Emprisonnement du journaliste Belkacem Haouam : La classe politique dénonce fermement
La mise en détention du journaliste du quotidien Echourouk Belkacem Haouam à la suite d’une plainte du ministère du Commerce suscite une vague d’indignation au sein de la corporation et de la classe politique qui dénonce une dérive qui va à l’encontre des principes constitutionnels et des garanties à l’exercice de la profession de journaliste. Dans ce contexte, le Mouvement de la Société pour la paix a affiché son étonnement et son inquiétude, dénonçant un comportement qui devient « répétitif à l’encontre des journalistes et des professionnels des médias ». Dans un communiqué signé par Abderrezak Makri le MSP « condamne une détention provisoire décidé, sans achever les procédures d’un procès complet et équitable ». Et d’ajouter que «le motif annoncé porte atteinte à la liberté d’opinion et d’expression». Il s’est dit étonné du recours à une telle mesure, alors qu’il aurait suffi à «la partie préjudiciée( ministère du Commerce, NDLR) d’user du droit de réponse, et non de recourir à la justice», a recommandé le MSP, soulignant que «le journaliste est en droit de traiter tout sujet d’opinion publique nationale, et qu’il est en droit de protéger la source de ses informations, ce qui est garanti par la Constitution, qui préserve la protection de la confidentialité des sources jusqu’à la prévention contre kes peines privatives de liberté». Le MSP déplore que «larépétition de telles pratiques confirme la détérioration constatée dans le domaine des droits de l’homme, la dégradation des acquis dans le domaine de la liberté d’opinion, d’expression et de la presse, qui viole les textes légaux et constitutionnels, touche au cœur des engagements pris par les autorités, et nuit à l’image de l’Algérie». L’ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi a, de son côté, affirmé «avoir été choqué par la nouvelle de l’arrestation et de l’emprisonnement d’un journaliste du quotidien Echourouk pour avoir publié des informations que le gouvernement avait le droit de démentir sous l’une des formes utilisées dans tous les médias du monde moderne». « La confiscation de la liberté d’un journaliste après avoir publié des informations à caractère commercial est une preuve de l’exploitation continue de la justice à des fins politiques en Algerie », a-t-il indiqué. Abdelaziz Rahabi rappelle que tout « pays est construit sur le pilier du pluralisme, de la justice et de la liberté d’expression, il est garant de la dignité humaine, et notre gouvernement doit accepter que la société exige la des comptes plutôt que l’absolutisme, ce que les autorités précédentes ont tenté sans succès ni faisabilité». Idem du côté du Mouvement El Bina qui a condamné l’emprisonnement du journaliste Belkacem Haouam. Dans un communiqué, le parti d’AbdelkaderBengrina a affirmé que «bien que nous n’ayons pas à contester les décisions définitives de la justice algérienne, nous, au sein du Mouvement El Bina, regrettons la décision de détention provisoire du journaliste». Le parti estime que si l’on peut ne pas être nécessairement d’accord avec le contenu de l’article qui a valu au journaliste des poursuites, la décision de l’emprisonner soit être rejetée. «Par conséquent, nous appelons les autorités concernées à prendre les mesures nécessaires pour traiter son cas afin qu’il puisse reprendre l’exercice de ses fonctions de journaliste, et à garantir respect et l’honneur au journaliste, ainsi qu’au groupe Echourouk qui s’est battu pour la défense de l’intérêt suprême de la Nation», écrit El Bina. Pour sa part, le parti de Jil Djadid a estimé que « la détention d’un journaliste dans l’exercice de sa mission journalistique soulève un certain nombre de problèmes et d’interrogations juridiques et politiques ». Jil El Jadid affiche «son mécontentement face au recours automatique et excessif à la détention provisoire et la considère comme une sanction déguisée avant la prononciation du verdict, violant la présomption d’innocence, l’un des principes fondamentaux des droits de l’accusé en droit algérien». Le parti de Sofiane Djilali a rappelé que «la constitution algérienne interdit de soumettre un délit de presse à une peine privative de liberté, ce qui rend la décision de détention provisoire dans cette affaire incompréhensible et inacceptable». Le parti rappelle que «la priorité du gouvernement dans cette circonstance est de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions de l’État». Et d’ajouter que «cela exige un certain sens politique et pédagogique en cas de désaccord. Utiliser le droit de réponse et expliquer la position officielle aurait été une incarnation sur le terrain des obligations de l’État de respecter les libertés fondamentales du citoyen, y compris la liberté de la presse, au lieu de poursuivre un journaliste pour avoir traité un dossier qui concerne la santé du citoyen et l’économie du pays».Le parti Jil El Jadid exprime «une fois de plus son mécontentement face à la situation», appelant « à la libération du journaliste conformément aux dispositions de la constitution et de la loi»
De son côté, le Conseil national des journalistes algériens, ainsi que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, ont affirmé que «la décision d’emprisonner le journaliste du journal EChourouk, Belkacem Haouam, est à la Constitution, qui interdit la privation de liberté contre les hommes des médias». Dans son communiqué, le Conseil national des journalistes algériens se dit « surpris par l’arrestation du confrère du journal Echourouk, Belkacem Haouam, après qu’il ait publié un article sous le titre « Arrêt immédiat à l’exportation des dattes algériennes», basé sur les informations d’opérateurs du secteur». Il a expliqué: «Selon les informations présentées sur l’affaire, l’article a été présenté comme nuisible à l’économie nationale, et sur cette base, le journaliste rédacteur a été entendu, emprisonné sans lui avoir accordé le droit à un procès au sens large », rappelant que «la constitution stipule dans son article 44 que la détention provisoire est une mesure exceptionnelle, et que l’article 54 de la constitution stipule qu’un délit de presse ne peut être passible d’une peine privative de liberté». Enfin, l’Association de Protection et d’orientation du Consommateur et de son environnement a carrément remis en cause le motif invoqué pour justifier l’emprisonnement du journaliste. décisions de justice ». « Belkacem Haouam ne sert pas des lobbies ni des agendas visant à nuire au produit national», a assuré l’Apoce. «Il a toujours été à nos côtés dans les campagnes de défense du produit algérien», a rappelé cette organisation, joignant sa voix à celles appelant «à la libération du journaliste».
Salim Abdenour