Alors que le Maroc est au bord de l’explosion sociale: Attaque contre le cortège de Mohamed VI
Dans un climat social de plus en plus tendu au Maroc, un incident sans précédent est venu ébranler le royaume chérifien. Vendredi, le cortège du roi Mohammed VI a été la cible d’une attaque au cocktail Molotov alors qu’il se rendait au Parlement à Rabat. Cet événement, bien que rapidement étouffé par les autorités, met en lumière les profonds malaises qui secouent le pays.
L’attaque, perpétrée par un jeune homme identifié comme Moncef El Yagoubi, agriculteur de 25 ans originaire de la région de Kénitra, a été filmée et partagée sur les réseaux sociaux par des opposants au régime. Bien que le roi n’ait pas été blessé, cet acte revêt une portée symbolique considérable dans un pays où la figure du monarque est traditionnellement intouchable. Les autorités marocaines ont réagi rapidement, arrêtant le suspect deux jours après les faits. Dans une tentative apparente d’étouffer l’affaire, elles ont contraint les médias locaux ayant relayé l’information à la supprimer. Cette censure, dénoncée par le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, témoigne de la nervosité du pouvoir face à un acte qui pourrait inspirer d’autres manifestations de mécontentement.
L’incident survient dans un contexte de tensions sociales croissantes au Maroc. Selon un rapport récent de l’Observatoire du Travail gouvernemental (OTRAGO), le pays fait face à une série de crises interconnectées qui mettent à rude épreuve le Maroc et surtout sa population. Le mécontentement populaire se cristallise d’ailleurs contre l’ampleur de la corruption. Qualifiée d' »ogre affamé » par l’OTRAGO, la corruption coûterait annuellement plus de 50 milliards de dirhams à l’État marocain. Le pays a chuté de la 73e à la 97e place dans l’Indice de Perception de la Corruption en seulement cinq ans, érodant la confiance des citoyens envers leurs institutions. La corruption aggrave d’ailleurs la crise de gouvernance du Maroc, dans un contexte où le régime s’illustre par la non gestion de la grave crise économique et sociale qui affecte le royaume. Une crise qui a fini par drainer le citoyen marocain. Avec un taux de chômage national dépassant les 13,7%, le Maroc peine à créer des opportunités pour sa jeunesse. Plus inquiétant encore, plus d’un million et demi de jeunes Marocains sont classés comme NEET (ni en emploi, ni en formation, ni en éducation), illustrant l’ampleur du défi social auquel le pays est confronté. La flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie érode le pouvoir d’achat des Marocains, alimentant un mécontentement social grandissant et des revendications pour des hausses de salaires. Le régime des pensions civiles pourrait s’effondrer d’ici 2028, nécessitant des réformes urgentes mais impopulaires. Les propositions du gouvernement, jugées insuffisantes par les syndicats, risquent d’exacerber les tensions sociales. La montée des revendications pour des hausses de salaires et une amélioration des conditions de vie met le gouvernement sous une pression constante, estime l’Observatoire, qui souligne que le pouvoir d’achat des citoyens, déjà affaibli par la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, est gravement menacé.
Enfin, les changements climatiques et la rareté des ressources hydriques font peser une menace existentielle sur le Maroc. Les prévisions indiquent une augmentation de 30% de la demande en eau d’ici 2030, dans un pays déjà en stress hydrique.
Dans le secteur agricole, durement touché par la sécheresse, la perte de plus de 160 000 emplois illustre l’urgence d’actions gouvernementales concrètes pour soutenir un secteur vital de l’économie marocaine. L’incident du cortège royal intervient alors que Mohammed VI se rendait au Parlement pour, selon l’opposant Badr El Aidoudi, « s’adresser aux députés et leur ordonner de se mobiliser pleinement pour trouver des prétextes pour légitimer son occupation du Sahara occidental ». Cette déclaration souligne les tensions politiques qui
L’attaque contre le cortège royal, qualifiée de « précédent jamais enregistré au Maroc » par Badr El Aidoudi, révèle la profondeur du malaise social. Le placement rapide de l’auteur présumé dans un hôpital psychiatrique, « sans aucune expertise médicale ni couverture médiatique », selon l’opposant, soulève des questions sur la gestion de l’incident par les autorités. El Aidoudi estime que le roi « craint que ce jeune devienne un héros et un exemple pour tous les jeunes marocains dans la lutte contre la monarchie ». Cette crainte reflète la conscience du pouvoir quant à la fragilité de sa position face à une population de plus en plus mécontente.
Lyes Saïdi