Culture

Festival du film amazigh : Une vitrine de créativité et de transmission des identités

Le Festival culturel national du film amazigh a pris fin hier à Tizi Ouzou. Cet événement a été l’occasion de mettre en lumière le rôle essentiel du cinéma dans la construction et la transmission des identités culturelles.

Parmi les temps forts du festival, on peut citer les projections des courts-métrages « Libre » de Rabah Yagouni et « Le chant de la sirène » d’Arezki Larbi, tous deux en compétition pour l’Olivier d’or. « Libre » raconte l’histoire d’un homme, Saïd, qui décide de tout quitter pour vivre en pleine nature après la perte soudaine de sa femme. Le film a séduit le public par ses paysages époustouflants, le jeu réaliste de l’acteur Saïd Ouarti et son dénouement tragique, où Saïd s’imagine danser avec sa femme défunte. Les spectateurs ont salué la force émotionnelle de cette œuvre. Quant à « Le chant de la sirène », il s’agit d’un court-métrage réalisé par le regretté Arezki Larbi, décédé en janvier 2024. Le film, tourné à Tigzirt, suit l’histoire d’un pêcheur qui tombe amoureux d’une sirène. Malgré un faible recours aux dialogues, le film a été unanimement apprécié pour la force de ses images expressives. Le public a également été touché par l’hommage rendu au réalisateur en début de projection. Au-delà de ces deux œuvres, le festival a projeté d’autres films en compétition, comme le film d’animation « Anwa d’aguellid n’Tezgui » d’Anissa Mohamedi, le documentaire « La Kaza blanche » de Reda Belghiat, le court-métrage « Hucdardam » de Samir Chemeur et le long-métrage « Argu » d’Omar Belkacemi. Cette programmation éclectique a permis de mettre en valeur la diversité des créations cinématographiques amazighes.

En marge des projections, le réalisateur Belkacem Hadjadj a animé une conférence-débat sur le thème « Le cinéma n’est pas amazigh que par la langue ». Cette intervention a été l’occasion d’approfondir la réflexion sur le rôle du cinéma dans la construction et la transmission des identités culturelles. Selon Hadjadj, le cinéma, à travers l’image, la musique et la langue des dialogues, peut être considéré comme un vecteur essentiel dans ce processus. La langue des films ne sert pas seulement à faire avancer l’intrigue, mais elle permet aussi de situer l’action dans un contexte culturel spécifique et de transmettre l’univers culturel de la société qui a produit le film. Au-delà de la langue, d’autres éléments comme les décors, les paysages, les costumes et la « manière d’être » des personnages participent également à l’identité culturelle d’un film. Ainsi, le cinéma amazigh ne se résume pas seulement à l’usage de la langue amazighe, mais il se caractérise par tout un ensemble d’éléments qui reflètent la culture de cette communauté. Le réalisateur a ainsi souligné que le cinéma, en tant que média puissant, joue un rôle essentiel dans la construction et la conservation des identités culturelles, permettant de les transmettre aux générations futures.

Ce festival du film amazigh a donc été l’occasion de célébrer la richesse et la diversité de la création cinématographique en Algérie, tout en mettant en lumière le rôle central du cinéma dans l’affirmation et la préservation des spécificités de la culture amazighe. Les moments forts et les réflexions soulevées lors de cet événement témoignent de l’importance du cinéma amazigh pour valoriser cette identité ancestrale. À travers leursœuvres, les réalisateurs ont su capter l’essence même de cette culture, en mettant en scène des paysages, des traditions et des modes de vie qui lui sont propres. Au-delà du simple divertissement, ces films deviennent de véritables vecteurs de transmission culturelle, permettant de partager avec le public les richesses et la singularité de la culture amazighe. Ils contribuent ainsi à renforcer le sentiment d’appartenance et à préserver la mémoire collective de cette communauté. Le festival du film amazigh de Tizi-Ouzou a donc été bien plus qu’une simple manifestation cinématographique. C’est un événement qui a su célébrer et mettre en valeur la créativité, la diversité et la force identitaire de la culture amazighe, à travers le prisme du 7e art. Une véritable fenêtre ouverte sur un patrimoine culturel aussi riche que fragile, qu’il est essentiel de protéger et de transmettre aux générations futures.

Mohamed Seghir

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