USA: Trump fait son retour à la Maison blanche
Donald Trump a fait son retour triomphal à la Maison Blanche hier, marquant un moment historique dans la politique américaine. Le républicain de 78 ans, devenu le président le plus âgé jamais investi aux États-Unis, a repris possession du Bureau ovale après avoir prêté serment sous la Rotonde du Capitole, une cérémonie exceptionnellement organisée en intérieur en raison des températures glaciales qui frappaient Washington.
La journée avait commencé par une visite de courtoisie hautement symbolique à la Maison Blanche, où Joe Biden l’a accueilli par un « Bienvenue à la maison » qui résonnait comme un écho à la singularité de ce retour au pouvoir, Trump étant le premier président depuis le XIXe siècle à revenir à la présidence après avoir perdu une élection. Accompagné de son épouse Melania, dont le visage était partiellement dissimulé par un chapeau, Trump a gravi les marches de la résidence présidentielle sous un soleil hivernal. Le couple Biden les attendait avec des sourires de circonstance, donnant à cette transition l’apparence de la normalité malgré les tensions sous-jacentes. Plus tôt dans la matinée, le futur 47e président des États-Unis avait assisté à un service religieux à l’église épiscopale St. John’s de Washington, entouré d’un aréopage impressionnant de patrons de la technologie. La présence remarquée d’Elon Musk, qui a investi plus de 250 millions de dollars dans la campagne de Trump, mais aussi de Mark Zuckerberg (Meta), Jeff Bezos (Amazon) et Tim Cook (Apple), témoignait du ralliement spectaculaire de la Silicon Valley au nouveau pouvoir. Cette investiture, qui intervient après une campagne marquée par deux tentatives d’assassinat et une condamnation pénale historique, s’est déroulée sous haute surveillance au Capitole, lieu symbolique de la démocratie américaine qui avait été pris d’assaut par des partisans de Trump le 6 janvier 2021. La vice-présidente sortante Kamala Harris, candidate malheureuse du parti démocrate à la présidentielle de novembre dernier, a accueilli son successeur J.D. Vance et son épouse Usha, qualifiant ce moment de « démocratie en action » face aux journalistes qui l’interrogeaient sur son état d’esprit.
Le nouveau président n’a pas attendu son investiture officielle pour annoncer une série de mesures radicales destinées à marquer une rupture nette avec l’administration Biden. Dès aujourd’hui, Trump doit signer une série de décrets, dont dix concernent spécifiquement la sécurité des frontières et l’immigration, sa priorité affichée. Parmi les mesures phares figure la déclaration de l’état d’urgence national à la frontière mexicaine, accompagnée du déploiement de troupes et du rétablissement de l’obligation pour les demandeurs d’asile d’attendre au Mexique leurs dates d’audience. Le programme présidentiel inclut également le rétablissement de la peine de mort fédérale, suspendue sous Biden, ainsi que des mesures comme l’exigence que les documents officiels reflètent le sexe biologique attribué à la naissance et la fin des initiatives de diversité au sein du gouvernement fédéral. « Une vague de changement déferle sur le pays », devait déclarer Trump dans son discours d’investiture, appelant à une « révolution du bon sens ». Dans les dernières heures de son mandat, Joe Biden a pris une décision spectaculaire en accordant des grâces préventives à plusieurs personnalités susceptibles selon lui d’être visées par des « poursuites judiciaires injustifiées et politiquement motivées ». Parmi les bénéficiaires figurent l’ancien chef d’état-major des armées Mark Milley, critique virulent de Trump, le Dr Anthony Fauci, architecte de la réponse américaine à la pandémie de Covid-19, ainsi que des élus ayant participé à la commission d’enquête sur l’assaut du Capitole. Fort de sa victoire au vote populaire face à Kamala Harris, avec plus de 2 millions de voix d’avance, et du contrôle républicain des deux chambres du Congrès, Trump dispose désormais d’une latitude considérable pour mettre en œuvre son programme. Son influence s’est déjà manifestée la semaine dernière avec l’annonce d’un cessez-le-feu dans la bande de Ghaza. Le président a également promis de mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine, bien que ses conseillers admettent qu’un accord de paix nécessiterait plusieurs mois de négociations.
Des milliers de partisans de Trump se sont rassemblés dans une immense salle de Washington pour célébrer le retour de leur champion, certains ayant patienté des heures pour y accéder. « Il aime l’Amérique et il est l’homme parfait pour ce job », déclarait Alexx Rouse, 32 ans, venue spécialement du Texas pour l’occasion. L’enthousiasme de ses supporters contraste avec les inquiétudes suscitées par ses promesses de « vengeance » envers ses adversaires politiques et ses projets internationaux controversés, comme la saisie du canal de Panama ou la prise de contrôle du Groenland, territoire danois. L’investiture de Donald Trump ouvre ainsi une nouvelle ère d’incertitudes pour la démocratie américaine et les relations internationales, alors que le nouveau président s’apprête à bouleverser en profondeur tant la politique intérieure que la position des États-Unis sur la scène mondiale.
Lyes Saïdi