PLF 2025 : Les débats parlementaires s’ouvrent aujourd’hui
L’Assemblée populaire nationale (APN) entame aujourd’hui lundi l’examen en séance plénière du projet de loi de finances (PLF) 2025, un texte qui s’inscrit dans la continuité de la politique sociale de l’État tout en renforçant les mesures de soutien à l’investissement et à la croissance économique.
Le projet de budget intervient dans un contexte particulier, marquant la fin du premier mandat présidentiel et le début du second mandat du président Tebboune et doit traduire le début de la mise en œuvre des engagements présidentiels. Le texte reflète la résilience de l’économie algérienne face à un environnement international complexe, caractérisé par l’inflation et le ralentissement des échanges commerciaux. Le projet table sur une croissance de 4,5% en 2025, dont 5% hors hydrocarbures, avec un PIB projeté à 37.863 milliards de dinars (278,71 milliards de dollars). Le cadrage repose sur un prix de référence fiscal du baril à 60 dollars et un prix de marché à 70 dollars sur la période 2025-2027. Les équilibres extérieurs devraient rester favorables avec des exportations prévues à 50,9 milliards de dollars contre des importations de 46,07 milliards, dégageant un excédent commercial de 4,83 milliards. La balance des paiements afficherait un solde positif de 1,17 milliard de dollars, permettant de consolider les réserves de change à 72,95 milliards de dollars, soit 16 mois d’importations. Le budget prévoit des recettes de 8.523,06 milliards de dinars (+3,5%), dont 3.453,96 milliards de fiscalité pétrolière, face à des dépenses en hausse de 9,9% à 16.794,61 milliards, aboutissant à un déficit de 8.271,55 milliards de dinars.
Renforcement des mesures sociales
Le volet social occupe une place centrale dans le PLF 2025, avec plusieurs dispositions visant à soutenir le pouvoir d’achat. Le texte reconduit notamment l’exonération de TVA jusqu’à fin 2025 sur les légumes secs, le riz, les fruits et légumes frais, les œufs et les volailles produits localement. L’importation de viandes blanches congelées bénéficiera également d’une exemption de TVA jusqu’à fin 2025. Dans le secteur du logement, le projet prévoit une bonification à 100% des taux d’intérêt pour les prêts bancaires destinés au programme de 135.000 logements en location-vente. Les bénéficiaires du programme AADL 3 ayant versé 38% du prix pourront bénéficier d’un abattement de 10% en cas de paiement anticipé. Innovation majeure, le texte autorise les banques à accorder des crédits à la consommation aux ménages, notamment pour la santé et les voyages, élargissant ainsi l’accès au financement bancaire au-delà du seul crédit immobilier. Le PLF 2025 introduit plusieurs mesures pour dynamiser l’investissement et moderniser l’économie. Il autorise l’émission de « sukuk souverains » pour financer les infrastructures publiques, avec des exemptions fiscales sur cinq ans. Le capital du Fonds national d’investissement (FNI) sera augmenté de 150 à 275 milliards de dinars. L’innovation et l’entreprenariat sont encouragés avec un abattement de 30% du bénéfice comptable (plafonné à 200 millions de dinars) pour les dépenses de R&D et les programmes d’innovation avec les start-up. Les incubateurs verront leurs exonérations fiscales prolongées de deux ans en cas de renouvellement de leur label. La transformation numérique est soutenue par l’exonération de TVA et de droits de douane sur les terminaux de paiement électronique jusqu’à fin 2027. Les zones franches bénéficieront d’un nouveau cadre douanier pour faciliter les activités économiques. Le texte reconduit également pour cinq ans l’abattement de 50% sur l’IRG et l’IBS dans les wilayas du Sud, et prévoit des mesures de simplification administrative, notamment pour les procédures douanières et le contentieux fiscal. Ce PLF 2025 s’inscrit ainsi dans une double logique de consolidation du filet social et de modernisation économique, tout en préservant les grands équilibres macrofinanciers. Il traduit la volonté des autorités de maintenir un fort soutien public tout en encourageant la diversification de l’économie et l’émergence de nouveaux moteurs de croissance.
Hocine Fadheli