Ligue 2: La valse des entraîneurs
Dans le monde impitoyable du football professionnel, la patience est souvent une vertu rare. En Ligue 2, elle semble avoir totalement disparu. Après seulement trois journées de championnat, pas moins de sept entraîneurs ont déjà été remerciés ou poussés vers la sortie. Un constat alarmant qui soulève de nombreuses questions sur la stabilité des clubs et la pression exercée sur les techniciens dans le football national.
La Ligue 2, répartie en deux groupes de 16 équipes chacun, n’a pas encore trouvé son rythme de croisière que déjà les têtes tombent sur les bancs de touche. La troisième journée, disputée le week-end dernier, a été particulièrement meurtrière pour les entraîneurs en difficulté. Sept d’entre eux ont fait les frais de résultats jugés insuffisants par leurs dirigeants, illustrant la pression intense qui règne dès les premiers matchs de la saison. Au MC Saïda, avec seulement deux points en trois matchs, Mokhtar Assas a été invité à résilier son contrat. Ironie du sort, il était déjà le deuxième entraîneur du club cette saison, ayant remplacé Saber Bensmail après seulement deux séances d’entraînement. Dans la maison RC Kouba, l’ancien international algérien, Mourad Karouf, n’aura pas eu le temps de reproduire ses exploits de la saison précédente avec l’O Akbou. Deux points en trois matchs ont suffi à sceller son sort, malgré les ambitions affichées du club. Au RC Arbaa, le jeune entraîneur, Fayçal Kebiche, de retour au bercail, n’a pu récolter qu’un point en trois rencontres. Une 15e place au classement qui a précipité son départ. Le nouvel promu JS Jijel n’a pas fait de cadeaux à son coach. Avec deux points sur neuf possibles, Bouziani Rahmani a été limogé sans ménagement. Arrivé cet été CA Batna, le jeune technicien Majdi El Kordi a fait les frais des ambitions démesurées de son club. Quatre points en trois matchs n’ont pas suffi à sauver sa tête. Malgré avoir sauvé JS Bordj Menaïel de la relégation la saison précédente, Kamel Achouri n’a pas résisté au mauvais départ de son équipe (15e avec un seul point). Enfin à l’IRB Ouargla, et avec une seule unité en trois journées a sonné le glas de l’aventure de Ryad Rezzoug avec la formation du Sud-Est.
Cette valse effrénée des entraîneurs soulève de nombreuses questions sur la gestion des clubs de Ligue 2 algérienne. Plusieurs facteurs semblent contribuer à cette situation. nombreux clubs, à l’image du RC Kouba ou du CA Batna, nourrissent des ambitions d’accession en Ligue 1. Ces objectifs élevés mettent une pression énorme sur les entraîneurs dès le début de saison. Les dirigeants semblent aussi incapables de se projeter sur le long terme, préférant des résultats immédiats à une construction patiente. Par ailleurs, la ferveur des fans peut rapidement se transformer en colère. Les dirigeants cèdent souvent à cette pression en sacrifiant l’entraîneur. Enfin, beaucoup de clubs semblent naviguer à vue, sans véritable stratégie à long terme. L’entraîneur devient alors le fusible idéal en cas de contre-performance.Il est urgent que tous les acteurs du football algérien prennent conscience de l’impact néfaste de cette instabilité chronique. Sans un changement radical de mentalité, c’est tout l’avenir du football national qui pourrait être compromis. La balle est désormais dans le camp des dirigeants : sauront-ils faire preuve de la patience nécessaire pour construire des projets sportifs durables ?
M. Dahleb