du Nord, pour des raisons économiques pragmatiques évidentes telle que la proximité », a-t-il fait savoir. Selon lui, «les prémices d’un marché fortement concurrentiel autour de la production d’hydrogène vert sont déjà visibles dans la région, compte tenu des préparatifs mis en avant dans certains pays concernés et les investissements préliminaires déjà annoncés dans le domaine», notant que «plusieurs pays européens ont déjà publié leurs stratégies hydrogène». En ce sens, il a affirmé que «face à cette dynamique, l’Algérie conserve intactes ses chances de devenir un acteur régional incontournable dans le domaine, eu égard les nombreux atouts dont elle dispose à plusieurs égards». Dans le but de mettre en place la vision algérienne en ce qui concerne le développement à moyen et long termes de l’hydrogène, en particulier vert, et ses dividendes stratégiques, économiques et environnementales, le ministère de l’Energie et des Mines, celui de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ainsi que du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique sont en cours d’élaboration d’une feuille de route nationale. Cette mission est confiée à un groupe de travail. «Conformément aux instructions du Premier ministre, ce groupe, mis en place fin novembre 2021, s’est réuni à plusieurs fois et élaboré un rapport portant les éléments préliminaires de la stratégie de développement de l’hydrogène en Algérie», a souligné Noureddine Yassaa, expliquant que «cette feuille de route donnera aux acteurs nationaux et internationaux une visibilité sur les politiques, les réglementations et les mesures d’incitation et d’encouragement de la filière hydrogène en Algérie». Il souligne, d’ailleurs, «l’importance d’adopter une démarche transparente, afin de pouvoir capter les investisseurs potentiels et faire face à la concurrence qui se dessine dans la région». «Compte tenu des nombreux atouts dont elle dispose à plusieurs égards, la mise en œuvre de cette feuille de route fera de l’Algérie un acteur régional incontournable dans le domaine de l’hydrogène, notamment vert », a-t-il indiqué, recommandant que «l’Algérie doit, toutefois, s’appuyer sur des partenariats avec les pays leaders dans le domaine de l’hydrogène, afin de réussir sa stratégie de développement de cette énergie». En ce sens, le commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique a affirmé qu’«à travers des accords de partenariats stratégiques permettant de mobiliser les financements nécessaires et le transfert de technologies et de savoir-faire, des projets pilotes, qui serviront à l’évaluation et la maîtrise des différentes techniques et technologies relatives à toute la chaîne de valeur de la production d’hydrogène, seront déployés dans le cadre de la première phase de la mise en œuvre de la feuille de route».Yassaa Noureddine a également mis en avant «la nécessité de la mise en place d’un cadre réglementaire et normatif adapté, et la constitution d’un vivier de talents et pôles d’excellences autour de l’économie de l’hydrogène».
Salim Abdenour