Afghanistan : Les talibans promettent un gouvernement inclusif
Le cofondateur et numéro deux des talibans, Abdul Ghani Baradar, est arrivé hier à Kaboul pour « rencontrer des responsables talibans et des responsables politiques pour l’établissement d’un gouvernement inclusif », a déclaré à l’AFP un haut responsable taliban.En attendant, les talibans assurent que leur future gouvernance sera différente que celle passée et affichent la volonté de développer des liens avec tous les pays.
Les talibans ont l’intention de développer des liens diplomatiques et commerciaux avec tous les pays, « en particulier avec les Etats-Unis d’Amérique », a twitté hier le mollah Abdul Ghani Baradar, chef politique des talibans d’Afghanistan.Le mollah Baradar a ainsi démenti les informations de certains médias selon lesquelles les talibans n’ont pas l’intention d’entretenir des liens diplomatiques et commerciaux avec Washington. »Nous ne parlons jamais de couper les liens commerciaux avec quelque pays que ce soit. La rumeur concernant cette nouvelle est de l’ordre de la propagande. Ce n’est pas vrai », a-t-il déclaré.Plus tôt dans la journée, des informations non confirmées avaient indiqué que le mollah Baradar était arrivé à Kaboul depuis Kandahar (sud) pour mener des consultations avec les dirigeants afghans sur la création d’un nouveau gouvernement. Il était rentré mardi à Kandahar depuis Doha, capitale du Qatar.Mardi, le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid avait déclaré qu’ils avaient l’intention de former un gouvernement inclusif et qu’ils ne voulaient pas avoir d’ennemis internes ou externes. Depuis l’arrivée de Baradar sur le sol afghan, les talibans ont assuré que leur règne serait « différent » du précédent (1996-2001).
Six jours après leur prise de contrôle, le devenir politique de l’Afghanistan préoccupe moins la communauté internationale que l’évacuation, dans le chaos le plus total, de milliers d’Afghans.Hier , les routes menant à l’aéroport de Kaboul continuaient d’être congestionnées. Malgré des jours d’échec, des milliers de familles se massaient encore devant l’aérodrome, espérant monter par miracle dans un avion. Devant elles, des militaires américains et une brigade des forces spéciales afghanes se tenaient aux aguets pour les dissuader d’envahir les lieux.Derrière eux, des talibans, désormais accusés de traquer des Afghans ayant travaillé pour l’Otan pour les arrêter et de restreindre l’accès à l’aéroport qu’ils souhaitent quitter à tout prix, observaient la scène. Selon lun rapport d’un groupe d’experts travaillant pour l’ONU, les talibans possèdent des « listes prioritaires » d’Afghans recherchés, les plus menacés étant les gradés de l’armée, de la police et du renseignement.Le rapport indique que les talibans effectuent des « visites ciblées » chez les personnes recherchées et leurs familles. Leurs points de contrôle filtrent aussi les Afghans dans les grandes villes et ceux souhaitant accéder à l’aéroport de Kaboul.Les talibans affirment que leurs hommes n’étaient pas autorisés à agir ainsi. « Certaines personnes le font encore, peut-être par ignorance (…) Nous avons honte », a tweeté un de leurs hauts responsables, Nazar Mohammad Mutmaeen.
De son côté, le président américain Joe Biden a une nouvelle fois défendu vendredi la gestion du retrait de l’Afghanistan par son administration, récusant les alliés de l’Amérique qui mettent en doute la crédibilité du pays face à l’évacuation chaotique en cours. »Il s’agit de l’une des évacuations aériennes les plus importantes et les plus difficiles de l’histoire, et le seul pays au monde capable de projeter autant de puissance à l’autre bout du monde avec ce degré de précision, ce sont les États-Unis d’Amérique », a dit M. Biden, qui a été largement critiqué pour le retrait bâclé, dans un discours télévisé depuis la Maison Blanche.
Qualifiant la semaine écoulée de » déchirante « , M. Biden a estimé que les États-Unis avaient fait des « progrès significatifs » et évacué d’Afghanistan plus de 18.000 personnes depuis juillet et 13.000 depuis le 14 août.Il s’est engagé à utiliser toute la force de l’armée américaine pour achever le retrait et mettre en sécurité les Américains et leurs alliés afghans qui ont aidé les États-Unis dans ce conflit qui dure depuis 20 ans.Près de 6.000 soldats sont sur le terrain, assurant la sécurité des pistes et montant la garde autour de l’aéroport pour faciliter le départ des civils, a indiqué M. Biden, reconnaissant que la mission d’évacuation est « dangereuse ».
R.I. avec agences