Récupération des avoirs volés et détournés à l’étranger : Comment lever les obstacles ?
Les autorités algériennes multiplient les démarches afin de lever les obstacles et faciliter le gel et la récupération des avoirs volés par la Issaba et détournés à l’étranger.
L’Algérie qui a saisi de nombreux pays, pour l’identification, le gel, la saisie et la récupération de ces avoirs, renforce la coopération pour le lever les entraves en multipliant les accords d’entraide judicaire et de coopération sur la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, veut intensifier la coopération technique. Ainsi, après avoir signé plusieurs accords d’entraide judiciaire avec des pays du Moyen-Orient à l’image du Liban et de l’Arabie saoudite, et après la signature d’un accord de coopération sur la lutte contre la corruption avec l’Italie à l’occasion de la visite d’État du président de la République Abdelmadjid Tebboune à Rome, les autorités algériennes misent sur le renforcement de la coopération technique avec la France liée avec l’Algérie par un accord d’entraide judiciaire. C’est dans ce contexte qu’un forum sur «les enquêtes économiques et financières complexes, identification, saisie et confiscation des produits du crime» a été organisé hier par l’Office central de répression de la corruption, avec la participation d’experts étrangers, notamment français. L’objectif était d’accorder les violons entre les systèmes judiciaires algériens et français en matière de lutte contre les délits économiques, identifier les difficultés, renforcer les mécanismes de coopération et faciliter le retour des biens confisqués. Dans ce contexte, le procureur français spécialisé dans les délits financiers, Jean-François Boehner, a fait état de «la publication d’un texte juridique en France qui permet le retour des biens confisqués dans le pays d’origine, ce qui était inexistant auparavant». «Car ces biens confisqués atterrissaient dans le Trésor public français », a-t-il précisé, soulignant que «le retour de l’argent et des biens au pays d’origine se fait sous la forme d’un financement pour soutenir le développement, ce qui ouvrira de nouveaux horizons pour une coopération conjointe», a-t-il affirmé. Le magistrat a salué « l’ouverture de l’Algérie à la coopération avec d’autres pays dans le domaine de la lutte contre les délits économiques, car elle recherche une utilisation optimale des procédures judiciaires ». Il a noté que «ce forum sera l’occasion d’établir une comparaison entre les deux systèmes judiciaire algérien et français pour déterminer les avantages et les inconvénients et ce qui nous motive à aller de l’avant dans le renforcement des mécanismes de coopération internationale entre les deux pays en matière d’enquêtes et de travail outils liés à la lutte contre ce type de criminalité». Le directeur général de l’Agence française de gestion et de recouvrement des produits saisis et confisqués, Nicolas Besson, a souligné de son côté que «ce forum de formation représente l’un des ponts de la coopération entre l’Algérie et la France et une occasion d’échanger sur les problèmes de d’intérêt commun», notant que le forum «permettra aux autorités algériennes de prendre des mesures plus efficaces pour lutter contre le phénomène de la corruption et la récupération des fonds spoliés au profit du peuple».
Pour sa part, le directeur général de l’Office central de répression de la corruption, Mokhtar Lakhdari a affirmé que l’Algérie «est déterminée à mettre en place tous les mécanismes qui renforcent la lutte contre les crimes économiques, parallèlement à tous les efforts déployés dans le domaine de la création d’un environnement sain et propre pour l’investissement ». Le même responsable a expliqué que « la présence importante d’experts étrangers dans ce forum témoigne de notre volonté commune de lutter contre ce type de criminalité», exprimant son espoir que «ce forum contribuera à identifier les difficultés, à favoriser la discussion, à proposer des solutions et à travailler renforcer les mécanismes judiciaires». Ce forum, organisé par le programme d’appui au secteur de la justice en Algérie, est soutenu par l’Union européenne, en coopération avec le ministère de la Justice. Quelque 52 experts et spécialistes participent aux travaux de cette rencontre qui s’étale sur 3 jours, et qui s’inscrit dans le cadre de répondre aux besoins des institutions algériennes participant à la lutte contre la délinquance économique et financière en termes de savoir-faire, ainsi que de techniques et méthodes d’enquête sur les délits de corruption et de blanchiment d’argent, ainsi que de gestion des biens et produits illégaux saisis et gelés. Les travaux du forum sur « Les enquêtes économiques et financières complexes : identification, saisie et confiscation des produits du crime», ont été ouverts hier à Alger. Cette rencontre vise à échanger des expériences et à présenter les aspects de la coopération et de l’assistance pénale internationale dans les affaires économiques et financières et la saisie des produits.
Chokri Hafed