Économie

La nouvelle ambition énergétique de l’Algérie

L’Algérie se positionne résolument comme un acteur majeur dans la production et l’exportation d’hydrogène vert, une énergie propre appelée à jouer un rôle crucial dans la transition énergétique mondiale. Cette ambition s’est clairement manifestée lors du Salon professionnel international NAPEC 2024 qui a fermé ses portes hier à Oran, où experts et industriels ont débattu des opportunités et des défis liés à cette filière d’avenir. L’intérêt de l’Algérie pour l’hydrogène vert n’est pas fortuit. Le pays dispose d’atouts considérables, notamment ses vastes ressources solaires, qui en font un candidat idéal pour devenir un hub de production de cette énergie propre. Le ministère de l’Énergie et des Mines a d’ailleurs mis en place une feuille de route ambitieuse visant à faire de l’Algérie un pionnier régional et international dans ce domaine. L’objectif affiché est impressionnant : produire et exporter entre 30 et 40 milliards de kilowatts d’hydrogène gazeux, liquéfié et dérivés d’ici 2040, avec l’ambition de couvrir près de 10% des besoins du marché européen. Cette stratégie s’inscrit dans une vision à long terme de diversification économique et de transition énergétique, tout en capitalisant sur l’expertise du pays dans le secteur des hydrocarbures. Cependant, le chemin vers cette nouvelle ère énergétique n’est pas sans obstacles. Lors du NAPEC 2024, plusieurs intervenants ont souligné les défis à relever. Badreddine Boutaghriout, chef de projet à la Direction centrale Recherche et Développement de Sonatrach, a notamment insisté hier sur la nécessité d’établir un cadre réglementaire et normatif solide. Sans ces fondations juridiques, certains maillons essentiels de la chaîne de valeur de l’industrie de l’hydrogène vert ne pourront se développer. Il a également mis l’accent sur l’importance de la formation du capital humain et du développement des compétences dans les centres de recherche pour maîtriser les technologies de pointe indispensables à cette filière. Un autre défi majeur réside dans les coûts de production encore élevés de l’hydrogène vert. Lamia Lounis, responsable du Département des Études Économiques et Activités Associées à Sonatrach, a souligné que ces coûts dépassent actuellement 6 dollars par kilogramme, soit plus de six fois le coût de production du gaz naturel. Pour surmonter cet obstacle, elle préconise une avancée technologique significative et la création d’un écosystème industriel de soutien autour de Sonatrach. Malgré ces défis, l’Algérie avance à grands pas dans la concrétisation de ses ambitions. La signature lundi d’un mémorandum d’entente pour la réalisation du projet de pipeline d’hydrogène « SoutH2 Corridor » en est une illustration frappante. Ce projet d’envergure vise à relier l’Algérie à l’Allemagne via l’Italie et l’Autriche, permettant le transport d’environ 4 millions de tonnes d’hydrogène par an vers l’Europe. Cette initiative, qui implique des acteurs majeurs comme Sonatrach, Sonelgaz, et des partenaires européens tels que VNG, SNAM, SEA CORRIDOR et VERBUND, témoigne de la volonté de l’Algérie de jouer un rôle central dans la transition énergétique européenne. Le « SoutH2 Corridor » n’est pas le seul projet en cours. L’Algérie renforce également sa coopération avec l’Espagne dans le domaine de l’hydrogène vert. Un mémorandum d’entente a été signé entre Sonatrach et la firme espagnole Cepsa pour développer un projet intégré de production d’hydrogène vert et de ses dérivés en Algérie. Ce projet ambitieux prévoit la réalisation d’une station d’électrolyse d’une capacité de 50 à 200 mégawatts, la construction de centrales éoliennes et solaires pour alimenter les électrolyseurs, ainsi que la création d’une usine de production de méthanol vert et/ou d’ammoniac vert. Des installations de stockage, de transport et des infrastructures portuaires sont également envisagées pour assurer l’exploitation commerciale optimale du projet. Ces initiatives s’inscrivent dans une vision plus large de l’Algérie, qui ambitionne de devenir un hub énergétique majeur dans la région méditerranéenne. Le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a d’ailleurs souligné que l’hydrogène vert est un vecteur stratégique qui contribuera non seulement à l’accomplissement des engagements climatiques de l’Algérie, mais renforcera également sa position géostratégique. Cette transition vers l’hydrogène vert représente une opportunité unique pour l’Algérie de diversifier son économie, historiquement dépendante des hydrocarbures, tout en se positionnant comme un acteur clé de la transition énergétique mondiale. Le pays peut capitaliser sur son expertise dans le secteur de l’énergie, ses infrastructures existantes et ses ressources naturelles abondantes pour devenir un leader dans cette nouvelle filière.

Sabrina Aziouez

Salon et Conférence Afrique et Méditerranée de l’énergie et de l’hydrogène « NAPEC 2024 »

La 12e édition couronnée de succès

La 12e édition du Salon et Conférence Afrique et Méditerranée de l’énergie et de l’hydrogène « NAPEC 2024 », qui s’est clôturée hier à Oran, a été marquée par la signature de nombreux accords de coopération entre les participants, témoignant du succès grandissant de cet événement économique, a souligné Jaafar Yassini, directeur général du salon « NAPEC », lors d’une conférence de presse tenue à la fin de l’événement, qui s’est déroulé sur trois jours au Centre des conférences « Mohamed Ben Ahmed ». Yassini a fait état de la participation d’environ 22 000 acteurs, dont des représentants de 217 entreprises issues de 54 pays, ainsi que près de 16 000 visiteurs, en majorité des professionnels opérant dans les secteurs industriels et des services. Parmi eux, plusieurs ont signé des accords de coopération, des partenariats et des contrats commerciaux, dont quatre accords signés par le groupe Sonatrach avec des partenaires algériens et étrangers. Et d’ajouter que cette 12e édition de « NAPEC » a connu un succès par rapport aux éditions précédentes, succès illustré par l’augmentation du nombre d’entreprises participantes, du nombre d’exposants et d’une hausse d’environ 4 000 visiteurs par rapport à l’année dernière. Il a attribué en grande partie ce succès à l’intérêt croissant des grandes entreprises énergétiques pour le secteur de l’énergie en Algérie, après les révisions apportées à la loi sur les hydrocarbures et les incitations fiscales et non fiscales proposées aux investisseurs étrangers souhaitant investir dans ce domaine en Algérie. La 12e édition du Salon et Conférence Afrique et Méditerranée de l’énergie et de l’hydrogène « NAPEC 2024 » s’est déroulée sous le thème : « Atteindre l’équilibre entre les hydrocarbures et les énergies propres, vers un mix énergétique efficace ». L’ouverture de l’événement a été présidée par le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, en présence de la ministre de l’Environnement et des Énergies Renouvelables, Fazia Dahlab, du ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, Yacine Merabi, ainsi que des responsables d’entreprises et d’organismes actifs dans le secteur de l’énergie, et des ambassadeurs de plusieurs pays. L’événement a été l’occasion de débattre de plusieurs sujets liés à l’industrie de l’énergie, aux énergies alternatives et à l’environnement.

R.E.

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