Instrumentalisation du droit international et refus de l’exécution du mandat de la CPI contre Netanyahu : L’Algérie dénonce les doubles standards de l’Occident
Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaine, Ahmed Attaf, a dénoncé hier, dans un discours à la clôture de la 11e Conférence sur la paix et la sécurité en Afrique qui s’est tenue à Oran, les logiques de double standard qui gouvernent actuellement les relations internationales.
Ahmed Attaf a prononcé une allocution principalement articulée autour d’une critique sévère des mécanismes de gouvernance mondiale, mettant en lumière les contradictions flagrantes dans le traitement des conflits internationaux et la mise en œuvre du droit international. Le chef de la diplomatie algérienne a notamment pointé du doigt l’attitude de certains États occidentaux, et plus particulièrement la France, concernant les récents mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre les responsables sionistes Benyamin Netanyahu et Yoav Gallant.
Attaf a souligné que « nous vivons dans un monde où il est d’abord question de marginaliser le droit international et d’affaiblir son statut de boussole à laquelle les nations se réfèrent dans leurs interactions ». « Nous vivons également dans un monde où il est question de neutraliser les organisations internationales, en particulier les Nations Unies, et de réduire leur rôle dans la résolution des différents conflits, crises et affrontements qui pèsent sur l’humanité», a-t-il ajouté. Et de poursuivre : « Nous vivons également dans un monde où il s’agit enfin d’imposer la logique du recours à la force et de son usage excessif, de renforcer une doctrine fondée sur les doubles standards, et de la proclamer ouvertement, tout en favorisant des tendances unilatérales et égocentriques poussées à l’extrême. » Dans ce même contexte, M. Attaf a souligné que « la guerre d’extermination subie par le peuple palestinien depuis plus d’un an résume dans ses dimensions et ses implications toutes ces transformations graves que connaissent actuellement les relations internationales. » Il a souligné dans ce sens que « ce qui est encore plus désolant et révoltant, c’est qu’au moment où la justice internationale a récemment pris conscience de ses responsabilités, nous avons entendu, il y a quelques jours seulement, une déclaration d’un État européen, partie au Statut de Rome, annonçant son intention de ne pas exécuter les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre les planificateurs, instigateurs et auteurs des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis à Ghaza, où ils ont semé destruction, ruine et désolation. Alors que ce même État s’était empressé de se conformer aux mandats d’arrêt similaires émis par cette même Cour contre des dirigeants africains ou non-africains dans le passé, sans que sa conscience ne vacille ni que sa moralité ne soit mise en cause. »
Le ministre des Affaires étrangères dénonce frontalement cette hypocrisie, soulignant que cette attitude confirme la nécessité urgente de réformer le système de gouvernance mondiale et de renforcer la voix du continent africain dans la résolution des conflits internationaux. M. Attaf a en effet souligné que « cette logique biaisée confirme une fois de plus la pertinence de la vision africaine appelant à réformer le système de gouvernance mondiale et à renforcer le rôle de notre continent, voix de la raison, de la sagesse et de l’engagement, dans la gestion des défis majeurs aux niveaux international et régional. Cette vision a été réaffirmée une fois de plus lors des travaux de notre réunion. »
Cette critique s’accompagne d’un appel fort à l’émergence de solutions africaines aux problèmes africains, convaincu que nul ne peut mieux comprendre et servir les intérêts du continent que ses propres habitants. « Nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de solutions africaines aux problèmes africains, car personne ne comprend mieux l’Afrique que les Africains eux-mêmes, personne ne connaît mieux les besoins de l’Afrique que ses propres enfants, et personne ne souhaite davantage le bien de l’Afrique que les Africains eux-mêmes. »
L’Algérie œuvre à faire entendre la voix de l’Afrique
Attaf insiste sur la nécessité de mettre fin aux ingérences extérieures, de surmonter les divisions entre États africains et de tracer collectivement un avenir meilleur. « Il nous incombe aujourd’hui de redoubler d’efforts pour mettre fin aux ingérences extérieures dans les affaires de notre continent, d’apaiser les divisions qui ont été semées entre les États africains, et de reprendre les choses en main pour tracer un avenir meilleur pour notre continent et pour le monde entier », a-t-il ajouté. Le ministre a d’ailleurs souligné la pertinence des travaux de cette session qui s’inscrit dans le cadre du processus d’Oran.
Il a souligné dans ce sens que « l’Algérie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, s’engage aujourd’hui avec sérieux, intégrité et dévouement pour porter la voix de l’Afrique, plaider pour ses préoccupations et ses aspirations, et défendre ses priorités et ses causes. »
Il a également noté que « l’Algérie se félicite grandement des acquis récents obtenus par l’Afrique dans la voie du renforcement de sa position sur la scène internationale, faisant particulièrement référence à « l’obtention par notre continent d’un siège permanent au sein du G20, à la reconnaissance croissante du droit de l’Afrique à une représentation permanente au Conseil de sécurité de l’ONU, et à une prise de conscience accrue de la nécessité de réformer les organisations économiques et financières internationales de manière à rendre justice à notre continent et à préserver ses droits. Cela inclut également nos revendications concernant le financement des opérations de maintien de la paix approuvées par l’Union africaine et supervisées par celle-ci. »
Cependant et « aussi fiers que nous soyons de ces acquis et de ces réalisations, le miroir de la vérité ne saurait nous dissimuler l’ampleur des défis qui continuent de peser sur les États et les peuples de notre continent. Qu’il s’agisse de lutter contre la montée des menaces terroristes, notamment dans la région du Sahel, ou de gérer les foyers de tensions, de crises et de conflits qui menacent tous les pays africains, ou encore de relever d’autres défis sécuritaires, politiques et environnementaux que nous avons abordés en détail au cours de cette session », a ajouté Attaf. La position de l’Algérie est claire : seuls les Africains peuvent véritablement comprendre et résoudre les problématiques africaines, et il est temps que le continent prenne pleinement ses responsabilités sur la scène internationale. Et sa vision est profondément humaniste et porteuse d’espoir, estimant que l’Afrique, berceau de l’humanité, peut offrir au monde un modèle civilisationnel intégré qui redonne à l’homme sa dignité et rétablisse l’autorité du droit international. Cette perspective s’appuie sur une sagesse africaine qu’il cite en conclusion : « Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »
Hocine Fadheli