Union du Maghreb arabe : L’urgente redistribution des cartes
L’attitude agressive et belliqueuse du Makhzen envers l’Algérie, la Mauritanie et la Tunisie, amène à s’interroger sérieusement sur la place du Maroc au sein de l’édifice maghrébin. Une remise à plat du processus d’intégration maghrébine et sa refonte gobale, sans le Maroc, ne sont pas à écarter.
Les observateurs sont nombreux à se poser sérieusement la question de l’utilité de l’Union du Maghreb arabe (UMA), une organisation fondée en février 1989 et dont l’objectif est de créer des rapports de fraternité entre les États membres et de faciliter la libre circulation des biens et des personnes. Il n’est pas faux de dire que l’UMA est tombée en panne dès sa création. C’est un projet mort-né. Tous les analystes honnêtes reconnaissent que l’échec rencontré par cet ensemble sous-régional est avant tout imputable au Makhzen. Le Maroc n’y a jamais vraiment cru. Sa priorité a toujours été de s’arrimer à l’Europe. Hassan II autant que Mohammed VI ont d’ailleurs mené un intense travail de lobbying pour intégrer l’Union européenne. Ce travail s’est arrêté lorsque Bruxelles a fait très clairement comprendre au Maroc qu’il ne lui était pas possible de devenir…européen.
Le désintérêt du Makhzen vis-à-vis de l’UMA se vérifie aussi à travers le nombre extrêmement faible de textes produits par l’organisation sous-régionale. En comparaison, l’Algérie a pratiquement ratifié toute la littérature de l’Union maghrébine. Pour couronner le tout, il est très utile de rappeler que le Maroc a décidé de lui-même de suspendre sa participation aux travaux de l’UMA en 1995. Cette décision a eu pour effet d’empêcher l’organisation de tenir régulièrement des sommets. En plus d’avoir œuvré à l’affaiblissement des mécanismes de coopération offert par « l’Union », le Makhzen a poursuivi une politique d’instrumentalisation de l’UMA pour légitimer ses positions par rapport au conflit du Sahara occidental.
Les chefs d’Etat des pays du Maghreb qui se sont réunis à Zeralda en 1988 et à Marakech en 1989 pour créer l’UMA avaient pourtant décidé de découpler la question du Sahara occidental de la question de la construction maghrébine. A l’inverse, l’Algérie a toujours cherché à renforcer l’UMA comme mécanisme de coopération et d’ouverture économique et politique pour un regroupement régional solide. Dans ses relations avec ses partenaires maghrébins, le Maroc a régulièrement opté pour une stratégie de la « tension permanente » pour les contraindre à changer de priorités. C’est le cas autant avec l’Algérie, la Mauritanie qu’avec la Tunisie.
Ce constat amène aujourd’hui les décideurs de ces pays à étudier carrément l’option d’une dissolution pure et simple de l’UMA du moment qu’elle ne sert absolument à rien. Si maintien il y a, celui-ci doit être tout au moins repensée de fond en comble. Elle doit nécessairement intégrer les changements intervenus dans la région. Elle doit par ailleurs adapter ses méthodes et outils de travail. La nouvelle entité régionale qui naîtra de cette réflexion doit naturellement répondre aux intérêts bien compris de toutes les parties et continuer de véhiculer en permanence l’ambition des peuples du Maghreb de réaliser l’union voulue par les générations de la lutte de libération nationale. Pour donner toutes les chances de succès à cette UMA nouvelle version, il convient néanmoins d’en exclure le Maroc qui constitue un facteur de blocage et de faire de la République arabe Sahraouie démocratique (RASD) un membre fondateur. Il est quasiment certain qu’avec une organisation maghrébine débarrassée d’un Makhzen belliqueux et expansionniste atteindra très vite sa vitesse de croisière. Le succès est garanti d’autant qu’il existe une parfaite entente entre l’Algérie, la Mauritanie, le Sahara Occidental, la Libye et la Tunisie. L’exclusion du Maroc du nouvel ensemble sous-régional est une nécessité absolue surtout qu’il sert aujourd’hui de plate-forme à l’armée israélienne et au Mossad qui n’ont jamais caché leur objectif d’imposer leur ordre au Maghreb.
Khider Larbi