Économie

Salon international des dattes : De la richesse du patrimoine phoenicicole algérien

Le Salon international des dattes, qui se tient depuis jeudi au Palais des expositions d’Alger, offre une immersion fascinante dans l’univers du patrimoine phoenicicole algérien. Cette deuxième édition met en lumière la richesse et la diversité des variétés de dattes produites dans les différentes régions du pays, bien au-delà de la célèbre Deglet Nour. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir des variétés moins connues mais tout aussi remarquables, comme la Degla Beida, la Ghars, la Tamasreit, la Bouarous ou encore la Tinissine. Cette diversité représente un véritable trésor du terroir algérien, comme l’explique Bachir Maâche, président de la Chambre d’Agriculture de Touggourt. Il met notamment en avant la Degla Beida, une variété spécifique à la vallée d’Oued Righ, particulièrement appréciée en Afrique pour ses qualités nutritives et sa longue conservation. Cette datte, cultivée à Tamacine, mériterait selon lui une reconnaissance officielle à travers un label national et international.

L’événement permet également de mettre en lumière des pratiques agricoles durables, à l’image de l’exploitation familiale Ferhat dans la région d’El Ghotte, à El Oued. Mokhtar Ferhat y cultive des palmiers « Baali », qui s’alimentent naturellement des eaux souterraines, garantissant ainsi une production totalement biologique. Cette approche traditionnelle se retrouve d’ailleurs dans la majorité des exploitations phoenicicoles du pays, puisque 95% de la production nationale de dattes est issue de méthodes biologiques, comme le souligne Abdelbasset Djallad, président de l’Association pour la promotion et la protection de la Deglet Nour de Tolga.

La question de la labellisation occupe aussi une place centrale dans les discussions. La Deglet Nour de Tolga, qui bénéficie déjà d’une Indication Géographique Protégée depuis 2016, pourrait voir cette reconnaissance s’étendre à l’échelle internationale. Une perspective encouragée par Hamid Ben Saad, Secrétaire général du ministère de l’Agriculture, qui insiste sur l’importance du programme national de labellisation des produits du terroir pour protéger et valoriser ce patrimoine authentiquement algérien. Les enjeux de la commercialisation sont également au cœur des préoccupations. Les dattes algériennes, exportées vers plus de 90 pays, nécessitent une attention particulière en matière de conditionnement pour préserver leur valeur ajoutée. Les producteurs appellent d’ailleurs à la création de zones de conditionnement à proximité des exploitations pour faciliter la transformation et renforcer leur présence sur le marché international.

Le salon, qui accueille plus de 180 exposants, dont des participants de Tunisie, de Libye et de Turquie, suscite un vif intérêt auprès du public. Les visiteurs apprécient cette occasion unique de découvrir des variétés rares et d’acheter directement auprès des producteurs. Organisé par la Chambre nationale d’agriculture sous le patronage du ministère de l’Agriculture, cet événement s’affirme comme une vitrine essentielle pour une filière qui allie tradition ancestrale et ambitions internationales.

Lyna Larbi

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