Pillage des ressources du Sahara occidental : Un système de prédation économique au service de la stratégie d’occupation marocaine
Dans le cadre d’une journée de formation et d’information organisée dimanche à l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG) à Alger, les experts algériens et sahraouis ont dénoncé avec force l’exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par l’occupation marocaine, mettant en lumière un processus de spoliation économique dans le cadre d’une véritable stratégie coloniale. Les interventions des différents experts ont convergé pour dénoncer un système de prédation méthodique. Dans son allocution, le directeur de l’INESG, Abdelaziz Medjahed a souligné que la volonté des peuples est inébranlable et que la situation mondiale actuelle sur fond de l’agression de l’entité sioniste sur Ghaza, a permis à l’opinion publique internationale de découvrir la vérité telle quelle, rappelant le rôle de l’Algérie au sein du Conseil de sécurité international en faveur des questions sahraouie et palestinienne. « La vérité est la première mise à mal, puis vient le droit et les peuples », a soutenu M. Medjahed, soulignant, toutefois, que « la résistance et la ténacité des peuples ont conduit au retrait du monde occidental dont le rôle a été considérablement réduit ». Le président de l’Instance sahraouie du pétrole et des mines, Zbeir Ghali, a apporté des éléments factuels accablants concernant l’ampleur du pillage. Il a notamment révélé que le phosphate sahraoui, représentant plus d’un quart des réserves mondiales, est utilisé par le Maroc comme « une arme diplomatique ». Les chiffres qu’il a présentés sont particulièrement éloquents : dans le seul secteur de la pêche, l’exploitation marocaine est passée de 74.000 postes d’emploi en 2012 à 133.478 postes en 2021, illustrant l’expansion systématique de cette politique prédatrice. L’analyste politique Ahmed Adimi a enfoncé le clou en établissant un parallèle saisissant entre l’occupation marocaine du Sahara occidental et l’occupation sioniste de la Palestine. Il a mis en lumière des mécanismes coloniaux similaires : expulsion des populations autochtones, extermination, construction de murs de séparation, recours aux puissances occidentales et utilisation du droit de veto comme instrument de domination. La juriste Souhila Guemoudi a apporté une dimension juridique à cette démonstration, rappelant que le Sahara occidental était, jusqu’en 1975, un territoire non autonome selon la Charte des Nations unies. Après la controversée « Marche verte », il est devenu un territoire occupé, avec d’un côté le Front Polisario comme seul représentant légitime du peuple sahraoui, et de l’autre, le Royaume du Maroc. Le conseiller juridique auprès de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Ahmed Mohamed Sidi Ali, a approfondi l’analyse en démontrant comment le Maroc implique des sociétés étrangères dans ces opérations de pillage, leur accordant des facilitations douanières. Il a identifié deux instruments principaux de cette stratégie : le Groupe Office chérifien des phosphates (OCP), présenté par l’occupant comme soi-disant un acteur clé de la sécurité alimentaire africaine, et la banque Attijari wafa bank. L’ambassadeur de la RASD en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a par ailleurs souligné l’importance de la prochaine Conférence européenne de solidarité avec le peuple sahraoui, qui se tiendra à Lisbonne du 28 au 30 novembre, coïncidant avec le 50e anniversaire de la « Révolution des Œillets », événement qui devrait contribuer à renforcer le soutien international à la cause sahraouie. Cette journée de formation a ainsi mis en lumière un système d’exploitation qui va bien au-delà d’une simple question économique, révélant un mécanisme de domination qui prive un peuple de ses ressources naturelles et de son droit fondamental à l’autodétermination. Les experts ont clairement démontré que l’occupation marocaine du Sahara occidental n’est pas seulement territoriale, mais profondément économique, utilisant la prédation des ressources comme un instrument de politique internationale.
Chokri Hafed