Ghardaïa : Joyau architectural et promesse d’un tourisme durable
La vallée du M’zab dévoile ses trésors à une délégation internationale de professionnels du tourisme.
Ce weekend, une trentaine de tour-opérateurs venus d’Algérie, de France et de Tunisie ont arpenté les ruelles séculaires de Ghardaïa, capitale historique du M’zab, dans une démarche novatrice alliant découverte patrimoniale et écotourisme. Cette initiative baptisée « éductours Caravane solidaire des oasis en Algérie », orchestrée conjointement par Med Voyage (Alger-Marseille) et Gourari Events (Timimoun), est novatrice dans l’approche touristique de cette région exceptionnelle. Au-delà d’une simple visite, cette caravane illustre une vision moderne du tourisme saharien, où l’héritage culturel dialogue harmonieusement avec les enjeux environnementaux contemporains. La pentapole du M’zab, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, fascine par son architecture unique. Ses ksour perchés sur les collines témoignent d’un urbanisme ingénieux, parfaitement adapté aux contraintes climatiques sahariennes. Cette architecture millénaire, loin d’être figée dans le passé, inspire aujourd’hui les réflexions sur l’habitat durable et l’adaptation au changement climatique. Les palmeraies environnantes, véritables oasis de fraîcheur, offrent désormais des solutions d’hébergement éco-responsables qui séduisent particulièrement la clientèle européenne. Comme le souligne Said Boukhelifa, expert algérien en tourisme, cette nouvelle offre répond aux attentes d’une clientèle de plus en plus sensible aux questions environnementales, en quête d’expériences authentiques et responsables. La région recèle des atouts majeurs pour développer un tourisme différencié : sites naturels d’intérêt biologique, vestiges archéologiques, traditions artisanales vivaces et art culinaire distinctif. Brahim Djellouadj, organisateur de la caravane, insiste sur la nécessité de valoriser ces richesses tout en préservant l’équilibre fragile des écosystèmes oasiens. La caravane a permis de mettre l’accent sur la diversité de l’offre dans les oasis du sud algérien, notamment les sites naturels d’intérêt biologique et écologique et les sites historiques et archéologiques qui font la richesse de la région, signale-t-on. Les ateliers organisés en marge des visites ont permis d’identifier les axes prioritaires de développement : réhabilitation de l’habitat traditionnel, création d’espaces de restauration en harmonie avec l’environnement, promotion de l’agriculture biologique et des produits artisanaux locaux. L’accent est également mis sur le développement d’activités sportives respectueuses de l’environnement, répondant ainsi aux nouvelles tendances du tourisme d’aventure. A travers ces rencontres, les intervenants locaux ont exprimé leurs préoccupations, notamment sur la problématique éco-systémique et les perspectives du tourisme écologique et oasien, un créneau érigé comme une nécessité pour les opérateurs touristiques qui y voient une source de développement prometteuse. L’objectif reste ainsi le développement d’une réflexion à même de permettre une bonne gestion et un équilibre environnemental du milieu des espaces oasiens. De nombreux participants ont recommandé de réhabiliter l’habitat traditionnel en relation avec le tourisme écologique, d’ouvrir des espaces de restauration de qualité en pleine nature, de développer l’agriculture solidaire et biologique, de valoriser les produits de l’artisanat local et de développer les activités sportives respectueuses de l’environnement dans les espaces d’hébergement. Cette démarche s’inscrit dans une vision plus large du tourisme oasien comme vecteur de développement économique local. Les espaces oasiens, avec leurs avantages comparatifs indéniables, peuvent devenir des pôles d’attraction majeurs pour un tourisme alliant culture, nature et authenticité. Le succès de cette initiative repose sur un équilibre délicat entre préservation et développement. Les professionnels du tourisme présents ont souligné l’importance d’une approche écosystémique, prenant en compte tant les aspects environnementaux que socioculturels dans la conception des circuits touristiques.
Cette visite marque une étape importante dans la reconnaissance du potentiel touristique du M’zab. Elle ouvre la voie à un tourisme responsable et solidaire, capable de générer des retombées économiques significatives tout en préservant l’authenticité des lieux et le mode de vie des populations locales. L’avenir touristique de Ghardaïa se dessine ainsi sous le signe de la durabilité et de l’authenticité. La ville et sa région ont tous les atouts pour devenir une destination phare du tourisme culturel et écologique en Algérie, offrant aux visiteurs une expérience unique au carrefour des traditions séculaires et des aspirations contemporaines pour un tourisme plus responsable.
Salim Amokrane