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Cinq groupes chinois annoncent se retirer de la Bourse de New York : Les prémices d’un découplage total de l’économie mondiale

Cinq géants chinois ont annoncé vendredi leur retrait de la bourse de New York. Une annonce justifiée officiellement par l’alourdissement de la réglementation américaine en direction des entreprises chinoises plus particulièrement, mais qui semble acter le début de la rupture économique totale entre la Chine et les Etats-Unis sur fond de tensions géopolitiques grandissantes entre les deux puissances, notamment après la visite de la présidente de la chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, à Taïwan. Une démarche qui peut également être interprétée comme le reflet de la volonté de Pékin de montrer les muscles et d’agiter l’arme économique avec tout ce que cela peut avoir comme conséquences pour l’économie mondiale, et plus particulièrement l’économie US. 

Les mastodontes du pétrole Sinopec et Petro China ainsi que le poids lourd de l’assurance China Life Insurance, le géant chinois de l’aluminium Chalco, et une filiale de Sinopec basée à Shanghai ont indiqué ce vendredi dans des communiqués séparés un «retrait volontaire » de la Bourse de New York, où ils sont cotés. Officiellement, ils justifient tous cette décision par les coûts liés au maintien des cotations aux États-Unis ainsi que la charge que représente le respect des obligations en matière d’audit. Les cinq groupes figurent sur une liste d’entreprises mises en demeure de se conformer à des obligations comptables par l’autorité américaine de régulation des marchés (SEC), et étaient donc menacés d’éviction de la Bourse aux États-Unis. Ces entreprises semblent donc avoir procédé par anticipation en se retirant volontairement. 

Arme économique

Or, les choses semblent être plus complexes qu’il n’y paraîssent et ce retrait semble s’inscrire dans une tendance lourde, celle du découplage qui a commencé déjà sous l’ère Trump avec l’imposition de taxes sur les produits chinois commercialisés aux Etats-Unis ainsi que les campagnes qui ont ciblé les grandes entreprises chinoises, notamment celles activant dans le numérique à l’image de Huawei. Un découplage qui s’accélère aujourd’hui sur fond d’exacerbation des tensions géopolitiques. Pékin avait d’ailleurs anticipé en recentrant ses stratégies sur le marché interne au lendemain de la crise des subprimes en cherchant à se tourner vers le marché chinois qui compte un cinquième de l’humanité par une action axée sur la réduction des inégalités et l’amélioration du pouvoir d’achat en Chine. Elle a également incité ses entreprises à lever des financements sur les places boursières chinoises d’autant qu’elle en compte quatre, Hong Kong, Shanghai, Shenzhen ou encore Pékin. Elle a également travaillé sur le recentrage de ses placements financiers et entamé un processus destiné à faire de la monnaie chinoise, le Renminbi, une devise de réserve internationale, de même qu’elle a relevé le ratio de détention des réserves en devises des banques locales à 1.000 milliards de dollars, en mai 2021, dans le cadre de la guerre des changes qu’elle menait contre le dollar US. Un ensemble de démarches qui avait été perçues comme le reflet de la volonté de Pékin de se poser comme alternative au système assis sur le billet vert dans la perspective de se hisser comme première puissance économique mondiale dans les trois ans. 

Or, les récents évènements alimentent les interrogations sur les conséquences de ce découplage, d’autant que le dernier retrait anticipé des cinq mastodontes chinois de la Bourse de New York ressemble à une volonté de Pékin de montrer les dents et d’agiter l’arsenal économique. Il est vrai que la Chine est le plus grand créancier du pays de l’Oncle Sam. Elle détient plus de 3.000 milliards de dollars de réserves de change, des réserves qui permettent au dollar de bénéficier des privilèges de monnaie de réserves et à Washington de vivre sur le crédit d’une dette illimitée en usant et abusant de la monnaie hélicoptère. 

Une question se pose. Un découplage est-il possible dans ces conditions ? Bien que la Chine ait anticipé et investi dans ses politiques de recentrage depuis plus d’une décennie, celles-ci ont été quelque peu contrariées par la pandémie et la politique zéro covid menée par Pékin, ainsi que la crise immobilière qui affecte actuellement l’Empire du milieu. Cependant, ce dernier semble s’inscrire dans l’anticipation d’une rupture qui semble aujourd’hui irréversible. 

Samira Ghrib

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