Pr. Brahim Mouhouche, enseignant l’École supérieure d’agronomie : « L’eau est désormais une question de sécurité nationale »
Elle était déjà depuis bien longtemps une source de prospérité et de développement mais, de nos jours, l’eau est devenue une source de conflit et de chantage, a indiqué hier lors de son passage dans l’émission matinale de la Chaîne IIIde la Radio nationale, l’enseignant à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie d’El Harrach, le Pr. Brahim Mouhouche. Celui-ci s’interroge si cette ressource n’est pas désormais « une question de sécurité nationale ». « L’or bleu est utilisé aujourd’hui comme moyen de pression sur les États », explique le spécialiste qui ajoute que « l’importance de l’eau est telle qu’elle est en fait une arme dangereuse » car, ajoute-t-il, « un pays sans eau devient stratégiquement handicapé, voire dépendant et donc vulnérable ». Aussi, déplorant « malheureusement sa raréfaction qui pointe à l’avenir et qui constitue une sérieuse menace de par la pression qu’elle agit sur le quotidien », le Pr. Mouhouche a livré des données très importantes sur la situation de cette ressource vitale dans notre pays. « L’Algérie consomme pour son agriculture jusqu’à 75% d’eau alors que les 25% restants sont répartis entre l’industrie, l’AEP et une partie – 5 à 10% – pour évacuer les déchets », explique-t-il pour signifier la nécessité vitale de préserver l’eau. Il rappelle qu’« assurer la survie devient un challenge des pays qui en manquent». D’où également, ajoute-t-il, la volonté de l’Etat de trouver d’autres sources autres que les eaux pluviales et les barrages à l’instar du dessalement d’eau de mer et l’exploitation de l’eau souterraine. Citant quelques secteurs très utilisateurs d’eau comme l’agriculture, l’industrie et l’AEP, le Pr. Mouhouche affirme que « le taux d’industrialisation augmente la quantité d’eau consommée à tous les niveaux ». Une situation qui fait, explique-t-il, que bien souvent éclatent « des conflits entre secteurs prioritaires ou qui se déclarent entre pays voisins comme on le voit au proche et au Moyen-Orient où, à titre d’exemple, l’Egypte, l’Irak et la Syrie font face à d’énormes pressions ces derniers temps à cause du stress hydrique ».
Pour appuyer ses propos, le spécialiste s’appuie sur un argument facilement vérifiable sur le terrain car il est d’une actualité brûlante via son impact direct et immédiat sur l’économie mondiale. Le conflit en cours actuellement en Ukraine, explique M. Mouhouche, «renseigne sur l’importance de l’eau ». « La Russie et l’Ukraine, grands producteurs de céréales et d’huile s’appuient sur leurs gigantesques potentialités en eau grâce auxquelles ils s’imposent comme des leaders mondiaux en matière de production agricole et qui alimentent de nombreux pays d’Europe et à travers le monde » ajoute-t-il, expliquant à ce même sujet que « cette position de leadership en la matière leur permet de faire pression sur le monde via la perturbation de l’approvisionnement vers les pays dépendants ».
Akli Amor