Irrigation agricole : L’épuration des eaux usées, un choix stratégique
Le recours aux eaux épurées pour assurer la couverture des besoins de l’agriculture en irrigation est l’autre choix stratégique des plus autorités de l’État pour faire face au stress hydrique.
L’année 2023 risque d’être l’une des années plus chaudes de l’histoire de l’Humanité. Les phénomènes météorologiques extrêmes se manifestent déjà avec des vagues de chaleur intenses dans le sillage du retour du phénomène El-Nino mais aussi du changement climatique. Les instances internationales avertissent et interpellent les gouvernements à anticiper sur ces phénomènes qui peuvent avoir un sérieux impact sur les activités économiques, notamment sur l’agriculture. Avec des sécheresses qui risquent à l’avenir d’être plus fréquentes et plus longues, la nécessité de réfléchir à des solutions à long terme pour garantir l’approvisionnement des exploitations agricoles en eaux d’irrigation s’impose. C’est dans ce contexte que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a validé il y a quelques jours un programme pour le développement de l’épuration des eaux usées pour la couverture des besoins de l’industrie et de l’agriculture. L’objectif de se programme est de porter le taux d’épuration à 40% des eaux usées. C’est justement dans cette perspective qu’un comité multisectoriel sera installé incessamment pour tracer une feuille de route permettant de développer davantage l’utilisation des eaux épurées dans l’irrigation agricole. Selon le président de la Chambre nationale d’agriculture (CNA), Mohamed Yazid Hambli, « le comité qui regroupera plusieurs secteurs dont l’agriculture, l’hydraulique, l’environnement et les énergies renouvelables, la santé en plus des professionnels du secteur, permettra de coordonner les efforts en vue d’aboutir à des solutions adaptées pour optimiser l’utilisation de cette ressource importante dans l’irrigation des cultures et faire face au stress hydrique provoqué par le changement climatique. De son côté, le directeur de l’exploitation et de la maintenance à l’Office national de l’assainissement (ONA), Salah Lahlah a expliqué hier en marge d’une journée consacrée au thème de l’épuration des eaux usées que cette nouvelle structure aura pour principal objectif la mise en place d’un cadre organisationnel qui permettrait d’augmenter la cadence de l’utilisation des eaux épurées dans le secteur agricole, en vue d’atteindre le taux de 40% fixé par le président de la République lors de la dernière réunion du Conseil des ministres. « Nous disposons d’un parc de 210 stations d’épuration à l’échelle nationale qui nous permettra d’augmenter de manière substantielle le volume des eaux usées épurées dans l’irrigation », a-t-il souligné, tout en considérant que cette ressource « inépuisable » constituait « une alternative intéressante et efficace pour faire face au stress hydrique ». Cela permettra de diminuer la pression de la demande sur les ressources conventionnelles notamment celles souterraines qui constituent un réservoir stratégique pour la sécurité hydrique et alimentaire du pays, a-t-il indiqué. Abondant dans le même sens, le sous-directeur de l’irrigation et de l’adaptation de l’agriculture au changement climatique au niveau du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Halim Benmessaoud, a estimé que les eaux traitées devrait contribuer à une augmentation considérable des surfaces irriguées, d’où l’importance, selon lui, d’adopter des solutions innovantes pour optimiser l’exploitation de cette ressource. « Actuellement, les capacités de traitement des eaux usées par les stations d’épuration dépassent les 480 millions de mètres cubes par an », a-t-il avancé, ajoutant que cette quantité est « largement suffisante pour l’irrigation de 100.000 hectares ». Les surfaces irriguées par cette ressource non conventionnelle sont en augmentation. Elles sont passées de 1.000 hectares en 2019 à 4.000 hectares en 2021, a-t-il fait savoir.
Samir Benisid