Sahara Occidental : Le régime marocain expulse de force deux citoyennes norvégiennes
La répression de l’occupant marocain au Sahara Occidental a franchi un nouveau cap avec l’expulsion forcée de deux militantes norvégiennes, illustrant la volonté du régime d’isoler ce territoire occupé de tout regard extérieur. Cet incident révèle la stratégie systématique du Maroc visant à empêcher toute surveillance internationale de la situation des droits humains dans la région. L’intervention des forces d’occupation marocaines a été aussi soudaine que musclée. Pas moins de 25 policiers en civil ont été mobilisés pour interpeller Ingeborg Sevik Heltne, 25 ans, et Vivian Kåli Nydines, 22 ans, deux membres du conseil central de la Jeunesse socialiste norvégienne. Les deux jeunes femmes n’ont eu que dix minutes pour rassembler leurs affaires avant d’être expulsées de Laâyoune, principale ville du Sahara Occidental sous occupation marocaine. « Nous avons été surveillées par les autorités marocaines dès notre arrivée, il y a un jour et demi », a témoigné Ingeborg Sevik Heltne, qui travaille pour le Conseil norvégien pour l’Afrique. Les forces d’occupation ont confisqué leurs passeports, fouillé leurs téléphones, avant de les contraindre à quitter les lieux. Ce qui a déclenché cette réaction autoritaire ? La simple visite des deux Norvégiennes au domicile de Sidi Mohamed Daddach, militant sahraoui des droits de l’homme. Leur mission était pourtant pacifique : recueillir les opinions des citoyens sahraouis sur les projets d’énergie renouvelable développés par l’occupant sur leurs terres. Cette expulsion s’inscrit dans une stratégie plus large du régime marocain visant à empêcher toute documentation indépendante de sa politique dans les territoires occupés. « Tant que les Sahraouis ne peuvent pas exprimer leurs opinions sur les projets climatiques marocains, il est impératif que les alarmes soient tirées pour les États et les entreprises », a souligné Heltne. L’incident survient dans un contexte particulier. Le Maroc continue d’exploiter de manière illégale les ressources du Sahara Occidental et de développer des projets économiques sans consulter la population sahraouie ni son représentant légitime, le Front Polisario. Cette politique a été récemment condamnée par la justice européenne. Le 4 octobre, la Cour de justice de l’Union européenne a en effet rejeté les recours du Conseil et de la Commission européenne, confirmant l’annulation de deux accords commerciaux UE-Maroc qui incluaient illégalement le Sahara Occidental. La Cour a rappelé une évidence : le consentement du peuple sahraoui est une condition préalable à tout accord commercial concernant ce territoire.
L’expulsion des militantes norvégiennes illustre la détermination de l’occupation marocaine à maintenir un black-out sur sa politique au Sahara Occidental. En empêchant toute présence internationale susceptible de documenter la situation des droits humains, le régime cherche à poursuivre en toute impunité l’exploitation des ressources sahraouies.
R.I.