Ouverture du capital des banques publiques, gouvernance de la BA et digitalisation : Quelles réformes attendre en 2023 ?
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a donné, hier, un aperçu sur les amendements qui ont été inscrits dans le projet de Loi sur la monnaie et le crédit qui a été approuvé la veille en Conseil des ministres. Il est question, entre autres, d' »accorder au Conseil de la monnaie et du crédit de nouvelles prérogatives qui vont lui permettre d’accompagner les transformations que connaît l’environnement monétaire national ». A cet effet, en plus du « renforcement » du rôle de la Commission bancaire, le législateur a prévu la création d’une Commission nationale des paiements. D’autre part, l’avant-projet prévoit la mise sur pied du « dinar numérique algérien ». A cette occasion, le Premier ministre a indiqué que le secteur connaîtra, durant l’année 2023, l’ouverture du capital de deux banques publiques.
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, s’est exprimé, hier, lors de son intervention faite à l’ouverture des travaux de la conférence sur les défis futurs des banques centrales, organisée à l’occasion de la célébration du 60ème anniversaire de la Banque d’Algérie. Ainsi, il a indiqué que l’actualisation du cadre législatif national, via l’amendement de l’Ordonnance n°03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit, a été initié afin « d’accompagner la réforme économique » en cours. Les amendements visent, à cet effet, le « renforcement de la gouvernance du système financier à sa tête la Banque d’Algérie » et « l’amélioration de sa transparence ». Il est question aussi « d’accorder au Conseil de la monnaie et du crédit de nouvelles prérogatives qui vont lui permettre d’accompagner les transformations que connaît l’environnement monétaire national », d’ « élargir ses prérogatives en matière d’agrément des banques d’investissements et numériques et ceux qui proposent des services de paiement et les intermédiaires indépendants », ainsi que « l’octroi d’autorisation des bureaux de change ». Le premier ministre a également évoqué le « renforcement du rôle de la commission bancaire, comme autorité de supervision », étant « une instance administrativo-judiciaire ». Autre nouveauté, la mise en place d’une « commission de la stabilité financière », qui va être créée pour la première fois, a-t-il précisé, et dont la mission est d’effectuer un « contrôle de précaution intégral » et « la gestion des crises ». Une commission qui va « permettre à la Banque d’Algérie d’asseoir sa mission qui est de garantir une stabilité financière ». Il est question aussi d’une « commission nationale des paiements qui sera chargée d’établir une stratégie nationale pour le développement des moyens de paiements, le suivi de son exécution ». Le projet de loi vise, d’autre part, à « adapter les mécanismes d’interventions » notamment pour ce qui est d’opérations comme la finance islamique et le financement vert, a indiqué Benabderrahmane. A propos de la numérisation des payements, « autre défi auquel fait face la Banque d’Algérie, a-t-il précisé, celui-ci a évoqué « l’adoption du format numérique de la monnaie », qui sera appelé « le dinar numérique algérien ». « Parmi les principaux ateliers ouverts à la Banque d’Algérie, figure la numérisation des paiements en s’orientant vers l’adoption d’une forme numérique de monnaie, dont elle assurera l’émission, la gestion et le contrôle sous le nom de dinar numérique algérien », a-t-il déclaré, en précisant que ce « dinar numérique » constituera « un soutien à la forme physique de la monnaie fiduciaire ». Des développements et nouveautés qui sont porteuses d’autres défis en matière de « sécurité numérique » pour la Banque d’Algérie qui doit y faire face, a-t-il encore indiqué.
Des succursales dans les pays arabes
Sur un autre plan, et après avoir rappelé les avancées qu’a connues la Banque d’Algérie depuis sa création, le Premier ministre a mentionné quelques nouveautés que connaîtra le secteur dans un proche avenir. En sus des antennes de la Banque d’Algérie qui vont voir le jour « prochainement » au niveau des dix nouvelles wilayas, il a indiqué que des succursales des banques algériennes vont être installées au niveau de certains pays arabes. Tout en exprimant son souhait de voir « le capital privé national investir dans le secteur bancaire, à travers la création de banques commerciales ou spécialisées », Aïmene Benabderrahmane a prié « l’autorité monétaire, en collaboration avec le ministère des Finances, pour accélérer l’ouverture du capital des banques nationales publiques ». « Au moins deux en 2023 », a-t-il déclaré, ajoutant que par la suite suivront « les autres banques et les sociétés ». Il est question, a-t-il expliqué, de « donner un nouveau souffle à la compétitivité et la mise sur le marché de nouveaux produits pour ce qui est des transactions financières ». « C’est l’un des engagements du président de la République que nous devons concrétiser durant l’année 2023 », a-t-il précisé.
Plus de 60 milliards USD de réserve de change
Intervenant durant le même événement, le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), Salah Eddine Taleb, a indiqué que la valeur des réserves de change a dépassé les « 60 milliards de dollars », soit près d’un an et demi d’importations de biens et de services », a-t-il encore ajouté, ceci sachant que « la balance de payement a enregistré, cette année, son premier excédent depuis 2014 ». S’exprimant, pour sa part, sur les amendements de la Loi sur la monnaie et le crédit, celui-ci a estimé que ce projet de loi « va permettre à la Banque d’Algérie d’avancer dans le sens de la modernisation du système financier pour être au diapason des développements actuels et à venir notamment sur le plan technologique, de l’innovation et de mise en place de l’environnement adéquat pour permettre aux opérateurs économiques d’avoir accès à tous les produits financiers modernes ». Le gouverneur de la Banque d’Algérie a rappelé, à cet effet, que « le système bancaire algérien a montré une grande flexibilité » dans un contexte international difficile, notamment avec la pandémie Covid-19. Une période, d’ailleurs, durant laquelle, la banque d’Algérie « a lancé une opération de refinancement des banques d’une valeur de 2100 milliards de dinars pour renforcer la liquidité et relancer l’activité économique », et ce, « pour faire face aux retombées de la pandémie ». En 2022, la BA a fait face à un nouveau défi, a-t-il ajouté, en matière de maîtrise de l’inflation, en tant que phénomène mondial. « La Banque centrale s’étant concentrée sur l’adoption d’une politique monétaire pragmatique, notamment le taux de change, comme mécanisme pour atténuer l’inflation importée et préserver le pouvoir d’achat du citoyen », a-t-il déclaré à cet effet.
Elyas Nour