Un appel à la coordination au sein de l’Opep+ lancé : De nouvelles mesures pour stabiliser les cours du brut ?
Les cours du brut dégringolent et le Brent se rapproche du seuil des 70 dollars, soit un plus bas depuis décembre 2021. Dans ce sens, un appel a été lancé pour une coordination au sein de l’Opep+ examiner la situation du marché et prendre les mesures qui s’imposent pour stabiliser les prix. C’est du moins ce que semble souhaiter le Secrétaire général de l’Opep, Haitham Al Ghais.
En effet, le Gouvernement irakien a indiqué hier dans un communiqué répercuté par l’agence de presse britannique Reuters, qu’une rencontre a réuni le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani et le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, Haitham Al Ghais. Une réunion au cours de laquelle les deux responsables « ont souligné la nécessité d’une coordination entre les pays exportateurs de pétrole pour garantir que les prix ne fluctuent pas et n’affectent pas les pays exportateurs et consommateurs », indique le communiqué. S’agit-il d’un signe avant-coureur de nouvelles mesures qui seraient susceptibles prises pour stabiliser les cours ? Il est utile de rappeler dans ce contexte que les pays de l’Opep et leurs alliés signataires de la Déclaration de coopération ont décidé le 2 octobre dernier d’opérer une coupe de la production de pétrole de deux millions de barils/jour afin de stabiliser le marché et éviter que les prix ne s’effondrent, la finalité étant d’assurer les financements pour les investissements nécessaires dans l’exploration et la production et garantir l’offre à terme. Depuis, et face au manque de visibilité sur le marché, l’Opep+ a maintenu sa politique de production et opté pour le statu-quo, non sans souligner qu’elle était prête à prendre les mesures qui s’imposent pour stabiliser les prix. Une position que l’Opep maintient, malgré les pressions de l’administration américaine pour augmenter l’offre.
La prochaine réunion de du Comité ministériel de suivi et de la conférence ministérielle de l’Opep+ est prévue le 2 avril prochain. Et au regard de l’évolution récente du marché pétrolier et des craintes sur la croissance, notamment dans le sillage des récentes bancaires, la possibilité de voir l’Opep+ réduire sa production n’est pas à écarter, d’autant que toutes les options restent ouvertes. L’appel à la coordination au sein de l’Opep+ pourrait s’inscrire dans ce sens et les données du marché semble plaider pour une action de l’Opep.
En effet, les cours du brut poursuivaient hier leur baisse atteignant un nouveau plus bas depuis décembre 2021. Vers 11H00 GMT, le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en mai abandonnait 1,81%, à 71,65 dollars, peu après avoir frôlé le seuil symbolique des 70 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en avril, perdait 1,84%, à 65,51 dollars, après avoir touché 64,12 dollars, un nouveau plus bas depuis décembre 2021. Une baisse alimentée par les craintes suscitées par les faillites de Silicon Valley Bank et de Signature Bank, ainsi que les difficultés de Crédit Suisse. Pour Tamas Varga, analyste chez PVM Energy, l’inquiétude règne sur les marchés, « car personne ne peut savoir quelle sera l’ampleur des difficultés bancaires ». La crise bancaire actuelle éloigne les investisseurs des actifs à risques, comme les matières premières. Mais pour M. Varga, « il serait absurde de croire que les turbulences financières sont le seul facteur à l’origine » de la baisse des prix du brut. « Le fait est que le marché mondial du pétrole est actuellement bien approvisionné, voire excédentaire », rappelle-t-il. D’un côté, la demande chinoise, premier pays importateur de brut au monde, n’a pas encore repris significativement. Et de l’autre, « la production pétrolière russe se maintient de manière inattendue », note M. Varga.
Samira Ghrib