Le CIC abrite dimanche les 2e Réunions sur l’Appel en faveur du Sahel : L’Algérie au chevet du Sahel
Le terrorisme au Sahel est alimenté pour une très large part par la pauvreté et le sous-développement qui frappent la région depuis plusieurs années. Un rapport publié au début du mois par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), confirme d’ailleurs que l’espoir de trouver du travail est désormais le principal facteur qui pousse des hommes et des femmes à rejoindre des groupes extrémistes violents en nette croissance en Afrique subsaharienne.
L’Algérie abritera les 26 et 27 février, au CIC, les travaux de la 2e réunion qui s’inscrit dans le cadre des cycles de discussions sur l’Appel en faveur du Sahel, adoptées par le Parlement international lors de son 1er Sommet mondial sur la lutte contre le terrorisme, tenu en septembre 2021 à Vienne. « Cet Appel repose sur un plan d’action à mettre en œuvre dans une série de réunions visant le renforcement de cinq axes, à savoir l’environnement, la population, la sécurité, l’enseignement et le développement », précise un communiqué rendu public samedi par l’Assemblée populaire nationale (APN).
Les travaux de la région d’Alger se tiendront sous forme de séances de débats réparties sur cinq ateliers. Ils aborderont des questions liées au rôle des leaders des sociétés locales dans la lutte contre le terrorisme et la prévention contre l’extrémisme violent, outre le renforcement de la résistance face aux tentatives visant à entrainer les femmes, les enfants et les jeunes dans la région du Sahel vers l’extrémisme. La réunion sera marquée par la participation des membres du groupe consultatif de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, de parlementaires, de savants religieux, de responsables locaux de la région du Sahel, de représentants des Nations unies, de membres des assemblées parlementaires régionales, de victimes du terrorisme, de représentants de la société civile, d’ONG et un groupe d’experts. Les travaux seront sanctionnés par une série de recommandations à soumettre au Sommet mondial à propos de la réponse mondiale à l’Appel en faveur du Sahel, qui sera organisé dès la fin des réunions programmées dans ce cadre.
L’événement intervient dans un contexte marqué une importante recrudescence du terrorisme. Rien qu’en 2022, le terrorisme a fait près de 10.000 victimes. La région est d’ailleurs considérée par de nombreux spécialistes comme l’épicentre mondial du terrorisme. La menace posée, par exemple, par Daech pour la paix et la sécurité régionale reste élevée et a augmenté dans et autour des zones de conflit où le groupe et ses affiliés sont actifs. Selon l’ONU, l’expansion de Daech et de ses affiliés est particulièrement préoccupante en Afrique centrale et australe, ainsi qu’au Sahel.
Le terrorisme au Sahel est alimenté pour une très large part par la pauvreté et le sous-développement qui frappent la région depuis plusieurs années. Un rapport publié au début du mois par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), confirme d’ailleurs que l’espoir de trouver du travail est désormais le principal facteur qui pousse des hommes et des femmes à rejoindre des groupes extrémistes violents en nette croissance en Afrique subsaharienne. Intitulé « Sur les chemins de l’extrémisme en Afrique : les voies du recrutement et du désengagement », le rapport en question souligne l’importance des facteurs économiques en tant que moteurs du recrutement. Il s’appuie sur des entrevues réalisées auprès de 2.200 personnes dans huit pays, à savoir le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, le Mali, le Niger, le Nigéria, la Somalie et le Soudan.
Terrorisme, néocolonialisme et guerres d’influences
Un quart des recrues volontaires interrogées ont mentionné le manque d’opportunités d’emploi comme principale raison de leur adhésion aux groupes extrémistes violents, soit une augmentation de 92% par rapport aux conclusions d’une étude sans précédent du PNUD de 2017. La religion constitue désormais la troisième raison d’adhésion, citée par 17% des personnes interrogées, soit une diminution de 57% par rapport aux résultats de l’étude de 2017. Près de la moitié (50%) des personnes interrogées ont mentionné un événement déclencheur spécifique les poussant à rejoindre des groupes extrémistes violents. Parmi ces personnes, 71% ont évoqué des violations des droits humains, souvent commises par les forces de sécurité de l’État, comme « leur point de basculement». Le PNUD convient aussi que l’Afrique subsaharienne est devenue le nouvel épicentre mondial de l’extrémisme violent enregistrant 48% des décès dus au terrorisme dans le monde en 2021. « Cette poussée de l’extrémisme violent a non seulement un impact négatif sur la vie, la sécurité et la paix, mais risque aussi d’annihiler les gains en matière de développement durement acquis pour les générations à venir », a précisé l’agence onusienne.
Pour contrer et prévenir l’extrémisme violent, le PNUD recommande dans son rapport un investissement plus important dans les services sociaux de base, y compris la protection de l’enfance, l’éducation, les moyens de subsistance de qualité ; ainsi qu’un investissement dans le renforcement des capacités des jeunes hommes et femmes. Il appelle également à intensifier les possibles voies de sortie des recrues et à investir dans les services de réadaptation et de réintégration à base communautaire. Il faut aussi convenir que le terrorisme au Sahel se nourrit grandement aussi de la fragilité et de l’instabilité des Etats. Le problème des ingérences étrangères et des guerres néocoloniales (Libye) menées par certains pays occidentaux pour faire main basse sur les ressources manières de la région sont également un facteur aggravant. Le Sahel et plus largement l’Afrique sont devenus le nouveau théâtre de confrontations entre les grandes puissances. Ces éléments sont indéniablement la cause de la déstabilisation durable du Sahel. Tous les récents rapports de l’ONU plaident en faveur d’une mobilisation massive et sur tous les plans de la communauté internationale pour sortir la région de l’œil du cyclone.
Khider Larbi