Monde

Manifestations meurtrières au Bangladesh : L’armée déployée

Le Bangladesh est en proie à une crise majeure alors que des manifestations étudiantes ont dégénéré en violents affrontements avec les forces de l’ordre. Le bilan s’élève à au moins 105 morts et 300 policiers blessés selon les derniers chiffres.

Face à l’ampleur de la contestation, le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina a décrété vendredi soir un couvre-feu et déployé l’armée dans les principales villes du pays, notamment dans la capitale Dacca.

« Le gouvernement a décidé d’imposer un couvre-feu et de déployer l’armée pour aider les autorités civiles », a déclaré l’attaché de presse de Mme Hasina, Nayeemul Islam Khan. « Au moins 150 policiers ont été admis à l’hôpital. Cent cinquante autres ont reçu les premiers soins », a indiqué le porte-parole de la police métropolitaine de Dacca, Faruk Hossain, ajoutant que les forces de l’ordre avaient affronté des « centaines de milliers » de manifestants, des heurts qui ont fait au moins 105 morts. Les rues de la capitale Dacca étaient presque désertes à l’aube, des troupes à pied et des véhicules blindés de transport de troupes patrouillant dans cette mégalopole tentaculaire de 20 millions d’habitants. Le couvre-feu restera en vigueur jusqu’à 10H00 (04H00 GMT) dimanche, a rapporté la chaîne privée Channel 24. Au moins 52 personnes ont été tuées vendredi à Dacca où les manifestations ont continué, malgré une interdiction visant tout rassemblement ou réunion publique dans la capitale, selon une liste consultée par l’AFP à l’hôpital universitaire de Dacca. Depuis le début de la semaine, les tirs de la police sont responsables de plus des deux-tiers des morts, selon les descriptions données par les hôpitaux. Après avoir fait fermer les écoles et les universités en début de semaine, les autorités ont aussi coupé l’internet depuis jeudi et vendredi, l’un des principaux opposants, Ruhul Kabir Rizvi Ahmed du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), a été arrêté, selon la police.

Ces manifestations, qui durent depuis 19 jours, visent à obtenir la fin des quotas d’embauche dans la fonction publique, jugés inéquitables par les étudiants. La situation s’est rapidement détériorée cette semaine, avec l’incendie de bâtiments publics et d’une prison.

Pour Pierre Prakash, directeur de Crisis Group Asie, il s’agit peut-être du « défi le plus sérieux » jamais affronté par Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 2009. La gestion de la crise par le gouvernement est largement critiquée, notamment par le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme qui a condamné une répression « particulièrement choquante et inacceptable ». Jeudi, des bâtiments officiels avaient été « incendiés et vandalisés », selon la police, dont le siège de la télévision publique Bangladesh Television (BTV) où plus de 700 personnes ont été blessées, dont 104 policiers et 30 journalistes, selon la chaîne privée Independent Television.

R.I.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *