Le gaz « restera important » pendant longtemps
Les risques que font peser les appels à un désinvestissement dans le secteur du gaz sur les capacités à couvrir les besoins de la demande énergétique future ont une nouvelle fois été mis en avant hier. Le groupe énergétique français TotalÉnergies a estimé hier que le gaz sera encore important pendant au moins les trois prochaines décennies.
Les prévisions de l’Agence internationale de l’Énergie en ce qui concernant la structure future du marché énergétique mondial ont été, une fois de plus battues en brèches. L’agence qui se targue de défendre les intérêts des pays consommateurs d’énergie a prévue dans un récent rapport que dans le sillage de l’action climatique et des efforts de décarbonation de l’économie mondiale, la demande en énergies fossiles, notamment, en gaz et en pétrole atteindrait son pic en 2030. Elle a dans ce sens appelé à cesser les investissements dans les hydrocarbures pour répondre aux objectifs de l’accord climatique de Paris. Un appel qui a été vivement critiqué par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) qui ont souligné les dangers que peut faire peser cet appel aux capacités du secteur à répondre à la demande énergétique future. Les deux organisations ont également mis en avant le manque de réalisme des prévisions de l’AIE, et soulignent que les hydrocarbures continueront de constituer une part importante du mix énergétique mondial à terme. Un avis partagé par les grandes firmes internationales, notamment dans le secteur du gaz. C’est dans ce contexte que le Français Total Énergies a souligné dans un récent rapport que la demande en gaz va rester soutenue dans les années à venir, notamment pour répondre aux évolutions du système énergétique mondial qui compte se tourner de plus en plus vers le renouvelable. Selon TotalÉnergies, la part du gaz naturel dans la demande mondiale d’énergie va se maintenir autour de 22% à 24% d’ici 2050, et ce, quel que soit le scénario et l’effort mondial pour enrayer le réchauffement climatique.
Si il estime nécessaire de se tourner vers les énergies renouvelables, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (CO2) tout en soulignant qu’il faudrait aussi pouvoir gérer les intermittences et assurer la fiabilité du système électrique. Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies explique aussi que rien que dans les pays asiatiques, la décarbonation va notamment passer par une utilisation moindre du charbon, et donc, davantage de gaz. « C’est une réalité », a appuyé le PDG. Celui-ci tacle d’ailleurs l’AIE. « On peut arriver à la neutralité carbone en 2050 en faisant des efforts importants. (…) Mais on voit bien que le chemin est plus compliqué que la fameuse trajectoire linéaire de la baisse de consommation de pétrole envisagée par l’AIE », a indiqué Patrick Pouyanné. Pour rappel, le Forum des pays exportateurs de gaz a mis en garde, au terme de sa 25e Réunion ministérielle tenue au mois d’octobre dernier contre les appels « malavisés » à l’arrêt de l’investissement dans le gaz naturel, soulignant l’importance de cette ressource propre pour l’avenir du paysage énergétique. Le Forum a estimé que l’arrêt des investissements dans ce secteur entraînerait « une diminution de l’offre, une hausse excessive des prix et un retour potentiel au charbon, comme cela s’est produit en 2022, sapant les objectifs de réduction des émissions ». Il a également mis en avant le rôle « essentiel » des investissements pour maintenir la stabilité des marchés du gaz naturel, soulignant « la nécessité de créer un environnement qui encourage un investissement sans restriction, tout en renforçant la coopération financière transcontinentale en la matière ».
Samira Ghrib