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Décès de Sid Ahmed Ghozali à l’âge de 88 ans: Un patriote visionnaire s’en va

Dans la longue histoire de l’Algérie indépendante, certaines personnalités ont marqué de leur empreinte indélébile la construction et le développement de la nation. Sid Ahmed Ghozali, décédé ce mardi à l’âge de 88 ans, fait incontestablement partie de ces hommes d’État dont le parcours exceptionnel témoigne d’un engagement sans faille au service de son pays. Né en 1937 à Tighennif, dans la wilaya de Mascara, ce brillant ingénieur diplômé de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris a su mettre ses compétences techniques et sa vision stratégique au service du développement de l’Algérie post-indépendance. Son parcours professionnel, qui débute en 1962, illustre parfaitement la trajectoire d’un homme dévoué à la cause nationale. Un homme qui a été au cœur des grands défis post-indépendance en contribuant activement à l’organisation du secteur de l’énergie et des mines, mais aussi en apportant son expertise pour la résolution des grandes problématiques liées à la gestion des ressources en eau.

Nationalisation des hydrocarbures

Nommé initialement membre du conseil d’administration de l’organisme technique franco-algérien chargé de la mise en valeur des richesses du sous-sol saharien, il occupe rapidement des fonctions de conseiller pour les questions énergétiques au ministère de l’Économie. Sa carrière connaît une ascension remarquable lorsqu’il est nommé sous-secrétaire d’État aux Travaux publics en 1964, avant de prendre la direction des mines et des carburants au ministère de l’Énergie et des Mines. L’une des périodes les plus marquantes de sa carrière fut sans doute son mandat à la tête de la Sonatrach de 1966 à 1977, dont il a été le premier directeur général, et où il contribua significativement au développement du secteur des hydrocarbures, véritable pilier de l’économie algérienne.

Proche collaborateur du défunt président Houari Boumédiène et de l’ancien ministre de l’Industrie Belaid Abdesselam, Sid-Ahmed Ghozali était l’un des derniers témoins de la nationalisation des hydrocarbures le 24 février 1971, à laquelle il avait d’ailleurs participé. Sa disparition ce 4 février 2025 quelques jours avant la célébration de 54e anniversaire de cette nationale est le symbole de toute une époque.  Sa compétence et son expertise le conduisent naturellement à occuper successivement les postes de ministre de l’Énergie et des Industries pétrochimiques, puis de l’Hydraulique, démontrant sa capacité à gérer des secteurs stratégiques pour le développement du pays. Sa carrière prend un tournant diplomatique en 1984 lorsqu’il est nommé ambassadeur à Bruxelles, représentant l’Algérie auprès du Benelux et de la Communauté économique européenne, fonction qu’il assume avec brio jusqu’en 1988.

Premières élections pluralistes

 Son retour aux affaires nationales se fait dans un contexte particulier de l’histoire nationale marqué par l’importantes perturbations sur fond de crise économique. Ce retour se fait par le biais du ministère des Finances, puis celui des Affaires étrangères, avant d’accéder à la fonction de chef du gouvernement en juin 1991, succédant à Mouloud Hamrouche. Cette période cruciale de l’histoire algérienne le voit organiser les premières élections législatives pluralistes et gérer des moments particulièrement délicats de la vie politique nationale, notamment l’interruption du processus électoral de 1991. Après avoir servi comme ambassadeur à Paris de 1992 à 1994, il maintient son engagement politique en se présentant aux élections présidentielles de 1999 et 2004, témoignant de sa volonté constante de contribuer à la vie publique de son pays. Il ne cessera d’ailleurs de contribuer la vie publique et de partager son expérience et son vécu avec les jeunes générations. Sa dernière intervention publique remonte d’ailleurs au 22 février 2024 au Forum El Moudjahid où il a évoqué son expérience de la nationalisation des hydrocarbures, et donné son opinion, toujours sans concessions, sur les grandes questions nationales et internationales contemporaines. Le décès de Sid Ahmed Ghozali a suscité de nombreuses réactions, notamment celle du Président Tebboune qui a rendu un vibrant hommage à cette figure nationale, soulignant sa contribution majeure au développement du pays et son rôle de témoin privilégié d’une période charnière de l’histoire algérienne. Dans son message de condoléances, le Président a particulièrement mis en exergue les qualités de ce serviteur de l’État, rappelant son parcours exemplaire et ses compétences reconnues qui ont fait de lui une personnalité respectée sur la scène politique nationale. La disparition de Sid Ahmed Ghozali marque la fin d’une époque et rappelle le rôle crucial joué par ces bâtisseurs de l’Algérie post-indépendance qui, par leur vision et leur engagement, ont contribué à façonner l’histoire contemporaine du pays. Son héritage restera celui d’un homme d’État intègre, dont le parcours exemplaire continuera d’inspirer les générations futures.

Hocine Fadheli

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