Pétrole : Un baril à près de 100 dollars en 2024 ?
Le cours du baril de Brent de mer du Nord a perdu 8% en 2023. Les cours pourraient remonter, cependant, en 2024.
Les marchés pétroliers ont été marqués par de la volatilité durant l’année qui s’achève les incertitudes économiques et les tensions géopolitiques ont lourdement pesé sur les cours qui ne reflètent plus le fondamentaux du marché. Les cours ont ainsi fini l’année 2023 en baisse et ont été accrochés en dessous des 80 dollars. Cependant, la tendance pourrait s’inverser en 2024, le fait est que les incertitudes économiques et les craintes d’une récession pèsent encore sur les prévisionnistes, lesquels soutiennent aussi l’importance de rendre en compte l’action de l’Opep+ sur les cours.
Les anticipations concernant les cours en 2024 suscitent des divergences. Alors que certaines banques d’affaires qui prennent en compte l’impact du risque géopolitique « qui peut rapidement s’envenimer », n’écartent pas la possibilité de voir un baril au-dessus des 100 dollars. En effet, selon la banque britannique Standard Chartered, le coût du pétrole pourrait monter à 98 dollars en 2024 et à 105 dollars en 2025 face à une demande finalement toujours soutenue et une politique de l’offre très restrictive de l’Opep+. Une prévision qui fait face cependant, à la difficulté de cerner l’évolution de la demande en 2024, notamment en raison des incertitudes économiques. C’est ainsi que la banque Lombard Odier estime que « les marchés devraient enregistrer un léger excédent au premier trimestre 2024, avant qu’un équilibre serré ne se rétablisse plus tard durant l’année. Cela conforte notre point de vue selon lequel les prix se négocieront dans une fourchette comprise entre 80 et 90 dollars pendant la majeure partie de 2024 ».
De son côté Goldman Sachs a récemment réduit sa prévision pour le prix moyen du pétrole l’année prochaine de 12 %, en raison d’une production abondante de pétrole aux États-Unis.
La banque de Wall Street a écrit dans une note il y a quelques jours qu’elle s’attend maintenant à ce que le Brent, la référence mondiale du pétrole, ait une moyenne de 81 dollars le baril en 2024, contre une prévision précédente de 92 dollars le baril. Elle prévoit que le Brent atteindra son maximum à 85 dollars le baril en juin prochain.
Les analystes de la banque ont déclaré que « la raison principale » de la révision des prévisions de prix est liée aux » gains continus de vitesse de forage et d’intensité de complétion de puits » aux États-Unis. Toutefois, dans une note précédente, Goldman Sachs a souligné que l’OPEP ne laissera pas les prix du pétrole glisser trop en dessous de 80 dollars le baril l’année prochaine et agira pour les maintenir dans une fourchette de 80 à 100 dollars. Notons que les prix du pétrole ont conclu en petite baisse vendredi, ne parvenant pas à maintenir les gains dûs à l’apaisement des craintes de rupture d’approvisionnement par la mer Rouge. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, en son premier jour d’utilisation comme contrat de référence, s’est replié de 0,14% à 77,04 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en février, a cédé 0,16% à 71,65 dollars. Ainsi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord est solidement ancré sous le seuil des 80 dollars. Au total, le prix du Brent a perdu 8 % en 2023 et près de 20% depuis ses plus hauts de l’année en septembre dernier Côté du gaz naturel européen, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence du marché en Europe, a littéralement chuté en fin d’année à 32,095 euros le mégawattheure (MWh). Le prix aura donc été divisé par deux en un an, pour retrouver largement ses niveaux d’avant- guerre en Ukraine, ceux de juin 2021. Les analystes de DNB, cités par l’AFP, rappellent que « la demande européenne de gaz reste faible, même si l’on tient compte des variations saisonnières ».
Samira Ghrib