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Haïti : Le Conseil de sécurité vote un embargo mondial sur les armes

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté vendredi un embargo mondial sur tous les armements et équipements militaires à destination d’Haïti.

A l’unanimité des 15 membres, le Conseil a adopté la résolution 2752 (2024) qui impose « à tous les Etats membres (des Nations unies) de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert direct ou indirect à destination d’Haïti, depuis ou via leurs territoires ou par leurs ressortissants (…) de tous les types d’armements, y compris armes, minutions, véhicules et équipements militaires et paramilitaires ». Le texte renouvelle également pour une année le mandat d’un comité d’experts qui surveille depuis deux ans les sanctions prises contre Haïti. En octobre 2022, le Conseil de sécurité avait mis en place un régime de sanctions (interdiction de voyage, gel des avoirs, embargo ciblé sur les armes), mais qui ne visait alors qu’un seul chef de gang, Jimmy Chérizier, dit « Barbecue ». La liste compte désormais sept patrons de ces redoutables bandes armées, dont deux ajoutés en septembre. Ces gangs puissants contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince et des axes majeurs du pays et ravagent le pays. En octobre 2023, le Conseil avait imposé un embargo général sur les armes légères et munitions. Mais en avril, les experts mandatés avaient jugé l’impact des sanctions « extrêmement limité » et l’application de l’embargo, « médiocre ». Début octobre, une attaque d’un gang, d’une « brutalité inqualifiable » selon le gouvernement haïtien, contre la localité de Pont-Sondé avait fait au moins 109 morts et plus d’une quarantaine de blessés. Une force multinationale conduite par le Kenya, en soutien à la sécurité en Haïti, a commencé à se déployer cet été dans ce pays des Caraïbes ravagé par la violence armée et confronté depuis des années à une grave crise humanitaire, économique et politique. Six cents policiers supplémentaires promis par Nairobi doivent se déployer en novembre alors qu’au moins 3.661 personnes sont mortes depuis janvier, selon un bilan du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme datant de fin septembre.

Ce contexte de violence aggrave la crise humanitaire dans le pays, une crise sans précédent, a alerté l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Selon l’OIM, la violence a forcé plus de 700.000 personnes à fuir leurs maisons, créant une « crise de déplacement massive », surtout dans la partie ouest de la capitale, Port-au-Prince. Depuis le début de l’année 2024, la violence liée aux gangs a coûté la vie à plus de 3.600 personnes, alors qu’a moins 115 autres ont été tuées il y a deux semaines « dans une attaque brutale dans la ville de Pont-Sondé ». « Enfants, mères, pères et personnes âgées, personne n’a été épargné. Ils fuient avec tout ce qu’ils peuvent emporter, perdant souvent tout sur leur passage, y compris le sentiment de sécurité que nous méritons tous », a déclaré vendredi lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, le porte-parole de l’OIM, Kennedy Omondi. En 2024, la population touchée a commencé à fuir de plus en plus la capitale. Actuellement, plus de 70 % des personnes déplacées vivent en dehors de Port-au-Prince. Plus de la moitié d’entre eux, sont des enfants et les besoins humanitaires sont « énormes », selon l’Agence de l’ONU, constatant que la majorité des déplacées étaient hébergées par des familles d’accueil, souvent dans « des conditions de promiscuité et d’appauvrissement ». « Ces communautés d’accueil sont les héros méconnus de cette crise, mais elles luttent elles aussi sous le poids des immenses besoins – pénuries alimentaires, infrastructures de santé débordées et ressources en baisse », a ajouté M. Omondi, faisant état de près de la moitié de la population haïtienne, soit 5,5 millions de personnes, qui a un besoin urgent d’aide humanitaire. Dans ce climat, l’insécurité alimentaire est montée en flèche et 5,4 millions d’Haïtiens « luttent chaque jour pour se nourrir et nourrir leur famille ».

R.I.

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