L’ENA s’ouvre à de nouvelles spécialités:Propulser l’Administration dans le 21e siècle

« Une bonne performance pour les cadres de demain leur permettra de gagner la confiance des citoyens à travers la prise en charge de leurs préoccupations et la satisfaction de leurs besoins. » C’est par ces mots que Brahim Merad, ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, a donné le ton lors du cours inaugural de la 55e promotion de l’École Nationale d’Administration (ENA) à Alger. Dans un amphithéâtre comble, où se côtoyaient walis, cadres et responsables locaux, le ministre a esquissé les contours d’une administration publique en pleine métamorphose. « Nous consacrons ce cours inaugural à un nouveau mode de gestion, dans le cadre d’un programme prospectif de formation d’un système en adéquation avec les évolutions mondiales », a-t-il expliqué, soulignant l’ambition des pouvoirs publics de propulser l’administration algérienne dans le 21e siècle.

Le thème choisi pour cette rentrée, « Le gestionnaire public entre les exigences du contexte actuel et les défis de la gestion par résultats », n’est pas anodin. Il reflète la volonté de l’État de former une nouvelle génération de cadres, capables de conjuguer efficacité et responsabilité sociale. « Les nouveaux modes visent à surmonter les difficultés rencontrées et à améliorer la performance pour répondre aux ambitions des pouvoirs publics », a précisé M. Merad. Cette ambition se traduit concrètement par une refonte en profondeur des programmes de l’ENA. Abdelmalik Mezhouda, directeur général de l’école, a détaillé les innovations : « Nous avons adapté nos programmes pour être en phase avec les enjeux actuels, notamment en matière d’amélioration de la gestion publique, d’efficacité des politiques publiques et de transformation numérique. » L’ouverture de nouvelles spécialités témoigne de cette volonté d’adaptation. Administration électronique, gestion des projets publics, communication et coopération institutionnelles : autant de domaines qui viennent enrichir un cursus déjà solide. « Ces nouvelles filières s’ajoutent aux spécialités existantes comme l’administration locale, les finances et l’audit, portant à dix le nombre des spécialités qui seront ouvertes selon les besoins de l’administration publique », a précisé M. Mezhouda.

Transformation numérique

La transformation numérique occupe une place de choix dans cette réforme. Mais la technologie seule ne suffit pas. Le ministre insiste sur l’importance du facteur humain : « Nous formons des gestionnaires publics, pas de simples technocrates. Ils doivent être capables de comprendre les besoins de la population, d’anticiper les défis et d’y apporter des réponses innovantes. » Cette approche holistique se reflète dans le contenu du cours inaugural, dispensé par le Pr. Omar Hemissi. Expert reconnu et lui-même diplômé de l’ENA, il a abordé des thèmes aussi variés que le management public moderne, la gestion par objectifs, ou encore le rôle des politiques publiques. « Le gestionnaire est le représentant de l’État et responsable de l’exécution des programmes et projets tracés », a-t-il rappelé, soulignant la lourde responsabilité qui pèse sur les épaules de ces futurs hauts fonctionnaires. Cette nouvelle approche s’accompagne d’un renforcement de la coopération internationale. L’ENA, forte de ses partenariats avec des institutions étrangères de renom, entend offrir à ses étudiants une ouverture sur le monde. « Nous voulons former des cadres ancrés dans la réalité algérienne, mais aussi capables de comprendre et d’interagir avec un monde globalisé », explique le directeur Mezhouda. « L’école accueille cette année une nouvelle élite au profit des administrations publiques », a souligné M. Mezhouda, précisant que les 120 lauréats du concours d’accès à l’ENA de la session 2024 « s’ajouteront aux 7.500 diplômés que compte cette école depuis sa création en 1964 ».

Salim Amokrane