Contrefaçon: Près de 400.000 articles saisis en 2023
La problématique de la contrefaçon s’affirme comme un défi majeur pour l’économie nationale, révélant les vulnérabilités complexes des systèmes de régulation commerciale et sanitaire. Une problématique sur laquelle s’est penché le 7e Colloque international organisé par le World Trade Center Algiers. Les données présentées par Arezki Hennad, sous-directeur de la lutte contre la fraude aux Douanes algériennes, offrent un panorama saisissant de l’ampleur du phénomène. « Le nombre d’articles retenus par les services des douanes pour suspicion de contrefaçon avait atteint les 394.929 produits en 2023, contre 687.363 en 2022 », a-t-il déclaré, soulignant une réduction significative qui pourrait traduire l’efficacité croissante des dispositifs de contrôle. La cartographie des produits contrefaits révèle des dynamiques économiques préoccupantes. « Le phénomène de la contrefaçon concernait en 2023, à hauteur de 50% les pièces de rechange et à 45% les produits cosmétiques, suivis par les articles de sport (3%) et les articles vestimentaires (2%) », a précisé M. Hennad. Cette segmentation met en lumière la diversité des secteurs impactés et la sophistication des réseaux de contrefaçon. Les origines géographiques de ces produits traduisent les enjeux du commerce international. Avec « 54,4 % provenant de Chine et 45,5 % des Émirats arabes unis », ces chiffres illustrent les défis posés par les chaînes logistiques mondiales et les difficultés de régulation des flux commerciaux internationaux. Le volet pharmaceutique constitue indubitablement le point focal le plus sensible. Nabil Menasria, représentant de l’Organisation mondiale de la santé en Algérie, a apporté des éclairages essentiels : « L’Algérie n’est pas encore touchée par le phénomène de la contrefaçon des médicaments », une affirmation rassurante qui contraste avec la réalité mondiale. « Le marché mondial des produits pharmaceutiques de qualité inférieure et contrefaits représente un montant de 30,5 milliards de dollars », principalement concentré dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Le dispositif national déployé depuis 2007 témoigne d’une stratégie systématique et méthodique. Avec « plus de 14,50 millions d’articles » saisis, les autorités algériennes démontrent une capacité opérationnelle significative. Les interventions s’articulent autour de modalités réglementaires précises, notamment « par requête et retenue des marchandises suspectées de contrefaçon ». Dans l’écosystème pharmaceutique, l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) joue un rôle de vigie essentiel. Abd El Kayoum Tahraoui, pharmacien spécialiste, a détaillé ses missions : « Attribution des agréments pour l’exercice de l’activité de fabrication et de commercialisation des médicaments, audit des laboratoires et établissements de qualité, ainsi que les opérations de contrôle sur le terrain ». Les chiffres relatifs aux interventions sont révélateurs de la mobilisation institutionnelle. Durant les neuf premiers mois de 2024, « 45 requêtes » ont été déposées par des opérateurs économiques, générant « 43 alertes ». Chaque demande fait l’objet d’un examen méticuleux auprès de l’Institut national algérien de propriété industrielle (INAPI). Depuis 2007, « près de 700 demandes d’intervention » ont été réceptionnées, avec « 551 alertes diffusées », traduisant une dynamique d’adaptation permanente face aux stratégies toujours plus sophistiquées des réseaux de contrefaçon. Le colloque a mis en lumière la nécessité d’une approche holistique. Les risques ne sont pas uniquement économiques mais profondément sanitaires. La contrefaçon, notamment dans le domaine pharmaceutique, représente une menace potentiellement mortelle, particulièrement avec la prolifération des ventes via les réseaux sociaux et les plateformes numériques.
Lyna Larbi