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Migration clandestine: S’attaquer aux racines du mal

Dans un message lu en son nom par le Premier ministre aux travaux de Conférence internationale sur le développement et la migration, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a plaidé pour une approche en matière de lutte contre la migration clandestine assise sur le développement et la promotion de la paix et de la sécurité.

La Méditerranée est devenue un véritable tombeau pour des migrants qui n’hésitent pas à faire la traversée de tous les dangers, dans leur quête de chimères ou leur fuite de zones de conflits ou de conditions de vies insupportables. Ainsi, et selon le bilan de l’Organisation internationale des migrations pour le premier trimestre 2023, 441 décès de migrants ont été recensés. Depuis 2014, le bilan de l’OIM fait état de plus de 20.000 morts. Des chiffres loin de refléter le drame humain qui se joue en Méditerranée. Une question qui a été au cœur de la Conférence internationale sur le développement et la migration abritée par Rome en Italie, pays devenu l’une des principales destinations des migrants qui font la traversée. Une rencontre à laquelle le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane a pris part en tant que représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. L’occasion de présenter l’approche algérienne en matière de lutte contre la migration clandestine. Une approche globale qui prône de s’attaquer aux causes profondes qui alimentent les phénomènes migratoires soit le sous-développement, l’insécurité et les conflits et provoquent le déplacement des populations notamment en Afrique. Ainsi dans un message lu en son nom, le Président Abdelmadjid Tebboune a mis en avant avant « l’intérêt extrême » qu’accorde l’Algérie au dossier de la migration clandestine, notamment en ce qui a trait à son étroite corrélation avec le développement et aux défis et problématiques de ce phénomène, qu’il convient de pallier. Le Président Tebboune a, en outre, souligné que la rencontre de Rome « intervient dans un contexte marqué par l’aggravation de la migration clandestine dans notre région », avec tout ce que pose cette situation comme défis et scènes tragiques récurrentes. Tout cela est dû à un ensemble de motifs « dont les effets sont connus de tous », à leur tête les dysfonctionnements structurels dans la démarche de développement de plusieurs pays, ajoutés aux guerres, aux conflits, à l’extension des foyers de tension, à l’insécurité, à la croissance du phénomène du terrorisme, au crime transfrontalier, aux changements climatiques, ainsi qu’à la dégradation de la situation socio-économique, a-t-il ajouté. « Ce phénomène pose désormais de dangereux défis sécuritaires, du fait de ce qui les accompagne comme pullulement du crime organisé et infiltrations, par des organisations subversives, des réseaux de contrebande et de traite des êtres humains, en vue de faciliter le mouvement des terroristes via de fausses identités », ce qui « menace, désormais, la sécurité intérieure des Etats », ajoute le Président Tebboune. Quant à l’Algérie, elle « est passée, grâce à sa position géostratégique, au développement économique qu’elle connaît ces derniers temps et à la stabilité qui la caractérise, d’un pays de transit à un pays d’accueil et de sédentarisation des migrants en provenance de pays sahélo-sahariens et de certaines zones de conflit dans des pays africains et arabes ». Cette situation s’est accentuée, poursuit le Président de la République, du fait des mesures et dispositions sécuritaires de protection des frontières extérieures de l’Union européenne et de durcissement des procédures d’octroi de visas. « Cependant, l’Algérie, mue par sa solidarité permanente avec les pays voisins, a adopté durant de longues années, une politique relativement tolérante vis-à-vis de ces flux », ce qui a entrainé « une hausse inédite du nombre de migrants clandestins qui se sont installés sur son territoire, avec tout ce qu’un tel phénomène peut engendrer comme répercussions à différents niveaux ». Au vu de tout ce qui précède, le Président de la République a affirmé que ce phénomène prendrait des proportions plus importantes à l’avenir, si les mesures nécessaires ne sont pas prises, ni mises en œuvre à temps. Il a estimé, dans ce contexte, que le traitement sécuritaire du dossier de la migration « bien qu’il réponde au besoin urgent de maintien de l’ordre public et de lutte contre les réseaux de passeurs et de traite d’êtres humains, ne contribue pas à faire face à ce phénomène de manière durable ». Il est, donc, impératif d' »envisager des solutions globales qui garantissent la stabilité, stimulent la dynamique de développement et créent des opportunités d’emploi pour les jeunes dans les pays d’origine afin d’endiguer le phénomène de migration clandestine » a-t-il souligné. Par conséquent, le Président Tebboune a préconisé de « placer la coopération Nord-Sud à un rang supérieur pour apporter aide et assistance aux pays du Sud, en élevant le niveau des contributions qui leur sont apportées en matière de développement ». Le président de la République a également réaffirmé que

l’Algérie « poursuivra son soutien aux efforts de développement en Afrique », rappelant la mobilisation d’un milliard de dollars pour soutenir le développement et l’intégration dans ces pays. « Les premiers pas de la mise en œuvre de cette décision concernent la conception de projets de développement au profit des pays africains, notamment le Niger et le Mali », ce qui représente « une véritable contribution aux efforts de développement pour lutter efficacement contre la migration clandestine », a-t-il ajouté.

Notons qu’à l’ouverture de cette conférence, la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni s’est félicitée du taux important de participation à ce rendez-vous, « ouvrant ainsi la voie à un nouveau processus multilatéral basé sur le respect et le dialogue à même d’aboutir à des résultats concrets et satisfaisants pour tous ». Ce dialogue qui réunira les pays concernés par ce phénomène dans les deux sens, « offrira de nombreuses opportunités de coopération et de coordination en vue de conjuguer les efforts pour mettre fin aux souffrances humaines engendrées par la migration clandestine et les pertes économiques qui en découlent », a déclaré Mme Meloni A cet égard, elle a également expliqué que l’un des engagements de son gouvernement consistait en le soutien au développement des pays africains qui constituent une source de migrants clandestins, ce qui représente une grande perte de ressources humaines, notamment les jeunes, un objectif qui peut être atteint à travers « la création de projets de développement dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’énergie et des infrastructures afin d’asseoir les fondements de la stabilité dans ces pays » a-t-elle affirmé. « Cependant, il faut pour cela trouver les financements nécessaires, ce qui constitue l’un des principaux objectifs de cette conférence internationale », a ajouté Mme Meloni. En contrepartie, l’approche italienne en matière de lutte contre la migration clandestine visant à limiter ses effets négatifs est fondée sur « le renforcement du soutien destiné aux pays européens confrontés à ces flux », poursuit la présidente du Conseil des ministres italien.

Il est utile de rappeler que cette conférence s’inscrit dans le cadre d’une approche globale promue par la présidente du Conseil des ministres italien. C’est dans ce même cadre que Giorgia Meloni a présenté son Plan Mattei pour l’Afrique qui s’articule autour de certains axes, notamment une approche de lutte contre la migration clandestine assise sur des aides au développement, en plus de la création d’un marché énergétique africain et méditerranée intégré qui doit faire de l’Italie un hub énergétique central en Europe. Le plan Mattei, promu par la Première ministre italienne fait référence au fondateur d’ENI, Enrico Mattei. La formule inspirée par Mattei met l’accent sur la collaboration avec les pays d’Afrique et d’Afrique du Nord, rompant avec le modèle d’exploitation hérité du colonialisme.

Lyes Saidi

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