Le festival international du film arabe ravive la flamme du 7e art: Oran fait son cinéma
El Bahia s’est parée de ses plus beaux atours pour accueillir la 12e édition du Festival international du film arabe (FIOFA), un événement qui marque le grand retour de l’Algérie sur la scène cinématographique internationale. Après six ans d’absence, ce festival tant attendu fait vibrer la capitale de l’Ouest algérien jusqu’au 10 octobre, réunissant le gratin du cinéma arabe et international dans une célébration haute en couleurs de l’art cinématographique. L’ouverture du festival, présidée par la ministre de la Culture et des Arts Soraya Mouloudji, a donné le ton d’une édition exceptionnelle. Plus de 60 films issus de 17 pays arabes sont au programme, dont 40 œuvres en compétition officielle, promettant une semaine riche en découvertes et en émotions. Le coup d’envoi a été donné avec la projection du long métrage algérien « Aïn Lahdjar » du réalisateur Lotfi Bouchouchi, une comédie noire produite en 2024 qui plonge les spectateurs dans l’histoire d’un village frappé par une tempête dévastatrice.
Mais ce qui a véritablement marqué cette soirée d’ouverture, c’est l’hommage vibrant rendu à quatre figures emblématiques du cinéma. Mohamed Lakhdar Hamina, le légendaire réalisateur lauréat de la Palme d’Or à Cannes, a ému l’assistance dans une allocution vidéo où il a réaffirmé que son « engagement pour le cinéma est avant tout un engagement pour l’Algérie ». Pour lui, la culture et l’histoire algériennes ont toujours été une source d’inspiration inépuisable, nourrissant sa vision d’un cinéma arabe et africain miroir de la société. Le festival a également honoré Costa-Gavras, figure internationale du cinéma et oscarisé pour le film algérien « Z », accompagné de son épouse, la productrice Michelle Ray-Gavras. Le couple a salué les efforts de l’État pour revitaliser son industrie cinématographique, voyant dans cette 12e édition « un nouveau départ » prometteur. L’acteur égyptien Mahmoud Hamida, autre grand nom honoré, s’est quant à lui réjoui du retour du festival après une si longue absence, soulignant son importance capitale pour le cinéma arabe. Cette édition 2024 se distingue par plusieurs innovations. Les spectateurs pourront découvrir des œuvres en première mondiale, africaine et arabe, tandis que de nouvelles sections comme « les Documentaires d’Oran » et « les Classiques d’Oran » enrichissent la programmation. Les amateurs de glamour ne sont pas en reste avec « les Spectacles du tapis rouge », et un Prix du Jury de la Critique a été institué pour récompenser l’excellence cinématographique. Le festival n’oublie pas sa dimension familiale avec une soirée spéciale « Cinéma d’animation », ni sa vocation pédagogique avec l’organisation d’ateliers de représentation artistique et de découpage technique. Une master class animée par le réalisateur Rachid Bouchareb et une séance de critique avec le Libanais Ibrahim Al-Aris promettent des moments d’échange et d’apprentissage précieux. Fidèle à l’engagement historique de l’Algérie, le FIOFA consacre une partie de sa programmation à la Palestine. Intitulé « Distance zéro… de Ghaza à Oran », ce volet présentera 22 œuvres filmées, réalisées et produites dans la bande de Gaza, témoignant de la réalité quotidienne et de la résilience du peuple palestinien. Le cinéma irakien est également à l’honneur cette année, avec une sélection spéciale intitulée « Un regard sur le cinéma irakien ». Alors que les projecteurs illuminent les écrans d’Oran, ce festival s’affirme comme bien plus qu’une simple manifestation culturelle. C’est un pont entre les cultures, un espace de dialogue et de découverte, et surtout, un témoignage vibrant de la renaissance du cinéma algérien. Comme l’a si bien dit Mohamed Lakhdar Hamina, chaque film projeté est « une tentative de porter la voix la plus forte à la région et de mettre en lumière la richesse de nos histoires, nos rêves et notre réalité ». À Oran, pendant une semaine, ces rêves prennent vie sur grand écran.
M. Seghir