Culture

70e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale : Des célébrations artistiques à la hauteur de l’évènement

L’Algérie a célébré avec faste le 70e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale à travers une riche programmation culturelle et artistique. Point d’orgue de ces commémorations, le spectacle épique « Rouh El Djazaïr » (l’âme de l’Algérie) a été présenté à la Coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf d’Alger devant un parterre de personnalités, dont le Président du Conseil de la Nation, Saleh Goudjil, et le Premier ministre, Nadir Larbaoui. Cette fresque monumentale mise en scène par Ahmed Rezzak a mobilisé près d’un millier d’artistes – comédiens, danseurs, musiciens et techniciens – pour retracer en 13 tableaux l’histoire de l’Algérie, de l’Antiquité numide jusqu’à l’indépendance. Le spectacle, qui a nécessité deux mois de préparation, a fait appel aux technologies les plus modernes (mapping, hologrammes, projections géantes) et a mis en valeur la dimension universelle de la Révolution algérienne, modèle pour les peuples en lutte pour leur liberté. Dans le domaine des arts plastiques, une exposition majeure intitulée « Panorama de la peinture algérienne (1954-2024) » a été inaugurée à la Galerie du Palais de la Culture Moufdi-Zakaria. Plus de 200 œuvres retraçant les grands événements historiques du pays y sont présentées jusqu’au 20 novembre, offrant un aperçu de l’évolution des arts plastiques en Algérie sur sept décennies. La ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, a par ailleurs annoncé un programme culturel particulièrement dense, comprenant huit pièces de théâtre jouées dans les théâtres national et régionaux, ainsi que les journées du Théâtre national révolutionnaire prévues fin novembre à Naama. Au volet intellectuel, plusieurs colloques ont été organisées, notamment la 2e édition du Colloque international sur la résistance culturelle consacré à la mémoire et au cinéma, ainsi qu’une rencontre nationale sur la culture face au discours colonial. L’Opéra d’Alger a préparé de son côté un spectacle intitulé « Le Prix de la Liberté », tandis que l’Office Riadh El Feth a présenté « L’Épopée des Sables », une œuvre mettant en lumière la lutte du peuple dans le sud algérien. Une conférence historique organisée par la radio Culture a permis à des universitaires et chercheurs de mettre en relief les dimensions culturelles de la Guerre de libération. Les intervenants ont notamment rappelé le rôle crucial joué par les intellectuels et artistes dès le début de la Révolution, à travers la littérature, le théâtre, la poésie, le cinéma et la musique. Le chercheur Abdelkader Bendaamache a évoqué la création en 1958 à Tunis de la troupe artistique du Front de libération nationale, dirigée par Mustapha Kateb, qui a contribué à l’internationalisation de la cause algérienne. Les spécialistes ont souligné comment la résistance culturelle a servi d’outil fondamental pour contrer le projet colonial français qui visait l’identité du peuple algérien. Le chercheur Abdelhamid Bourayou a notamment mis en avant la dimension esthétique et humaine que l’aspect culturel a conféré à l’action révolutionnaire, tandis que l’historien Mouloud Aouimer a rappelé comment l’adhésion d’intellectuels formés dans les écoles françaises aux valeurs de la Révolution avait constitué un « échec cuisant » pour le projet colonial qui visait à créer une élite algérienne francophone et occidentalisée.

R.C.

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