Économie

Un projet algéro-saoudien illustre cette ambition : El-Meniaâ, un pôle agricole majeur en devenir

L’Algérie, forte de son immense potentiel agricole, particulièrement dans ses régions sahariennes, s’impose aujourd’hui comme une terre d’opportunités pour les investisseurs du monde entier. L’expérience novatrice du partenariat algéro-saoudien dans la wilaya d’El-Meniaâ illustre parfaitement le dynamisme croissant du secteur agricole algérien et son attractivité pour les capitaux étrangers. Ce projet ambitieux, fruit d’une collaboration étroite entre l’entrepreneur algérien Abdelkrim Bounâama et l’Émir saoudien Mechaâl Bensaoud Ben Abdelaziz, témoigne de la volonté de l’Algérie de diversifier son économie et d’assurer sa sécurité alimentaire.

Au cœur du Sahara, dans la commune de Hassi El-Gara, se déploie un projet agricole d’envergure sur une superficie impressionnante de 5 000 hectares. Cette initiative, lancée en 2018, incarne la vision du Gouvernement de transformer les vastes étendues désertiques en véritables oasis de production agricole. Le choix d’El-Meniaâ n’est pas anodin : cette wilaya est en passe de devenir un pôle agricole majeur dans le Sud du pays, grâce à des conditions climatiques favorables et à une politique volontariste d’aménagement du territoire.

Le projet, organisé sous forme de société à responsabilité limitée (SARL), se distingue par sa polyvalence et son ambition. Il ne se contente pas de développer une seule filière, mais s’attaque à plusieurs cultures stratégiques. Les céréales, avec une attention particulière portée aux semences de blé dur, occupent une place de choix avec 800 hectares dédiés. Les cultures fourragères, essentielles pour le développement de l’élevage, ne sont pas en reste avec 500 hectares consacrés au maïs, au foin et à la luzerne. La phoeniciculture, pilier traditionnel de l’agriculture saharienne, trouve également sa place avec la plantation de variétés prisées telles que la Deglet-Nour et la Ghars.

L’innovation technologique est au cœur de cette réussite. Le projet est doté d’infrastructures modernes, incluant 20 pivots d’irrigation couvrant chacun 40 hectares, un système d’irrigation goutte-à-goutte pour les arbres fruitiers et les palmiers dattiers, ainsi que des installations de stockage et de vie pour les travailleurs. L’approvisionnement en eau, nerf de la guerre dans ces régions arides, est assuré par 30 forages autorisés, dont 20 sont déjà opérationnels. L’électrification du site, avec 12 transformateurs installés et 8 autres prévus, garantit l’autonomie énergétique nécessaire au bon fonctionnement des équipements agricoles.

Des résultats probants

Les résultats ne se sont pas fait attendre. Lors de la dernière saison, le projet a livré plus de 65 000 quintaux de semences de blé dur à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), démontrant ainsi sa capacité à contribuer significativement à la production nationale. Les ambitions pour l’avenir sont encore plus grandes, avec un objectif de production oscillant entre 125 000 et 150 000 quintaux de blé dur et tendre. Mais le projet ne compte pas s’arrêter là. Les plans d’expansion prévoient la diversification des cultures avec l’introduction de légumineuses telles que les lentilles et les pois chiches. L’élevage bovin n’est pas en reste, avec la perspective de créer un cheptel de 500 vaches laitières, s’inscrivant ainsi dans une logique d’intégration verticale de la production agricole. Ce partenariat algéro-saoudien s’inscrit dans une dynamique plus large de développement du secteur agricole en Algérie. La wilaya d’El-Meniaâ, à elle seule, a consacré 6 811 hectares aux cultures stratégiques, témoignant de l’engagement des autorités locales dans cette voie. Cette orientation est soutenue par un cadre législatif favorable, incarné par la nouvelle loi sur l’investissement, qui offre des incitations attrayantes aux investisseurs étrangers dans le secteur agricole. L’attrait du secteur agricole pour les investisseurs étrangers ne se limite pas à la disponibilité des terres et aux conditions climatiques favorables. C’est tout un écosystème qui se met en place, combinant soutien gouvernemental, infrastructures modernes et expertise locale. La coopération algéro-saoudienne dans ce domaine est exemplaire à plus d’un titre. Elle démontre la capacité de l’Algérie à attirer des partenaires de renom, tout en gardant le contrôle sur ses ressources stratégiques. Cette collaboration permet un transfert de technologies et de savoir-faire, bénéfique pour le développement à long terme du secteur agricole algérien. L’Algérie se positionne comme un acteur sérieux et fiable sur la scène agricole mondiale, capable de contribuer à la sécurité alimentaire régionale et internationale. Cette réussite est d’autant plus importante dans un contexte global marqué par les défis du changement climatique et la nécessité de développer une agriculture résiliente et durable. L’impact de tels projets va bien au-delà de la simple production agricole. Ils sont de véritables catalyseurs de développement régional, créant des emplois directs et indirects, stimulant l’économie locale et contribuant à freiner l’exode rural. Ils participent également à la formation d’une nouvelle génération d’agriculteurs et de techniciens agricoles, familiarisés avec les techniques les plus modernes de production et de gestion des ressources.

Chokri Hafed

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