Bendjama : « Nous reviendrons avec une résolution plus ferme et plus stricte »
Dans une intervention empreinte de détermination et de fermeté au Conseil de sécurité des Nations Unies, l’ambassadeur permanent de l’Algérie, Amar Bendjama, a délivré un discours d’une puissance diplomatique et morale exceptionnelle, dénonçant avec une fermeté sans précédent l’échec de l’organisation internationale face à la situation à Ghaza.
Lors d’une nouvelle réunion sur la situation au Moyen-Orient, le Conseil de sécurité a échoué à adopter un projet de résolution présenté par les 10 membres élus du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel dans la bande de Ghaza. Tous les membres du Conseil de sécurité ont soutenu ce projet, à l’exception des États-Unis, qui ont opposé leur veto, empêchant ainsi son adoption. Amar Bendjama, a exprimé une position diplomatique sans ambiguïté face à cet échec.
Qualifiant ce moment comme « un jour triste pour le Conseil de sécurité, les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble », Bendjama a dénoncé avec une fermeté remarquable l’obstruction systématique qui empêche toute action internationale concertée. Le diplomate a souligné que le projet de résolution rejeté « visait à briser le silence, après cinq mois depuis l’adoption de la précédente résolution, période durant laquelle le Conseil est resté spectateur et impuissant ». Il a mis en lumière l’inadéquation criante des mécanismes onusiens face à une situation humanitaire catastrophique. « Ce texte n’était pas parfait, mais il représentait le minimum qui aurait dû nous unir », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité impérieuse d’une action internationale coordonnée. L’Algérie, à travers la voix de son représentant, a clairement signifié sa détermination à poursuivre ses efforts diplomatiques, promettant de « revenir bientôt au Conseil de sécurité pour exiger un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel à Ghaza. Cette fois, avec une formulation plus ferme et plus stricte, dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies ». Rappelons dans ce contexte que le chapitre VII de la Charte des Nations Unies concerne les mesures qui s’imposent en cas de menace pour la paix et la sécurité internationales, notamment le régime des sanctions, notamment l’interruption complète ou partielle des relations économiques et des communications ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques, radioélectriques et des autres moyens de communication, ainsi que la rupture des relations diplomatiques.
Cette déclaration prend tout son sens dans le contexte d’une agression qui a déjà causé des dommages humains et matériels considérables. Bendjama a interpellé la conscience internationale en posant la question cruciale : « N’est-ce pas suffisant que 44 000 Palestiniens aient été tués à Ghaza, dont 70 % sont des femmes et des enfants ? » Sa critique a été sans équivoque, dénonçant qu’un membre du Conseil de sécurité « a choisi d’entraver toute action, envoyant un message clair à l’occupant qu’il peut continuer le génocide ». L’Algérie a réaffirmé son engagement historique à faire appliquer les décisions du Conseil de sécurité et à imposer des sanctions à ceux qui défient la volonté de la communauté internationale. La situation à Ghaza atteint des proportions véritablement apocalyptiques. Les derniers rapports médicaux palestiniens révèlent un bilan humain absolument effroyable : 43.985 martyrs et 104.092 blessés depuis le début de l’agression génocidaire sioniste le 7 octobre 2023. Chaque jour apporte son lot de souffrances : des frappes systématiques contre des zones civiles, des bombardements d’écoles transformées en refuges, des attaques contre des infrastructures médicales. Le système de santé palestinien est littéralement en train de s’effondrer, avec plus de 1 000 médecins et infirmiers tombés en martyrs, et de nombreux hôpitaux détruits ou contraints de suspendre leurs activités. L’agression ne se limite plus à Ghaza. Le Liban subit également une escalade militaire dramatique. Depuis octobre 2023, 3.544 personnes ont perdu la vie et 15.036 autres ont été blessées. Les attaques contre les établissements médicaux se multiplient, avec 137 attaques documentées et 226 soignants tués dans l’exercice de leurs fonctions. Le déplacement massif des populations illustre la gravité de la situation : plus de 540 000 personnes ont été contraintes de fuir, principalement vers la Syrie, dont 63% de Syriens et 37% de Libanais.
36 morts dans un bombardement à Palmyre
La communauté internationale observe impuissante cette escalade généralisée. La Syrie n’est pas épargnée non plus. Un récent bombardement sur la ville de Palmyre a causé 36 morts et plus de 50 blessés, démontrant l’extension géographique du conflit. Le Haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell, a entrepris une tournée diplomatique au Moyen-Orient, reconnaissant la « situation catastrophique » et cherchant désespérément des moyens d’avancer vers un cessez-le-feu durable. Pourtant, malgré les appels internationaux répétés, l’agression se poursuit sans répit, semblant défier toute considération humanitaire ou diplomatique. La communauté internationale se trouve ainsi face à un test crucial : saura-t-elle imposer la paix et la protection des populations civiles, ou continuera-t-elle à assister, spectatrice impuissante, à ce qui s’apparente de plus en plus à un génocide ?
Lyes Saïdi