Le Soudan dénonce une « agression » des Émirats arabes unis
Le Soudan a réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour examiner ce qu’il qualifie « d’agression » des Émirats arabes unis « contre le peuple soudanais », via leur soutien Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo.
« Notre représentant permanent auprès de l’ONU a demandé hier (vendredi) une session d’urgence du Conseil de sécurité pour discuter de l’agression des Émirats arabes unis contre le peuple soudanais et leur fourniture d’armes et d’équipements à la milice terroriste » des FSR, déclaré samedi à l’AFP une source diplomatique soudanaise L’agence de presse soudanaise (Suna) a confirmé que le représentant du Soudan, Al-Harith Idriss, avait soumis cette demande et souligné que « le soutien des Émirats arabes unis à la milice criminelle des FSR […] fait des Émirats arabes unis les complices de tous ses crimes ». Dans un communiqué distinct, le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé « sa profonde inquiétude » concernant l’escalade des combats dans la province soudanaise du Darfour du Nord et mis en garde contre une possible offensive imminente des paramilitaires des FSR et milices alliées à el-Facher, capitale de l’État, qui n’est pas sous leur contrôle et abrite un grand nombre de réfugiés. Les Nations unies ont déjà évoqué ce risque vendredi, le Haut-commissaire aux droits de l’homme Volker Türk exprimant « une grave crainte ».
Mise en garde contre les ingérences
Le Conseil de sécurité des Nations unies a exhorté dans un communiqué de presse tous les Etats membres des Nations unies à s' »abstenir de toute ingérence extérieure et à soutenir les efforts visant à instaurer une paix durable ». Il a exprimé son inquiétude concernant les tensions croissantes et les opérations militaires autour d’el-Fasher, la capitale de l’Etat soudanais du Darfour du Nord. Lles membres du Conseil de sécurité ont exprimé samedi « leur profonde inquiétude face à une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de leurs milices alliées contre el-Fasher, qui abrite des centaines de milliers de personnes ayant fui les violences qui sévissent ailleurs ». Ils ont appelé les forces armées soudanaises et les FSR, qui s’affrontent depuis le 15 avril 2023, à « mettre fin au renforcement des forces militaires autour d’el-Fasher » et « à prendre des mesures pour désamorcer la situation tout en respectant leurs obligations au titre du droit humanitaire international ». Les membres du Conseil ont réitéré leur appel à « une cessation immédiate des hostilités ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait déjà mis en garde à maintes reprises contre une attaque sur el-Fasher, un centre humanitaire important de l’ONU.
En décembre, Khartoum a demandé à 15 diplomates émiratis de quitter le pays après qu’un haut commandant de l’armée a accusé Abou Dabi de soutenir les paramilitaires du FSR. Au même moment, des manifestations dans la ville de Port-Soudan (est) réclamaient l’expulsion de l’ambassadeur émirati. En août 2023, The Wall Street Journal, citant des responsables ougandais, a rapporté que des armes avaient été découvertes dans un avion cargo émirati censé transporter de l’aide humanitaire aux réfugiés soudanais au Tchad. La guerre a déjà causé des milliers de morts, détruit les infrastructures déjà précaires du Soudan et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l’ONU.
R.I.